dimanche 18 octobre 2009

Escale de l'OSIRIS à Crozet


L'Osiris au large de La Posséssion
Lundi 28 septembre, un mois, jour pour jour, après son arrivée à Crozet, la mission 47 reçoit sa première visite.

Cette visite surprise lui est rendue par un habitué des mers australes, le navire OSIRIS, patrouilleur de contrôle des pêches,. Son commandant, le capitaine P.Y GUILCHER est rompu aux séjours austraux mais pour certains des membres de son équipage, cette escale est une grande première.

La venue de l'OSIRIS est toujours une surprise. Tout d'abord, au regard de sa mission de lutte contre la pêche illégale, ses dates de campagnes sont tenues secrètes. Même pour les districts austraux qui ont plaisir à l'accueillir chaque fois que c'est possible, l'information est rare. Cette fois ci l'information définitive de son passage à Crozet nous est parvenue huit jours avant son départ de la Réunion. En théorie il lui faut environ 8 jours pour atteindre Crozet. En réalité, l'OSIRIS avance à une moyenne de 5 à 6 nœuds et ne connait pas sa route de navigation a l'avance. Celle-ci lui est fixée quotidiennement par le Centre Régional Opérationnel de surveillance et de sauvetage de la Réunion (Le CROSSRU). Elle dépend de l'identification de navire suspect dans sa zone de campagne.

Uniforme Police des pêches

La présence de navires suspects est détectée par un système de radars satellite. L'analyse des images radars reçus par le CROSS lui permet de déterminer avec quelle probabilité il peut s'agir d'un navire de pêche illégal. Si la probabilité est forte et si le navire ne répond pas correctement aux messages qui lui sont adressés alors sa position est transmise aux bâtiments de contrôles présents sur zone pour qu'ils puissent constater l'infraction ou intervenir. Sur son trajet en direction de Crozet, l'OSIRIS a été dérouté par le CROSS pour vérifier la présence d'un navire suspect. Finalement le contrôle effectif du navire a été transféré à un bâtiment de la marine nationale et l'équipage de l'OSIRIS a pu reprendre sa route initiale.

La date de passage des navires sur les districts dépend des ordres de route qu'ils reçoivent mais aussi des conditions climatiques qu'ils rencontrent. Autour des 40 ème, ces conditions sont souvent difficiles. Cette fois ci, l'OSIRIS à rencontré des conditions météorologiques particulièrement sévères. Tous ces éléments ont ralenti sa progression et décalé son arrivée de près de 8 jours. Initialement attendu autour du 22 septembre le navire n'est finalement arrivé en face de l'ile de La Possession que le 27.

A son arrivée, le vent souffle à une moyenne de 25-30 nœuds, la mer est forte à très forte et couverte d'écume. L'anémomètre présent sur base affiche des rafales à 72 km. Dans ces conditions, il est impossible de s'aventurer au mouillage. Le capitaine prend donc le parti de s'abriter sous l'Ile de Est et d'y faire l'hippodrome, autrement dit: des ronds dans l'eau. L'escale est reportée au lendemain.

Lundi 28 septembre au matin, la mer est calme et le temps clément. Vers 08H00 L'OSIRIS se présente devant l'ile de La Possession et la décision est prise de procéder au mouillage. A 09H30 le canot de la police des pêches est à l'eau avec 5 personnes à bord : le commandant en second, 2 agents de la gendarmerie maritime, un mécano et Antoine DERVAUX, un nouveau passager pour la 47ème mission de Crozet. Antoine est employé pour 3 mois par la Réserve Naturelle des TAAF, il a pour mission d'enrichir les données photographiques sur les groupes d'orques qui fréquentent l'ile de La Possession. Il arrive tout spécialement pour le début de la saison des orques et repartira lors de la prochaine rotation du Marion Dufresne, en Novembre.

L'osiris au Mouillage devant la Baie du Marin


Arrivée des membres de l'équipage.


