samedi 3 avril 2010

Risques de catastrophes

Approvisionnement gasoil à Crozet

La prévention des risques liés aux catastrophes fait également partie des consignes en vigueur sur le district. Les mesures prévues à ce niveau portent essentiellement sur trois points : alerte cyclonique, alerte tsunami et pollution.


Le risque de pollution peut provenir des installations du district mais également de l’extérieur. Le principal danger interne concerne l’approvisionnement et le stockage du gasoil. En effet, le district possède deux principaux lieux de stockage, l’un sur la plage (avec 6 cuves de 55 m3) et le second sur base (avec 3 cuves de 50m3 et 1 cuve de 5 m3). Afin de prévenir tout risque de fuite toutes ces installations sont sécurisées par des bacs de rétention. Les phases de ravitaillement et de transfert du gasoil depuis le Marion Dufresne vers ces sites sont des opérations très bien maîtrisées mais toujours sensibles, selon la météo en cours.


Installation de la manche a gasoil

du Marion Dufresne vers la plage


Port pétrolier de la Baie du Marin


Le risque d’une pollution aux hydrocarbures par un autre navire est plus rare. Les navires qui croisent dans la zone ne sont pas nombreux et ceux présents sont généralement respectueux des consignes en vigueur dans ce domaine. Pour autant, compte tenu de l’ensemble de ces menaces, le district possède un plan POLMAR, qui détaille les actions à conduire en cas de sinistre et recense les moyens d’actions disponibles sur base.


L’alerte tsunami est un risque potentiel. L’archipel est situé à 3000 km de tout autre continent mais il n’est pas a l’abri des répercutions d’un séisme sous marin plus au nord est de l’océan indien, où se situe la principale zone de risque. Le tsunami qui a touché le sud est asiatique le 25 décembre 2004 a couvert plus de 2200 km en trois heures. Ses répercussions ont été ressenties jusque sur les côtes d’Afrique de l’est, à plus de 6000 km de l’épicentre. A Crozet, la montée des eaux a été de plus d’un mètre. Dans la baie du marin où les fonds remontent brutalement, cette vague a eu des conséquences désastreuses sur la colonie de la grande manchotière, provoquant des pertes considérables parmi les œufs en cours de couvaison et les jeunes poussins.


Réaction des manchots à la montée des eaux

Tsunami décembre 2004


Montées des eaux en Baie du Marin

Tsunami décembre 2004


Pertes importantes d'œufs et de poussins

Tsunami décembre 2004


Prédation des shkuas sur les œufs abandonnés

Tsunami décembre 2004


Prédation des pétrels sur les poussins

Tsunami décembre 2004


Depuis cet évènement, un système de surveillance est en cours dans l’océan indien. Les TAAF sont intégrés à ce réseau d’alerte via le marégraphe et le sismographe de Crozet et ont mis en place un plan tsunami pour les districts austraux. Le 14 octobre dernier un exercice grandeur nature baptisé Iowave 09 (Indian Ocean wave exercice 2009) a été déclenché pour l’ensemble des pays riverains de l’Océan indien. Le district de Crozet y a été associé. A 01h28 GMT, le Centre National d’Alerte aux Tsunamis dans l’Océan Indien (CNATOI) basé au centre Météo France de la Réunion, informe les TAAF de l’existence d’un séisme de magnitude 9,2 au nord de Sumatra. Jean Luc Moskalik, l’adjoint au chef de district, de permanence sur base à ce moment, assure le déroulement de l’exercice et relais toutes les informations relatives au suivi du plan. 10H30 alerte niveau 3, 11H30 passage au niveau 4 : diffusion générale par la sirène, rassemblement du personnel sur base, mobilisation de l’équipe d’intervention, isolation des installations à la plage … 14H30 arrivée de la fausse vague, 15H15 fin de l’exercice !


