dimanche 18 octobre 2009

Escale de l'OSIRIS à Crozet


L'Osiris au large de La Posséssion
Lundi 28 septembre, un mois, jour pour jour, après son arrivée à Crozet, la mission 47 reçoit sa première visite.

Cette visite surprise lui est rendue par un habitué des mers australes, le navire OSIRIS, patrouilleur de contrôle des pêches,. Son commandant, le capitaine P.Y GUILCHER est rompu aux séjours austraux mais pour certains des membres de son équipage, cette escale est une grande première.

La venue de l'OSIRIS est toujours une surprise. Tout d'abord, au regard de sa mission de lutte contre la pêche illégale, ses dates de campagnes sont tenues secrètes. Même pour les districts austraux qui ont plaisir à l'accueillir chaque fois que c'est possible, l'information est rare. Cette fois ci l'information définitive de son passage à Crozet nous est parvenue huit jours avant son départ de la Réunion. En théorie il lui faut environ 8 jours pour atteindre Crozet. En réalité, l'OSIRIS avance à une moyenne de 5 à 6 nœuds et ne connait pas sa route de navigation a l'avance. Celle-ci lui est fixée quotidiennement par le Centre Régional Opérationnel de surveillance et de sauvetage de la Réunion (Le CROSSRU). Elle dépend de l'identification de navire suspect dans sa zone de campagne.

Uniforme Police des pêches

La présence de navires suspects est détectée par un système de radars satellite. L'analyse des images radars reçus par le CROSS lui permet de déterminer avec quelle probabilité il peut s'agir d'un navire de pêche illégal. Si la probabilité est forte et si le navire ne répond pas correctement aux messages qui lui sont adressés alors sa position est transmise aux bâtiments de contrôles présents sur zone pour qu'ils puissent constater l'infraction ou intervenir. Sur son trajet en direction de Crozet, l'OSIRIS a été dérouté par le CROSS pour vérifier la présence d'un navire suspect. Finalement le contrôle effectif du navire a été transféré à un bâtiment de la marine nationale et l'équipage de l'OSIRIS a pu reprendre sa route initiale.

La date de passage des navires sur les districts dépend des ordres de route qu'ils reçoivent mais aussi des conditions climatiques qu'ils rencontrent. Autour des 40 ème, ces conditions sont souvent difficiles. Cette fois ci, l'OSIRIS à rencontré des conditions météorologiques particulièrement sévères. Tous ces éléments ont ralenti sa progression et décalé son arrivée de près de 8 jours. Initialement attendu autour du 22 septembre le navire n'est finalement arrivé en face de l'ile de La Possession que le 27.

A son arrivée, le vent souffle à une moyenne de 25-30 nœuds, la mer est forte à très forte et couverte d'écume. L'anémomètre présent sur base affiche des rafales à 72 km. Dans ces conditions, il est impossible de s'aventurer au mouillage. Le capitaine prend donc le parti de s'abriter sous l'Ile de Est et d'y faire l'hippodrome, autrement dit: des ronds dans l'eau. L'escale est reportée au lendemain.

Lundi 28 septembre au matin, la mer est calme et le temps clément. Vers 08H00 L'OSIRIS se présente devant l'ile de La Possession et la décision est prise de procéder au mouillage. A 09H30 le canot de la police des pêches est à l'eau avec 5 personnes à bord : le commandant en second, 2 agents de la gendarmerie maritime, un mécano et Antoine DERVAUX, un nouveau passager pour la 47ème mission de Crozet. Antoine est employé pour 3 mois par la Réserve Naturelle des TAAF, il a pour mission d'enrichir les données photographiques sur les groupes d'orques qui fréquentent l'ile de La Possession. Il arrive tout spécialement pour le début de la saison des orques et repartira lors de la prochaine rotation du Marion Dufresne, en Novembre.

L'osiris au Mouillage devant la Baie du Marin


Arrivée des membres de l'équipage.