Pour les 4 autres équipiers de l'OSIRIS, l'escale sera plus courte et ne va durer qu'une journée.
Aucun d'entre eux n'est jamais venu à Crozet et tous vivent ce débarquement comme un grand moment. Les gendarmes maritimes sont nommés à chaque campagne. Pour eux, l'expérience est encore plus intense, il s'agit de leur premier voyage dans les terres australes. L'un d'entre eux postule depuis 6 ans pour participer aux campagnes de l'OSIRIS. La participation à cette campagne et le débarquement à la plage au milieu des manchots est le fruit d'une longue attente et la réalisation d'un rêve. L’'autre gendarme maritime de cette campagne a eu plus de chance, il a été pris dés sa première candidature. Cependant pour lui comme pour les autres ce débarquement est une première.

Aussitôt débarqués sur l'île, l'équipe de l'OSIRIS est prise en charge par un petit comité d'accueil qui lui présente les lieux et les conduites à tenir à l'égard du milieu et des animaux. A cette époque la plage est encore relativement peu fréquentée. Les manchots royaux reviennent tout juste de leurs voyages en mer et sont encore peu nombreux. Il est donc possible de se promener sur la plage sans trop les géner. Dans plusieurs mois ils seront près de 22000 couples reproducteurs. Dés lors, l'accès à la plage sera strictement délimité et il ne sera plus question de s’y aventurer sans raison scientifique.

Comité d'accueil



Adjoint au chef de district et commandant en second de l'Osiris


Manchots royaux à la plage de la Baie du Marin


Membres équipage Osiris


Femelle éléphant de mer


Gérant postal, membres équipage Osiris et chef de district


Passé les photos de rigueur, celles des manchots royaux et de leur poussin tout duveteux et celles des éléphants de mer récemment installés sur la plage, l'équipe de l'OSIRIS est conduite sur base pour un café chaud et un mot d'acceuil. Ce transit rapide (1,4km, soit moins de 5 minutes en voiture) est l'occasion pour eux de prendre de la hauteur et de partager la vue imprenable des habitants de Crozet sur l'ile de l'est, qui la veille, les a abrité des vents du nord. Ce passage sur base est l'occasion de visiter les lieux et aussi de faire quelques emplettes. Les deux sites les plus prisés des visiteurs sont la Coop et la GP.

La coopérative (Coop) est LE magasin de Crozet. On peut y trouver tout ce qui est nécessaire à la vie sur base, et quelques souvenirs des terres australes. Littérature, habillement, produits d'hygiène, boissons, friandises... La quantité de produits disponible se limite à l'équivalent d'un ou deux rayons de supérette en métropole mais on y trouve l'essentiel. La Coopérative est tenue par Lionel DESRUMEAUX, le chef Appro (Approvisionnement). Lionel est responsable de la gestion du stock de la Coop mais également de la réalisation de toutes les commandes d'approvisionnement de la base. Le début du mois d'octobre est une période chargé pour lui. Il doit impérativement boucler la totalité des commandes que nous recevrons en novembre, par le prochain bateau.


Emplettes à la Coop


Emplettes à la Coop



La gérance postale (GP) est LE bureau de poste de Crozet. Elle permet de trouver la dernière collection des timbres TAAF mais également tous les autres accessoires chers aux visiteurs et aux philatélistes: cartes postales, gravures de timbres, carnets de voyages...
Le bureau de poste et télécommunication est tenu par Bruno JEAN, le gérant postal. Il est responsable de toutes les communications extérieures et de tous les courriers entrants et sortant de C
rozet, il veille à satisfaire les très nombreuses demandes des philatélistes passionnés des TAAF.

Pour la venue de l'OSIRIS, Bruno a préparé des plis spéciaux avec la photo du navire, les principaux tampons philatéliques de la mission et un timbre représentatif de Crozet oblitéré à la date du jour, soit le 28/09/09.
Pour que ces plis soient complets et qu'ils prennent toutes leur valeur, il ne reste plus qu'à y apposer le tampon du bateau, celui du capîtaine et enfin celui de la mission de l'OSIRIS.
Ces plis sont la marque spéciale du passage du navire sur Crozet et l'évènement est suffisamment rare pourqu'ils soient prisés des philatélistes et autres collectionneurs passionnés.
Finalement le commandant du bateau n'étant pas descendu à terre ces plis seront signés de la main du commandant en second.