Remise en service du Marégraphe par l'équipe logistique IPEV

Campagne d'été 2009 - 2010


Les données enregistrées par le sismographe tridimensionnel de Crozet sont en revanche bien réelles. Le séisme de magnitude 8,8 enregistrée le 27/02/2010 au Chili a été enregistré dans ses moindres détails à Crozet. Situé à l’ouest du continent américain et a plus de 9000 km de Crozet ce séisme s’est révélé sans conséquence pour les iles de l’océan austral et aucune alerte au tsunami n’a été déclenchée. Pour autant les données enregistrées ici ont bien confirmée l’ampleur et la localisation du phénomène. La localisation des séismes se fait par triangulation or l’océan australe compte peu de terres émergées, les données enregistrées sur Crozet sont donc précieuses pour affiner les mailles du réseau dans l’hémisphère sud. Celles ci sont collectées par l’Institut de Physique du Globe de Strasbourg et envoyées à la demande au Réseau National de Surveillance Sismiques (ReNaSS) puis si besoin à l’observatoire GEOSCOPE. La station sismologique de Crozet ; ouverte en 1986 compte parmi les 30 stations mondiales du réseau international de surveillance sismique GEOSCOPE.


Camille VIOT

VCAT en charge du programme sismologie


Relevés sismiques de Crozet

Seisme du 27/02/10 au chili


Sismographe tri-dimensionnel large bande

Est - Ouest et Z


Sismographe de courte période


L’alerte cyclonique semble la moins probable. Selon les informations du Centre Météo France des Cyclones tropicaux de la Réunion, les districts Austraux sont trop au sud pour se trouver au plus fort de la trajectoire d’un cyclone. La plupart des cyclones enregistrés dans l’océan indien (neuf en moyenne chaque saison) atteignent leur maximum d’intensité entre 15 et 20° Sud et s’estompent autour de 25° sud. Le principal risque pour les districts est d’être touché par la queue d’un cyclone. Ce fut le cas à Crozet le 13/02/07 avec l’enregistrement d’une dépression de 985 hPa en signe de passage de la fin du cyclone Dora.


Tracé du cyclone Dora

Février 2007


Pour ce risque, les districts disposent tous de Consignes d’Alerte Cyclonique classées selon trois niveaux d’alerte : vigilance cyclonique, alerte orange, et alerte rouge. C’est le siège des TAAF à la Réunion qui, après information auprès de Météo France, donne le stade d’alerte approprié. Le 19 février dernier - au cœur de la saison cyclonique - nous avons ainsi reçu une pré-alerte annonçant l’existence d’un cyclone tropical intense baptisé GELANE et situé à environ de 800 km au nord est de la Réunion. Ce cyclone se trouvait à la même longitude que Crozet (61° sud) et descendait plein sud mais il s’est finalement transformé en perturbation tropicale à l’est de l’île Maurice.


Au final ces risques de catastrophe restent faibles. Il convient de les avoir en tête, mais aucun d’entre eux n’est assez peignant pour retirer à Crozet son caractère profond de terre sauvage, isolé des affres du monde et sanctuaire de biodiversité.


Parade de Grand Albatros



samedi 20 février 2010

Crozet: île étape du tour du monde


Un voilier dans la crique du navire
Situé au sud de l’océan indien à équidistance entre l’Afrique du sud et le continent Antarctique, et a près de 3000 km des côtes de ces 2 continents, l’archipel de Crozet est isolé de tout. En dehors des rotations du Marion et des navires de surveillance de la Zone Economique Exclusive, aucune visite n’est attendue. Sa position, entre les 40eme rugissant et les 50 ème hurlant décourage par ailleurs la plupart des navigateurs de venir croiser dans les parages…

Cela confère aux lieux une relative quiétude et une certaine tranquillité. Les jours se suivent sans que personne ne songe recevoir la moindre visite.
Le matin, après le petit déjeuner en vie com, les uns descendent à la plage étudier « leurs manchots », les autres rejoignent leur poste dans les bâtiments qui leurs sont dédiés, (les cuisines, la coopérative, la gérance postale, la centrale électrique, les ateliers, les laboratoires…) et régulièrement, quelques groupes sont sur le départ pour une journée de terrain. Les jours se suivent ainsi au rythme de la colonie, du travail et des manips.

