Toute l'équipe de la mission 57 vous souhaite une belle année 2020!
Bienvenue sur le blog officiel du district de Crozet, un des cinq districts des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Ce blog est tenu par le chef de district depuis la base Alfred Faure sur l'île de la Possession. Bonne lecture !
mercredi 1 janvier 2020
mardi 31 décembre 2019
La reproduction des manchots royaux (3/6) : la ponte et l’incubation de l’œuf
Les premières pontes cette année en Baie du Marin ont eu
lieu autour du 8 novembre. Une fois l’œuf pondu par la femelle, il faut
compter environ 53 jours d’incubation avant l’éclosion et la naissance du
poussin. Durant la phase d’incubation, l’œuf est posé sur les pattes de son
parent et ne touche pas le sol. Il est recouvert d’une poche incubatrice sous
laquelle il est en contact directement avec la peau pour favoriser la diffusion
de la chaleur. Il est régulièrement tourné par les parents pour bien répartir
la chaleur et éviter l’adhérence.
Pendant cette période, les deux parents se relèvent à tour de rôle pour couver leur œuf. C’est le mâle qui commence, rapidement après la ponte, la femelle repartant alors en mer pour se nourrir. Les périodes où le parent couve durent généralement deux semaines avant que son partenaire vienne prendre le relais. C’est par le chant que ceux-ci arrivent à se reconnaitre dans la manchotière. Le manchot couvant est alors en jeûne total, il repart en mer se nourrir quand son tour est terminé.
Pendant les quasi deux mois d’incubation, les couveurs doivent également défendre leur territoire face aux autres manchots et éviter les potentielles attaques de skuas sur leur œuf, notamment au moment où ils le tournent ou quand les deux parents se relaient. Un autre risque pendant cette période d’immobilisation pour le manchot est lié à la météo : la manchotière étant en bord de mer, une potentielle tempête, amenant une forte marée peut repousser les manchots et les obliger à se déplacer rapidement avec leur oeuf, ce qui n'est pas aisé.
C’est
ce qui s’est passé le 26 décembre dernier où des
vents violents se sont abattus sur l’île provoquant une forte houle qui a déplacé de nombreux manchots précipitamment
vers l’intérieur des terres. Une partie de ceux qui couvaient au niveau de la plage a perdu son œuf, faisant alors le bonheur des skuas et pétrels à l’affut.
Si les premières pontes ont commencé en novembre, celles-ci
se poursuivent encore maintenant avec les manchots dont le cycle de
reproduction est plus tardif. Les premières naissances devraient quant à elles
avoir lieu dans les prochains jours!

Merci aux manchologues Sandra Avril et Anne Cillard (Prog 119)
pour leur aide dans la rédaction de cet article.
Photos de A. Cillard, J. Tucoulet et T. Fuentes Rodriguez
Articles précédents: la mue (1/6), les parades et le cantonnement (2/6)
samedi 28 décembre 2019
Noël à Crozet
Les
décorations et le sapin avaient été installés quelques jours plus tôt
et c'est donc dans une base décorée aux couleurs de noël que les
hivernants ont célébré comme il se doit le réveillon de noël: apéritif
autour du sapin, distribution des cadeaux et bon repas!
Le sapin sous lequel attendent les cadeaux préparés par les hivernants |
Les pulls de circonstance ont été sortis |
Le Père Noël est passé par Crozet pour la distribution des cadeaux |
L'équipe cuisine avait préparé un repas de fête, conclu par des bûches au caramel beurre salé |
Photos de T. Fuentes Rodriguez, C. Vansteenberghe et A. Cillard
jeudi 19 décembre 2019
Mission scientifique sur l’île aux cochons
La réserve naturelle nationale des Terres australes
françaises héberge les plus importantes concentrations d’oiseaux marins au
monde. L’île aux Cochons, une des cinq îles de l’archipel Crozet, abritait une
colonie de manchots royaux rassemblant près de 500 000 couples en 1988, la
plus grande colonie au monde pour cette espèce. Les derniers comptages
effectués par le CNRS de Chizé (Weimerskirch et al, 2018) ont montré une
diminution d’environ 88% de cette colonie en 35 ans. Dans ce contexte, les TAAF
se sont engagées, en tant que gestionnaire de la Réserve naturelle, à mettre en
œuvre une unique mission de terrain dans le but d’étudier les différentes
hypothèses qui pourraient être à l’origine du déclin de la population de
manchot royal de l’île aux Cochons.
La colonie de manchots royaux de l'île aux cochons |
L'équipe scientifique à bord du Marion Dufresne |
La rotation logistique du Marion Dufresne en novembre
(OP3), période pendant laquelle les manchots à différents stades de la
reproduction peuvent être étudiés, a été choisie pour déployer une équipe sur
le terrain pendant cinq jours. L’équipe était composée de six personnes de la
Réserve naturelle, du Centre d’études biologiques de Chizé (CNRS-Université de
La Rochelle) et du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive
(CNRS-Université de Montpellier-EPHE-IRD).
Le camp temporaire établi à proximité de la colonie étudiée |
Classée en Zone de protection
intégrale, l’île aux Cochons n’a plus été étudiée à terre depuis 1982. Avant
d’accéder sur ce site hautement préservé, toutes les mesures ont été prises
pour garantir l’absence d’impacts sur les espèces et les milieux. En
particulier, du matériel neuf (vêtements, toiles de tente, bottes, etc.) a été
acheté spécifiquement pour la mission et la biosécurité des équipements a été
réalisée avant l’accès à l’île et au retour sur le Marion Dufresne afin
d’éviter l’introduction et le transport d’espèces exotiques. Les bonnes conditions météorologiques ont permis de
déposer et récupérer l’équipe et les 700 kg de matériel, eau et nourriture, par
hélicoptère, du 15 au 20 novembre 2019. Un camp léger de quatre tentes a été
installé à proximité de la colonie d’étude. Pendant cinq jours complets, les
six membres de la mission ont travaillé par binôme pour répondre aux
différentes hypothèses.
Parmi ces hypothèses figurent celle de la
raréfaction des zones d’alimentation des manchots royaux ou la dégradation de
l’accessibilité des proies, pouvant être à l’origine d’un mauvais succès
reproducteur. Dix balises Argos ont été posées sur des adultes en début et fin
de cycle. Après deux semaines en mer, les premiers résultats montrent que ces
oiseaux se dirigent aussi bien vers le sud, au niveau du front subantarctique
au nord que le front polaire au sud pour s’alimenter (cf carte ci-dessous).
![]() |
Suivi des déplacements des manchots ayant été équipés d'une balise Argos |
Cette première observation contraste avec les
connaissances sur la population de l’île de la Possession, autre site
d’importance pour la reproduction de l’espèce à Crozet, pour laquelle les
oiseaux ne vont s’alimenter que vers le front polaire. Ce résultat sur quelques
individus sera prochainement comparé aux analyses des isotopes du sang et des
plumes d’un plus grand nombre d’individus et de différentes classes d’âge, afin
de vérifier si ce comportement est répandu dans cette population. Il sera
également comparé aux mêmes suivis réalisés en parallèle sur la Possession.
Tout en respectant des consignes strictes d’évitement des impacts, on peut
supposer que le succès de cette mission sur l’île aux Cochons, apportera très
prochainement des pistes de réponses aux raisons de la diminution de la
première colonie au monde de manchot royal, espèce clé de l’inscription
des Terres et mers australes françaises sur la Liste du patrimoine mondial de
l’UNESCO.
Rédaction: Adrien Chaigne
Photos d'A. Chaigne et B. Lachat
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