Accueil du gérant postal


Plis spéciaux Osiris


A 12H30 l'équipe du navire est accueillie dans la salle de vie commune (la"vie com") pour un apéritif et un repas de bienvenue. Ce moment partagé est une opportunité pour l'équipage de partager la vie de la mission et pour nous, l'occassion de mieux comprendre comment se déroulent les campagnes de contrôle de pêche.

Déjeuné en "vie com"


L'après midi la météo étant particulièrement favorable, l'équipage de l'Osiris à la possibilité de redescendre à la plage via le Bolard. Cette zone qui s'étend au dessous de la base en direction de la côte Est,est habité par les grands albatros et une colonie de manchots papou. Son accès est très règlementé. Sous l'égide de l'équipe scientifique. les membres de l'Osiris ont la chance de la découvrir et d'observer les poussins albatros de près de 7 mois encore sur leur nid. Régulièrement nourri par leurs parents, a ce stade, ils sont presque aussi gros que les adultes. Dans deux mois, ils partiront pour leur premier vol et ne reviendrons plus avant 5 à 10 ans. Observer ces poussins devenus gros comme des jarres et les voir avec leurs derniers duvets est un luxe dont chacun profite avec attention.

Descente accompagnée au Bolard


Poussin albatros


Poussin albatros


Manchots royaux à la plage de la baie du Marin


Toilette d'un manchot royal


Très rapidement la journée s'avance et toute l'équipe de l'OSIRIS se retrouve sur la plage prête à réembarquer. C'est le moment choisi pour transmettre au commandant et a tout l'équipage des souvenirs de leur passage à Crozet. La carte de l'ile, signée par tous les membres de la 47eme mission et du pain frais confectionné avec soin par notre chef cuisinier.

Remise des présents de la Mission 47


L'heure est maintenant au départ.


Paré au départ


Fin d'escale


Cette escale comme toutes les escales à Crozet aura été courte. Elle nous aura permis d'accueillir Antoine, un nouveau passager, de réceptionner 85 kg de produits frais envoyés par le siège des TAAF, et puis de partager le temps d'une journée la chance de séjourner ici.




LE CONTRÔLE DES PÊCHES DANS LES TAAF.

L'Osiris est un navire d'Etat. Sa mission principale est de lutter contre la pêche illégale dans le sud de l'océan indien et plus particulière dans les Zones Économiques Exclusives (ZEE) Françaises qui s'y trouvent. Pour réaliser cette mission, il sillonne la zone en moyenne 150 jours par an.


OSIRIS est le nom d'un dieu égyptien assassiné, dépouillé, puis réincarné sous une forme supérieure à son état originel. A l'image de ce dieu, l'OSIRIS est le nouveau nom donné à l'ex LINCE, un palangrier congélateur seychellois arraisonné pour action de pêche illégale en janvier 2003. Au terme d'une longue procédure juridique ce navire a été saisi puis est venu compléter le dispositif de surveillance des pêches mis en place par la France dans les Zones Économiques Exclusives ZEE des terres australes.


Celles-ci couvrent une superficie de 2,2 millions de km2, soit la deuxième zone maritime de France. Leur superficie, leur isolement (12000 Km de la métropole et 3000 km de la Réunion) et leur richesse en ressources halieutiques en font des sites très convoitées et difficilement contrôlables. La ressource la plus prisée de ces zones économiques est la légine australe, un poisson de grands fonds à chaire grasse très prisée au japon et aux Etats Unis. La lutte conduite depuis plus de 10 ans contre la pêche illicite non réglementée et non contrôlée (INN) dans les ZEE de Kerguelen et Crozet repose sur des moyens associant une double approche maritime et spaciale
.

L'OSIRIS est un des éléments de la composante maritime. Il navigue sous le contrôle opérationnel des affaires maritime et ses routes d'intervention lui sont délivrées directement par le Centre Régional Opérationnel de surveillance et de sauvetage de la Réunion (Le CROSSRU). Les autres éléments de la composante maritime sont placés sous le contrôle de la marine nationale. Pour la zone sud de l'océan indien, celle-ci possède deux frégates de surveillances équipées de moyens héliportés (le NIVOSE et le FLOREAL) et un patrouilleur austral (l'ALBATROS). Ces bâtiments militaires patrouillent environ 250 jours par an.