Régulièrement les uns ou les autres regardent la mer en face et disent un mot sur la vue que procure l’ile de l’est, le souhait qu’ils auraient d’y aller ou le récit des naufragés de « l’Aventure » mais personnes ne regarde vraiment si une voile pointe à l’horizon. Personne n’attends personne.


L'archipel de Crozet est isolé de tout ...

L'Ile de l'Est vue de la Possession

Pourtant le 30 décembre 2009, c’est bien un bout de toile blanche qui apparaît au loin. Inattendu, la vue du voilier crée la surprise générale. A la radio la nouvelle se propage en un éclair. Un voilier à Crozet : c’est l’information du jour. Sur la base chacun sort de ses bâtiments et regarde le frêle esquif tâtonner le long des côtes. A la manchotière les scientifiques sortent de leurs shelters et s’avancent vers la plage. Le voiler prend du temps pour repérer les lieux et identifier la baie du Marin puis s’avance tout doucement. Le vent de Nord Ouest est de force 5 à 6 avec des rafales à 60-70 Km/h. Par chance la crique du navire permet de bien s’abriter de ces vents dominants. A l’intérieur, le bateau, tourne en rond puis fini par poser l’ancre à l’endroit donné : à quelques centaines de mètres de la plage, en face du Wharf. Tous ceux descendus sur la plage observent l’arrivée du navire avec attention.

Un voilier à l'horizon de la baie du Marin

Odessa 215 : une date anniversaire pour un voilier ukrainien

Arrivée à la rame

L’avant du voilier porte l’inscription « Odessa 215 » mais le pavillon à l’arrière est difficile à identifier. En revanche on distingue trois personnes à bord. Bleu en haut et jaune en bas, nous apprenons finalement que ce pavillon est celui de l’Ukraine. Des ukrainiens à Crozet : incroyable!
Après avoir posé l’ancre, et hissé le pavillon français les trois membres d’équipages prennent le temps nécessaire pour sécuriser le mouillage, plier les voiles et préparer le débarquement. Ils procèdent avec méthode et semblent bien maîtriser la situation. Au bout de quelques temps ils gonflent l’annexe, y accrochent un bout et la mettent a l’eau. Bientôt un homme se glisse à l’intérieur avec une paire de rame. Le vent à légèrement baissé mais il reste fort avec des rafale. L’embarcation est toute petite et ne possède pas de moteur. Contre le vent, le trajet à la rame entre le bateau et la plage est délicat. Avec une eau à 5°, il ne faut pas chavirer!

Finalement Stas le capitaine du voilier atteint la plage avec succès. Dans un anglais approximatif, il confirme, que l’équipage est Ukrainien. Les trois hommes font un tour du monde. Ils sont partis il y à quatre mois et leur dernière escale remonte à 3 semaines. Ils souhaitent savoir s’il est possible de faire escale ici pour s’y laver, y faire de la lessive, acheter quelques provisions, passer des communications et si possible, s’y reposer 2 à 3 jours. Heureux d'accueillir des visiteurs sur l’île de la possession, nous leur souhaitons la bienvenue et leur proposons de venir loger sur base .

L’arrivée sur base dépasse leurs espérances. Au bout de la piste qui remonte de la plage, ils découvrent d’abord un petit village posé avec une trentaine de bâtiments et autant d’habitants. Puis au fur et à mesure que les portes s’ouvrent ils y trouvent une chambre avec une douche et des draps propres, un bar et une salle de restaurant avec des messages en ukrainiens accrochés aux murs pour leur souhaiter la bienvenue. Malgré l'obstacle de la langue, nous les sentons émus et touchés par cet accueil, et soulager de trouver ici un lieu de repos après l'épreuve des derniers jours en mer... comme une oasis au milieu du désert.

