Alors que certains sont encore en train de finir leur mue qui précède la période de reproduction,
et d’autres, plus précoces ont déjà pondu leur œuf (étape 3), une partie des
manchots royaux de la Baie du Marin est actuellement en phase de parade et de
cantonnement.
Lors des parades, phase de séduction dans la recherche de
leur futur partenaire, les manchots exhibent leurs tâches auriculaires et leur plaque
mandibulaire (située au niveau du bec) dans une démarche spécifique à cette période.
Il s’agit pour eux de se montrer sous leur plus beau jour mais également d’afficher leur ‘‘qualité individuelle’’. En effet, d’après des études scientifiques, il existerait une corrélation entre l’intensité de la couleur orange des tâches avec l’état de santé de l’oiseau : par exemple, plus la couleur orange est intense, moins le manchot aurait de parasites et plus son statut immunitaire serait performant. Par ailleurs, la qualité du plumage indique également l’état de forme du manchot en raison de l’aspect énergivore de ce processus de formation de plumes. S’il est donc essentiellement visuel, le moment des parades peut cependant également être accompagné de chants dits ''de cour'' qui permettent de sceller le couple.
Manchots royaux ''cantonnés'' après la phase de parade en Baie du Marin. |
Une fois le couple formé, débute la période dite de cantonnement. Le couple se place alors sur un territoire d’environ un mètre carré qu’il va défendre ‘‘bec et ailerons’’ !
C’est une phase stressante, propice
à l’agressivité entre individus, les manchots devenant alors territoriaux
pour garder cet espace où ils couveront à tour de rôle leur œuf et qu’ils
occuperont jusqu’à l’émancipation de leur poussin dans quelques mois. Au total le cycle de reproduction dure plus d’un an et en
conséquence les partenaires d’un couple qui ont élevé leur poussin avec succès et
qui avaient commencé leur reproduction en décembre l’année dernière ne pourraient
initier un nouveau cycle cette année qu’en janvier. En conséquence, une année
donnée un manchot peut être soit reproducteur précoce soit reproducteur tardif
selon le succès reproducteur de l’année précédente et il peut y avoir plusieurs
semaines de différence entre les premiers et les
derniers à initier une reproduction. Enfin, les
reproducteurs tardifs ont un succès reproducteur bien plus faible que les
reproducteurs précoces.
Afin de mieux comprendre cette stratégie de reproduction, les
manchologues du programme 119 « ECONERGIE » de l’IPEV sélectionnent
et marquent ainsi, au moment de l’étape
2, un certain nombre de couples de manchots précoces et de manchots tardifs.
Cette étude va se poursuivre pendant plusieurs années. L’objectif de ce suivi
est double : d’une part, déterminer si la qualité, la condition corporelle
des oiseaux précoces est meilleure que celle des oiseaux tardifs et définir si les
deux cohortes de « précoces » et de « tardifs » sont
constitués en moyenne d’oiseaux de même âge (étant entendu que des oiseaux âgés
et très jeunes ont potentiellement un succès reproducteur plus faible que celui
de reproducteurs d’âge intermédiaire) et d’autre part, étudier l’incidence des
conditions environnementales (pression de prédation, disponibilité alimentaire
en mer) sur le succès reproducteur des individus précoces et tardifs, notamment
dans un contexte de changements globaux qui affectent la planète Terre en général
et ces zones australes en particulier.
Pour se faire, les manchots adultes sélectionnés dans le
programme, ainsi que leur futur poussin, seront suivis jusqu’au départ vers
l’océan de ces derniers, d’ici décembre l’année prochaine.
Merci à Jean-Patrice Robin, Responsable du Programme 119 de l'IPEV, pour sa participation à la rédaction de cet article.
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