Au total l'ensemble des moyens maritimes cumulent 400 jours de mission par ans, théoriquement cela permet d'avoir au moins un bateau sur zone en permanence. En réalité le développement de la piraterie au large de la Somalie oblige la marine nationale à une redistribution de ses moyens au nord du canal du Mozambique. Ce positionnement s'effectue au détriment du contrôle des mers du sud.


La composante spatiale de lutte contre la pêche illicite repose sur un système de surveillance radar par satellite. Ce système permet de détecter tous les navires présents dans les ZEE de Kerguelen et de Crozet. Les navires autorisés à pécher déclarent leur position en permanence. Par déduction tous les autres navires de pêches identifiés sur zone sont illégaux. Quand leur position est identifiée elle est transmise aux bâtiments de contrôle afin qu'il puisse constater l'infraction et intervenir.


Cette zone maritime présente la particularité d'être également sillonné par des icebergs.
Pour faire le distinguo entre la présence de navire et celle d'iceberg, le CROSSRU possède des compétences très spécifiques d'interprétation d'image. Ces compétences ajoutées à des grilles d'analyse lui permettent d'évaluer assez précisément la probabilité d'identification d'un navire illégal.

De 1997 à 2005, vingt trois navire de pêche illicite ont été détectés, arraisonnés, puis déroutés vers la réunion pour être enfin confisqués sur décision de justice. Ces arraisonnements ont portés préjudice à ceux qui exploitent la légine sans autorisation. Depuis 2001, la baisse des identifications et interceptions témoigne d'une forte diminution du braconnage. Pour autant la pêche illicite n'est pas totalement éradiquée. Plusieurs navires sont régulièrement observés en pêche aux bords des Zones Économiques Exclusives françaises.


lundi 28 septembre 2009

Installation de la 47eme mission a Crozet et conditions de vie

Le départ du Marion Dufresne et les coups de sirènes qui l'accompagne marquent un passage important. Désormais l'équipe présente sur l'île se trouve entièrement livrée à elle même.


La nouvelle mission compte 23 personnes. Les deux tiers de l'équipe, le chef de district et l'ensemble de la relève logistique viennent d'arriver. Ces personnes doivent rapidement prendre possession de leurs fonctions respectives. Les huit personnes restantes, le médecin et l'équipe scientifique, sont arrivées à Crozet en novembre ou décembre dernier. Elles connaissent bien le fonctionnement des lieux et possèdent désormais un rôle essentiel de mémoire et de témoin pour la continuité de la vie sur base.


La base Alfred Faure est située en amont de la baie des marins, à environ 140m d'altitude et à environ 1,4km de la plage. Elle est adossée au Mont Branca (383m) et fait face à l'ile de l'Est. La base compte 27 bâtiments dont 5 lieux de résidence elle couvre une surface totale d'environ 4ha (200 mètres de côté).

Sur base tous les bâtiment ont le dos tournés aux vents d'ouest dominants et font face à la mer. Du coup la plupart des résidents possèdent une chambre avec vue sur l'océan et l'ile de l’Est. Un luxe que chacun découvre avec le plus grand plaisir.






On entend ici et là que l'ile de l'Est constitue un élément important du bien être et de l'équilibre psychologique des hivernants de Crozet. Cela n'a jamais été démontré scientifiquement mais chacun s'accorde aisément à le penser.

Immobile et mystérieuse aux falaises abruptes plongeant tout droit au milieu de l'océan, celle-ci ne présente jamais deux fois le même visage. Ses vues sont innombrables et différentes a chaque instant quelque soit l'heure de la journée. Un mystère et un plaisir pour chacun.





L'organisation de la vie sur base débute par l'affectation des lieux de résidence. Chaque nouvel arrivant commence par intégrer son logement. Chacun dispose d'une chambre individuelle avec un lit simple, un bureau, des espaces de rangement et une salle de bain privative. Les chambres sont propres, plutôt spacieuses (15 à 25 m2) et relativement confortables.