Arrivée sur la base Alfred Faure

Première photo à chaud et au chaud

Photo souvenir devant la Residence

Andreï, Stas, et Alexander devant la plage à Crozet

Nous découvrons progressivement leur périple. Les trois hommes sont partis depuis Odessa sur les bords de la Mer Noire. Ils ont traversé la méditerranée puis fait escale au Cap Vert. Ensuite, ils sont descendu tout droit dans l’Atlantique sud jusqu’à Tristan da Cunha : un volcan perdu située par 37°S et 15°Ouest. Il y ont fait une courte escale puis sont arrivés à Crozet au terme de trois semaines de navigation difficiles. Après cette étape, leur route doit passer par Kerguelen, le sud de l’Australie puis la Nouvelle Zélande. De là-bas leur objectif est d’atteindre le sud du Chili et Ushuaia pour le début du mois d’avril. Ensuite le projet consiste à remonter progressivement les côtes argentine et brésilienne avant de traverser l’atlantique et la méditerranée pour enfin rejoindre la mer noire et leur port d’attache : Odessa.

Ce voyage autour du monde a commencé le 02/09/2009 : jour anniversaire de la fondation de la ville d’Odessa par l’impératrice Catherine
II, 215 ans au paravant. Il est initialement prévu pour durer un an et l’équipage espère être de retour pour le 216ème anniversaire de la ville. Stas, le capitaine, se présente volontiers comme un enfant d’Odessa. Il y est né, y a grandi, en est parti quand les choses tournaient mal mais y est revenu. Aujourd’hui, la ville d’Odessa finance en bonne partie ce voyage et les trois hommes en sont les ambassadeurs. Leur bateau « Ivanois » est un swan de 11,35 m en polyester. Il date de 1982 et leur est mis a disposition pendant un an par le port d’Odessa.

La nuit sur base est réparatrice. Arrivés la veille les traits tirés, fatigués et hirsutes, ils apparaissent au petit matin, frais et rasés de près. Visiblement heureux d’être là. Cette première journée à Crozet leur permet de joindre leurs proches par téléphone et d’échanger des nouvelles ; c’est également l’occasion de profiter de la coopérative et des conseils de Lionel le Chef Appro pour parfaire leur équipement, acheter des bottes et des vêtements de pluie plus adaptés. Ce premier jour passé à terre est également le dernier de l’année. Nous somme le 31/12/09 et c’est jour de fête.

Pour l’occasion Louise notre nouvelle Ecobio, a proposé de commencer la soirée par un apéritif déguisé en insecte dans la serre. Cet événement permet de marquer la réouverture du lieu, condamné pendant plusieurs semaines pour cause de ... prolifération de pucerons !!!. Du coup, ce soir dans la serre australe de Crozet, « sont réunis en grand conciliabule, les adeptes les plus sélectes de la secte des insectes ». Ce grand conseil accueille d’abord bien sagement nos invités puis au moment du repas, la soirée prend son envol et chacun se sent pousser des ailes pour finir jusque tard dans la nuit.

Soirée insecte à la serre australe de Crozet

Louise: eco-biologiste, à l'origine du thème de la soirée du 1er de l'an

Alexander, Stas et Andreï en habit de lumière

Soirée du 1er de l'an 2010 à l'étoile australe

Meilleurs voeux à toute l'équipe de la 47 et à tous ...

Les jours suivants, l’équipage d’Ivanois met à profit son escale pour se reposer, ranger et nettoyer le bateau, faire les pleins d’eau et de gasoil puis se promener au milieu des manchots et des albatros. Toute l’équipe sur base se mobilise et joue à fond le jeu de l’hospitalité. Les uns leur offrent des cigarettes les autres prennent en charge la carte du bar les autres encore donnent la main ou réparent une pièce cassée. Chacun fait de son mieux pour qu’ils gardent le meilleur souvenir de Crozet.

Le 5 janvier 2010 est le jour du départ. Le matin le capitaine s’acquitte des procédures administratives puis selon la tradition, s’adonne à la signature du livre d'or et de plusieurs plis spéciaux. Organisée à la gérance postale, cette séance est l’occasion de mettre en lumière le tampon du bateau et le profil des 3 membres d’équipage.