Elles constituent pour chacun un précieux espace d'intimité




Les logements sur la base de Crozet ont longtemps étés attenants aux ateliers et autres lieux de travail du personnel. Ils étaient ainsi disséminés à différents points de la base. Désormais, pour des questions d'organisation et d'économies d'énergies cet éparpillement est révolu. Mises à part quelques fonctions spécifiques, (le chef de district, son adjoint, le médecin, et le responsable radio communication) tous les autres membres de l'équipe sont regroupés dans deux bâtiments de logement (Le Francès et l'Albatros). Le Frances réuni en majorité du personnel logistique d'origine militaire et l'Albatros en majorité des scientifiques ce qui explique peut être l'origine de leur nom. Pour autant cela ne constitue pas une règle et la tendance est désormais au mélange des personnes et des fonctions. Cette tendance se révèle d'ailleurs très profitable à l'émergence et au renforcement de la cohésion d'équipe.




Les résidents disposent de quelques jours pour choisir définitivement leur chambre et l'adopter. Une fois les affectations de chambre définies, chacun peu enfin commencer à investir son futur lieux de vie et en profiter pour ouvrir ses cantines. Chaque hivernant dispose de 130kg de fret personnel. Ces effets réunis dans une ou deux cantines selon les cas rassemblent tout ce que chacun aura jugé le plus essentiel à son séjour dans les terres australes. Le contenu de ces malles est souvent le résultat de plusieurs coups de fils, d'une réflexion personnelle et de choix plus ou moins sélectif. Une fois sur place, ouvrir et vider ces cantines est déjà l'occasion d'une première confrontation entre le rêve et la réalité.



L'affectation des chambres permet la réalisation du plan d'hébergement puis la diffusion de l'annuaire Crozetien. Ces documents sont des éléments de sécurité important. En cas d'incident ils permettent de joindre rapidement chacun des membres de l'équipe présents sur base. Chaque chambre et chaque bâtiment dispose d'un téléphone. Au début, cela surprend un peu. Isolés sur une ile perdue au milieu de l'océan Austral on ne se s'attend pas forcément à trouver le téléphone dans chaque pièce. En définitive cela évite de courir partout et tout le monde s'y fait très vite.


Après le logement le second point clef de l'organisation de la vie sur base est l'alimentation et le déroulement des repas.

Toute l'alimentation consommée sur place est acheminée par bateau. Cette situation repose essentiellement sur deux éléments:

Tout d'abord les îles Crozet sont d'origine Océano volcaniques. Leur sol est naturellement pauvre et ne permet pas de développer une agriculture très productive.

D'autre part, elles abritent des espèces faunistiques et floristiques exceptionnelles dont certaines sont rares et menacées. Toute perspective de production ou d'élevage est de nature à mettre en péril la survie de ces espèces.

Pour préserver le milieu et éviter ce risque, l'administration des TAAF et les autorités de la réserve naturelles ont fait le choix de réduire toutes les initiatives de production à zéro.

A Crozet cela s'est traduit par la fermeture d'une serre de production de légume, ailleurs cela consiste dans la suppression de cheptel.




Les passages du navire ravitailleur (3 à 4 fois par ans) permettent aux résident de profiter de fruits et légumes frais pendant quelques semaines. Ensuite toute l'alimentation consommée est de moyenne ou longue conservation. Au quotidien, cette situation oblige les cuisiniers à faire preuve de beaucoup d'imagination et de talent, ce qui est le cas.


A Crozet tous les repas sont pris à « l'Etoile Australe » la salle de restaurant du bâtiment de vie commune « la vie Com ». Le déjeuné est librement accessible depuis l'aube jusqu'à 9H30, le repas du midi est à 12H30 et celui du soir à 19H30 (20H00 le vendredi). Seules les personnes parties en « manip » (sorties scientifiques ou loisirs hors base) sont absentes aux repas. Ce système a priori rigide a début, facilite l'organisation des repas, évite les gaspillages et surtout permet de faire des repas, un lieu d'échange ou tout le monde est présent.

C'est aussi un moment privilégié pour transmettre des informations communiquer les nouvelles du jour, proposer une initiative ou faire une observation. Les messages appelés « petites com » se déroulent toujours selon le même rituel, la personne désirant s'exprimer se lève, prend un couvert et le frappe sur le haut de son verre vide. Tout le monde autour de la table l’écoute, la personne passe son message et remercie l'assemblée. Le repas peu commencer ou reprendre son cours.

Les « petites com » sont fréquentes elles annoncent, l'affichage d'un document nouveau, la date du prochain exercice « sécu », la possibilité de participer à une « manip scientifique », l'arrivée d'un navire visiteur, l'organisation d'une soirée particulière, un rappel a l'ordre pour le tri sélectif ou le nettoyage des filtres de lave linges, bref tout ce qui concerne le quotidien de l'équipe sans justifier de procédure d'information trop formelle.



Le bar de Crozet, « le CRONIBAR » (il fallait y penser), se trouve également dans « la vie com » (le bâtiment de vie commune). Il est ouvert tous les soirs de la semaine de 19H00 à 19H30 et de 20H30 a 21H30, le vendredi jusq'uà 01H00 du matin. Il est placé sous la responsabilité d'un des membres de l'équipe et fonctionne sur la base du volontariat. Chacun y a sa carte. C'est gratuit pour les jus de fruits, une croix pour le vin et la bière deux croix pour les apéritifs et les digestifs. Le paiement des consommations se fait à « la coop » (la coopérative) en fin de mois.

Toutes les activités loisirs de la base (bibliothèques, cinéma, station photo, salle de musculation. salle de musique, radio émission, anniversaires...) fonctionnent sur le même principe: un responsable assisté d'une ou plusieurs autres personnes, tous bénévole.



Parmi ces activités le cinéma de Crozet imaginé et aménagée par la mission 43 attire une attention toute particulière. Situé au sous sol de « la vie com », « CINECRO », est une authentique salle de cinéma de 26 places avec un projecteur tout neuf, des enceintes Pioneer deux fois 100 watt et près de 800 films a disposition. Un véritable petit paradis pour les cinéphiles.


Les loisirs, les repas et le confort des installations sur base ont beaucoup évolué. Ils sont sans comparaison avec ceux que les premiers hivernants ont connus au début de la présence française dans les terres australes. Pour s'en rappeler, il suffit de regarder les premières photos de missions (en noir et blanc) accrochées aux murs, ici et là. Les nouvelles conditions de vie dépassent souvent les attentes des résidents. Pour autant elles ne constituent pas un luxe et restent très limitées comparées aux possibilités qu’offre une vie normale en métropole ou ailleurs. Elles facilitent la présence et le travail des missions successives mais n'enlève rien à l'engagement de chacun et aux sacrifices souvent consentis pour parvenir jusqu'ici.


mardi 8 septembre 2009

OP2 à Crozet : deuxième opération de ravitaillement de l’année

Le nouveau Chef de District et la relève des personnels logistiques en charge du fonctionnement et de la sécurité de la base Alfred Faure, sont arrivés sur l’île de la possession à Crozet.


Les iles subantarctiques françaises ne sont accessibles que par voie maritime. Elles sont traditionnellement ravitaillées quatre fois par an, via le Marion Dufresne, le navire ravitailleur des TAAF.


Le Marion Dufresne est à la fois:


- un paquebot qui sert au transport de personnel des bases et des visiteurs;

- un cargo d'une capacité de 5600 M3, chargeant des conteneurs et des colis lourds et possédant deux grues jumelables de 25 tonnes et deux autres grues de service;

- un pétrolier transportant du carburant pour les bases;

- un porte-hélicoptère;

- un navire de recherche équipé de 650m2 de laboratoires, avec plusieurs systèmes de treuillage et portiques pour la manipulation d'engins et matériels lourds, un sondeur multifaisceaux et enfin un carottier sédimentaire géant.


De par ces caractéristiques le Marion Dufresne constitue le cordon ombilical des iles subantarctiques françaises. Chaque rotation dure environ 1 mois. Crozet située à 2860 km au sud de la réunion est la première des trois iles australes françaises desservie par le passage du Marion.