Tampon du voilier Ivanoïs

Plis spéciaux en souvenir du passage du voilier Ivanoïs à Crozet

Le midi est le moment du dernier repas en commun. Stas, le capitaine en profite pour offrir à la mission un très bel ouvrage dédicacé sur la ville d’Odessa, puis avec quelques mots chargés en émotion, il s’adresse à toute l’équipe. Il nous confie qu’avant d’arriver à Crozet, le voyage avait été particulièrement difficile. Après Tristan da Cunha ils ont essuyés plusieurs tempêtes successives et ces trois dernières semaines ont étés les plus éprouvantes de toutes leurs vies de marins. Leur arrivée à Crozet et l’escale qu’ils viennent d’y passer est pour eux la plus belle et la plus réparatrice jamais espérées. Tous les trois portent désormais Crozet dans leur cœur et les moments passés pendant cette escale resteront à jamais gravé dans leur mémoire.

Ouvrage de photo sur Odessa offert à la mission

Dedicace du capitaine du voilier Ivanoïs

En retour chacun des membres de l’équipe de Crozet a porté sa signature sur une carte de l’ile de la Possession et selon la coutume désormais propre à la mission 47, cette carte lui est remise solennellement en guise de souvenir collectif.

Alexander, Andrei et Stas, quittent la plage de la grande manchotière à 15H00 après 6 jours d’escales bien mérités. Leur passage à Crozet a marqué les esprits, attiré la sympathie et imposé le respect. Tous les membres de la mission sont heureux d’avoir fait de Crozet une grande et belle étape de leur tour du monde et leur souhaite bon vent.

Préparatifs de départ

Avant dernier va et vien de l'annexe

Au revoir...

... et bon vent.

lundi 18 janvier 2010

La campagne d'été


Grande manchotière
A Crozet, l’été austral commence traditionnellement en novembre pour s’achever en avril.

Pendant cette période, la majeure partie les oiseaux et mammifères marins recensés sur l’île reviennent à terre pour s’y reproduire. C’est également la période de la mue, des accouplements et des naissances. C’est donc le meilleur moment pour les observer, les étudier, ou les équiper avant qu’ils ne partent ou repartent en mer pour des séjours de plusieurs mois, voir de plusieurs années comme c’est le cas des jeunes albatros.

Dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises, cette période d'effervescence donne lieu à une mobilisation générale et à une recrudescence d’activité : c’est la campagne d’été. Pendant plusieurs mois, les travaux scientifiques et techniques se multiplient et la vie sur base s'intensifie.

La campagne d'été commence traditionnellement avec OP3 :la troisième rotation annuelle du Marion Dufresne. Cette rotation confirme la vocation scientifique des bases australes française. Elle est avant tout dédiée à l'acheminement et à la relève du personnel scientifique. Ainsi entre le 23 novembre et le 26 décembre, l’effectif du personnel scientifique de Crozet est passé de 8 à 28 personnes portant l’effectif total de la mission de 24 à 44 personnes. Ce personnel scientifique est divisé en trois grandes catégories, les VCAT, les thésards, et les responsables de programmes.


§ Les VCAT, Volontaires Civils de l’Aide Techniques sont de jeunes diplômés (23-26 ans) qui suivent des parcours scientifiques mais n’ont pas forcément vocation à faire un doctorat. Ils sont les artisans des programmes scientifiques sur le terrain, dont ils assurent le bon fonctionnement pendant une année. Ce sont eux qui réalisent et la plupart des manipulations prévues. Les nouveaux VCAT de la mission 47 sont 8. La plupart sont arrivés avec OP3. Une fois sur place, ils disposent de 1 à 3 mois de passation avec leur prédécesseur avec plusieurs objectifs : mieux appréhender le contenu et le déroulement des programmes, identifier et maitriser le fonctionnement du matériel scientifique à leur disposition, reconnaître le terrain et les différents sites sur lesquels ils vont travailler, et surtout s’exercer aux manipulations qu’ils vont ensuite conduire seuls. Les sujets d’études conduits à Crozet et dans les terres australes sont peu communs. Les manipulations auxquels ils donnent lieux sont spécifiques et souvent exclusivement liées la présence des animaux sur place. La plupart des VCAT qui arrivent n’ont donc jamais travaillé sur ces sujets auparavant. En revanche, ils affichent tous de belles expériences de terrain et possèdent les compétences nécessaires pour s’adapter rapidement. Le premier mois de passation est pour eux une intense période d’apprentissage.