Entre le 38ème et le 40ème parallèle, cette traversée à été marquée par le passage d'une importante dépression En une journée barographe est rapidement descendu de 1025 à 1005 hecto-pascale. En mer cela s'est traduit par des vents de 45-50 nœuds de la pluie forte et des creux de 6 à 8 mètres: assez pour fermer tous les accès extérieurs, remuer la vaisselle et barbouiller l’estomac.






Paradoxalement, passé les 40eme rugissant, la dépression s'en ai allé aussi rapidement qu'elle est venue et le Marion a pu reprendre sa vitesse de croisière normale 15-17 nœuds. Le Marion Dufresne est arrivé au mouillage à Crozet, dans la baie du Marin, vendredi 28 Aout vers 6H00 du matin.






Les opérations maritimes se préparent longtemps à l’avance, aussi bien depuis le siège des TAAF à Saint Pierre de la Réunion que depuis les bases elles mêmes. Pour autant une fois engagées, elles sont rapides et denses. La durée des opérations est calculée au plus juste pour effectuer le transfert des passagers, le déchargement du matériel et les passations de consignes.

Les principales contraintes qui pèsent sur le cours de ces opérations maritimes et aéroportées sont d'ordre météorologique. Par chance, cette fois, nous avons bénéficié d'un créneau exceptionnel. Température de 5 à 10 degré, pas de précipitation, moins de 10 nœuds de vent, et grand beau pendant près de 3 jours. De mémoire de Crozetien peu se souviennent avoir rencontrés pareil conditions pendant toute la durée d'une OP.







L’OP2, la seconde opération de ravitaillement de l’année, représente un moment important de la vie des bases situées dans les Terres Australes et Antarctiques Française (TAAF).

Au-delà de l'arrivée du courrier et du ravitaillement en vivre, en combustible et en matériel, cette rotation porte la relève des chefs de district et des personnels logistiques des trois iles subantarctiques de Crozet, Kerguelen et Amsterdam - St Paul. Cette relève met fin à l'hivernage et s'accompagne du changement de numéro des missions. Les prises de fonctions qui se sont déroulées sur la base Alfred Faure pendant cette rotation ont donc marquée la fin de la 46ème et le début de la 47eme mission. Les un et les autres ont pu interpréter la clémence du ciel à la fois comme un cadeau d'adieu et un message de bienvenue.


La cérémonie officielle de passation des pouvoirs entre Patrick HAON, l'ancien chef de district et Sylvain DUVACHER son successeur à eu lieu le vendredi 28 aout au soir. Elle s'est tenue en présence des deux équipes réunies et sous l'autorité bienveillante de M. Serge GOUES Secrétaire Générale des Terres Australes. Cette cérémonie a donnée lieu à la passation symbolique de l'écharpe de premier représentant du district et de la clef de l'archipel. Elle s'est déroulée dans les meilleures conditions et s'est révélée à la fois chaleureuse et solennelle. M. Serge GOUES en mission au nom du préfet des TAAF, M. Rollon MOUCHEL-BLAISOT à exprimé ses meilleurs sentiments pour le succès de la mission 46.


Les opérations logistiques, placées sous la direction de Patrice RANOU, l'OPEA (Chef des opérations à bord du Marion) ont également atteints tous les objectifs fixés:

- le transfert sur base de plus de 22 tonnes de matériel, et 145 m3 de Gasoil;

- la conduite de plusieurs missions d'installation et de réparation d'équipement;

- le ravitaillement de la base en vivre et en produits frais (fruits et légumes, salades);

- et puis le rapatriement sur le Marion de près de 10 tonnes de déchets

(déchets anciens et courants désormais triés sur base).






Les passations de consignes entre les deux équipes logistiques se sont prolongées pendant toutes la durée de ces opérations et ont pris fin le dimanche 30 aout vers 16H00 avec les au-revoir émus des partants de la 46 et le dernier vol d'hélico.

Vers 18H00, les passagers du Marion ont repris la mer en direction de Kerguelen et les nouveaux « passagers du vents » de Crozet ont commencés leur premier pas au sein de la 47eme mission. Auparavant, le vrai temps de Crozet avait déjà repris ses droits et les traditionnels échanges de sirène entre le Marion et la base se sont fait à l'aveugle, dans le brouillard le plus complet.





Sylvain DUVACHER

Chef du District de Crozet