Passation de consignes VCAT : pg Ecobio N°136

Relevée de données : pg Ecobio N° 136

Relevée de données : pg Ecobio N° 136

§ Les thésards sont en nombre plus restreint (3- 4 maximum chaque année). Les thésards qui travaillent ici produisent leurs propres données. Cela leur confère une très bonne maîtrise de leur sujet et c’est très satisfaisant mais c’est également un très gros travail. Ils ne viennent sur le terrain que pendant la campagne d’été et pour la plupart d’entre eux seulement la première et la deuxième année de leur thèse, soit 6 à 8 mois en tout. Cette période est pour eux décisive. Toute la réussite de leur travail dépend de leur production scientifique pendant les 6 à 8 mois de ces deux campagnes d’été, ce qui leur impose un rythme forcené. Le matin, ils sont levé les premiers pour assurer des manipulations ou collecter des données. Le soir, ils sont souvent couchés les derniers pour enregistrer et vérifier la qualité de ces données, travailler un article ou encore candidater à telle ou telle conférence internationale en vue d’y présenter leurs travaux.


Thèse : pg Ecoénergie N° 119

Thèse : pg Ecoénergie N° 119


Thèse : pg Ecoénergie N° 119

§ Les responsables de programmes et enseignants chercheurs constituent la troisième catégorie de personnels scientifiques et sont principalement présents, en décembre, lors du lancement de la campagne d’été. Dans les laboratoires de métropole, leur mission première consiste souvent à trouver les financements nécessaires au fonctionnement et au développement de leurs programmes. Ils s’assurent également que ceux-ci donne lieux à des publications régulières dans les meilleures revues scientifiques internationales. Sur le terrain, ils dirigent et orientent leur programme tout en participant activement à toutes les manipulations en cours, développent de nouvelles expérimentations et fixent le cadre d’intervention des VCAT et autres « campagnards ». Les plus connus d’entre eux ont déjà hivernés au moins une fois. Ils possèdent souvent des tas d’anecdotes et leurs propos sont souvent riches d’enseignements sur les évolutions en cours. Certains d’entre eux reviennent régulièrement et sont des habitués des campagnes d’été. Pour eux, rares sont les Noël et les premiers de l’an en famille. Ils sont les rares témoins du temps qui passe ici.

Coupe géologique : pg Capgeos N° 1002

100ème échantillon : pg Capgeos N° 1002

"Manip Géol" : pg Capgeos N° 1002

Tout ce personnel est attaché à des programmes scientifiques sélectionnés par l’IPEV et autorisés par les TAAF. Ces programmes sont conduits par différents laboratoires disséminés en France. Les principaux laboratoires exerçants des activités à Crozet sont le Centre d’Etudes Biologiques de Chizé (79), la station biologique de Paimpont (35), l’institut pluridisciplinaire Hubert Curien et le CNRS de Strasbourg (67), le Laboratoire de Planétologie et Géodynamique de Nantes (44), le CNRS de Villeurbanne (69) et le CNRS de Villiers-en-Bois (79).

Au plan logistique, l’objet principal de la rotation de novembre est le ravitaillement de l'ensemble des arbecs et sites de bivouacs gérés par l'IPEV. Elle permet également de profiter des moyens logistiques du Marion Dufresne (hélicoptère et portière) pour effectuer les opérations de transbordement classiques (nourriture, matériels, déchets) puis réaliser des opérations spécifiques (installation d’un Marégraphe, entretien du relais radio…). Certaines opérations nécessaires sur les installations IPEV et non achevées pendant la rotation sont assurée ensuite par du personnel IPEV pendant le premier mois de la campagne. Cette année, l’équipe IPEV devait normalement monter un arbec préconstruit sur le site de « La Pérouse ». Ce dernier n’ayant pas pu, pour des raisons météorologiques, être déposé sur place pendant la rotation, le personnel s’est alors mobilisé sur d’autres travaux (bardage extérieur d’un bâtiment, consolidation et inventaire de refuge…). Autant de travaux qu’il n’est possible de réaliser que pendant la belle saison.

Consolidation Marégraphe : Personnel IPEV

Consolidation Marégraphe : Personnel IPEV


Consolidation Marégraphe : Personnel IPEV

L’été austral s’accompagne d’une amélioration significative du contexte météorologique. La température moyenne enregistrée à Crozet pendant les mois les plus chauds (février) est de 8,1°C contre 3,2°C pour les mois les plus froids (août et septembre). Au-delà de cette moyenne, il n’est pas rare que les températures atteignent 10°C avec 8 à 10h de soleil par jour. Certaines journées d’exception donnent même lieu à des records de l’ordre de 15 °C.
Pendant cette période, les précipitations sont également plus faibles. Elles passent de 225 mm en moyenne pour le mois le plus humide (août) à 152 mm pour le mois le plus sec (février). Ces conditions optimales apportent confort et sécurité. Elles permettent les travaux extérieurs et autorisent un maximum de sorties hors base. La plupart de ces sorties sont à vocation scientifique, mais pas seulement. Cette période de forte luminosité et de beau temps est aussi privilégiée pour l’organisation de sorties loisirs.

Au mois de décembre, en plein cœur de la campagne d’été, le niveau d’activité en cours sur l’ile s’est traduit par l’organisation de 33 sorties hors base dont 19 pour des programmes scientifiques et techniques. Sur ces 33 sorties, 9 se sont déroulées sur plus de 2 jours. C’est-à-dire avec au moins deux nuits en refuge ou en bivouac. Ce niveau d’activité donne lieux à de nombreux chassés croisés sur base et dans les arbecs. Il anime la base et permet un important brassage des membres de l’équipe. Les retours de manips sont de belles occasions de profiter du confort retrouvé pour les uns et de s’enquérir des trésors de l’île pour les autres. Ils donnent lieux à de joyeuses retrouvailles et à de chaleureuses soirées.

Les soirées festives constituent également un des traits marquant de la campagne d’été. La plupart des « campagnards » ne sont là que pendant un mois et ont à cœur de profiter au maximum du temps qu’ils ont sur ces terres lointaines. De leur côté, les hivernants, arrivés depuis le mois d’aout, comptabilisent déjà quatre mois de mission. Les trois premiers mois ont données lieux à de nombreuses découvertes mais à l’aube du cinquième mois, des petits groupes se forment et certaines habitudes commencent à s’installer. Le démarrage de la campagne réintroduit du sang neuf et non des moindres. Le rapport homme-femme dans la composition de l’équipe passe de 1 fille pour 11 garçons à une pour trois. Cet élément nouveau accentue encore l’effet mobilisateur de la campagne. C’est ainsi par exemple qu’on voit apparaître l’organisation de cours de salsa, impensable et impossible avant la campagne !!! L’arrivée de nouvelles têtes est l’occasion de faire des rencontres. Les nouvelles personnes s’installent et prennent leur place, de nouveaux groupes se dessinent. L’énergie nouvellement arrivée sur base se propage et apporte du cœur à l’ouvrage.

Le gros de la campagne d’été se déroule en décembre. En métropole, cette période de fin d’année est traditionnellement festive mais ici, pour l’occasion, décembre se révèle particulièrement chargé.
Le 8, nous célébrons les « un an » de présence sur l’Ile de Christophe et Florentin, deux VCAT en cours de passation. Le 10, c’est l’anniversaire de Jean Luc, le Chef infra et doyen de la mission, 50 ans ça se fête.
Le 18, avec 2 jours d’avance sur la date officielle, nous fêtons l’abolition de l’esclavage. L’île de la Réunion est notre port d’attache et la commémoration du 20/12/1848 y est incontournable. Ici l’évènement se révèle une très belle occasion de faire honneur au personnel réunionnais et de célébrer ensemble l’avènement de ce jour de gloire.
Le 24 c'est l’incontournable réveillon. Noël aussi s’avère particulièrement réussi cette année : La veillée commence par un petit concert en direct live du « CroniBar ». La représentation est assurée de mains de maître par Bruno, le gérant postal à la batterie et Christophe, notre géophy en partance, à la guitare électrique. Particulièrement réussie, elle à pour effet direct d’envoyer tout le monde sur la piste et de mettre la soirée en orbite. Le repas décalé pour l’occasion se déroule assis en rond autour du sapin chargé de cadeaux. Les « super petites maries » qui assurent le service ont travaillées leurs tenues et sont coiffée du chapeau de noël. Le repas est excellent et bien arrosé. Remi, le nouveau géner, (logisticien de l’IPEV) se révèle le père Noël du jour. Joyeusement réchauffé par l’atmosphère, il réussit une très jolie performance : remettre à chacun des 44 membres de la campagne d’été son cadeau, accompagné d’un heureux trait de caractère. Cette exceptionnelle remise des prix a pour effet de remettre tout le monde en scène pour un deuxième concert puis la soirée se prolonge non stop jusqu’au petit matin.

Christophe, Géophy 46: à la guitare

Soirée luttins pour la veillée de Noël

Bruno, gérant postal 47 : à la batterie

Salle de restaurant l'étoile australe : avant le repas de Noël

... et pendant le réveillon

Le géner père Noël de Crozet

...qui distribue patiemment ses cadeaux un a un

Le 25 est la soirée des partants. Les campagnards d’été sont à peine arrivé et Noël à peine achevé que déjà un mois vient de s’écouler. Cette soirée est l’occasion d’offrir aux « campagnards » un ultime souvenir de leur passage à Crozet, une empreinte de manchot royal avec autour la mention « Crozet été Austral 2009 » et un CD avec les plus belles photos de la campagne. Des souvenirs que chacun reçoit avec émotion. Cette dernière soirée à 44 est également l’occasion de découvrir la magnifique pièce en chocolat confectionnées par Fabrice, notre chef cuistot et ses apprentis Nelly et Xavier. La base Alfred Faure posée sur le dos d’un jeune éléphant de mer, avec des centaines de truffes et autres chocolats fins tout autour. Une surprise de taille : Incroyable. Repartie de plus belle, cette soirée est une nouvelle occasion de faire la fête toute la nuit durant. Elle marque aussi la fin de la première partie de campagne d’été. Un mois de briefing, de manip, de sorties hors bases, de travail et de festivités. Un concentré de vie australe vécu en un rien de temps.

Soirée Marion Dufresne : soirée des partants

Un souvenir pour chacun

"Crozet : été austral 2009"

Le 26, les « campagnards » au départ sont au nombre de 12. 4 VCAT prennent également le bateau. Pour eux le moment est encore plus intense. Il marque la fin de plus d’un an de présence sur base. Un moment de séparation difficile avec les derniers de la 46ème mission, qui restent encore quelques mois. Pour en rendre compte ou mieux le dépasser, ces derniers ont préparé l’évènement et se livre au traditionnel rituel de départ, messages, boisson, marquages et déguisements. Un moment de grande intensité partagé entre joie et peine, entre rires et larmes.

La base Alfred Faure sur un jeune éléphant de mer en chocolat

Tous les bâtiments de la base reproduits à l'identique

Surprise du chef: Fabrice et de ses apprentis : Jacques, Xavier et Nelly

Les 44 passagers de la campagne d'été : mission 47

Cette fois l’escale du Marion est de courte durée. Le navire met a profit une campagne océanographique qui doit se dérouler plus au sud. Le transfert des passagers n’a pas vocation à être une véritable opération logistique. Il n’y a pas de moyens héliportés et toute l’opération se déroule par voie maritime. La descente du bord se réduit à 2 passagers, la dépêche postale entrante et quelques pièces urgentes. La montée à bord porte sur 16 passagers, leurs passeports et quelques procurations de vote pour les élections régionales de mars 2010. L’opération dure 3 heures …et le Marion Dufresne reprend sa route.

Préparatifs de départ des campagnards depuis la plage

Rituels de départ pour les VCAT de la 46.

Le Marion en Vue.

Le Marion dans la baie.

Arrivée de Aurore et Vincent les nouveaux membres de la 47

La première partie de la campagne se termine ainsi, aussi rapidement qu’elle a commencé laissant derrière elles des tonnes de souvenirs et 30 personnes dont deux nouveaux arrivants, pour assurer la poursuite de la mission.