Pour les 4 autres équipiers de l'OSIRIS, l'escale sera plus courte et ne va durer qu'une journée.
Aucun d'entre eux n'est jamais venu à Crozet et tous vivent ce débarquement comme un grand moment. Les gendarmes maritimes sont nommés à chaque campagne. Pour eux, l'expérience est encore plus intense, il s'agit de leur premier voyage dans les terres australes. L'un d'entre eux postule depuis 6 ans pour participer aux campagnes de l'OSIRIS. La participation à cette campagne et le débarquement à la plage au milieu des manchots est le fruit d'une longue attente et la réalisation d'un rêve. L’'autre gendarme maritime de cette campagne a eu plus de chance, il a été pris dés sa première candidature. Cependant pour lui comme pour les autres ce débarquement est une première.

Aussitôt débarqués sur l'île, l'équipe de l'OSIRIS est prise en charge par un petit comité d'accueil qui lui présente les lieux et les conduites à tenir à l'égard du milieu et des animaux. A cette époque la plage est encore relativement peu fréquentée. Les manchots royaux reviennent tout juste de leurs voyages en mer et sont encore peu nombreux. Il est donc possible de se promener sur la plage sans trop les géner. Dans plusieurs mois ils seront près de 22000 couples reproducteurs. Dés lors, l'accès à la plage sera strictement délimité et il ne sera plus question de s’y aventurer sans raison scientifique.

Comité d'accueil



Adjoint au chef de district et commandant en second de l'Osiris


Manchots royaux à la plage de la Baie du Marin


Membres équipage Osiris


Femelle éléphant de mer


Gérant postal, membres équipage Osiris et chef de district


Passé les photos de rigueur, celles des manchots royaux et de leur poussin tout duveteux et celles des éléphants de mer récemment installés sur la plage, l'équipe de l'OSIRIS est conduite sur base pour un café chaud et un mot d'acceuil. Ce transit rapide (1,4km, soit moins de 5 minutes en voiture) est l'occasion pour eux de prendre de la hauteur et de partager la vue imprenable des habitants de Crozet sur l'ile de l'est, qui la veille, les a abrité des vents du nord. Ce passage sur base est l'occasion de visiter les lieux et aussi de faire quelques emplettes. Les deux sites les plus prisés des visiteurs sont la Coop et la GP.

La coopérative (Coop) est LE magasin de Crozet. On peut y trouver tout ce qui est nécessaire à la vie sur base, et quelques souvenirs des terres australes. Littérature, habillement, produits d'hygiène, boissons, friandises... La quantité de produits disponible se limite à l'équivalent d'un ou deux rayons de supérette en métropole mais on y trouve l'essentiel. La Coopérative est tenue par Lionel DESRUMEAUX, le chef Appro (Approvisionnement). Lionel est responsable de la gestion du stock de la Coop mais également de la réalisation de toutes les commandes d'approvisionnement de la base. Le début du mois d'octobre est une période chargé pour lui. Il doit impérativement boucler la totalité des commandes que nous recevrons en novembre, par le prochain bateau.


Emplettes à la Coop


Emplettes à la Coop



La gérance postale (GP) est LE bureau de poste de Crozet. Elle permet de trouver la dernière collection des timbres TAAF mais également tous les autres accessoires chers aux visiteurs et aux philatélistes: cartes postales, gravures de timbres, carnets de voyages...
Le bureau de poste et télécommunication est tenu par Bruno JEAN, le gérant postal. Il est responsable de toutes les communications extérieures et de tous les courriers entrants et sortant de C
rozet, il veille à satisfaire les très nombreuses demandes des philatélistes passionnés des TAAF.

Pour la venue de l'OSIRIS, Bruno a préparé des plis spéciaux avec la photo du navire, les principaux tampons philatéliques de la mission et un timbre représentatif de Crozet oblitéré à la date du jour, soit le 28/09/09.
Pour que ces plis soient complets et qu'ils prennent toutes leur valeur, il ne reste plus qu'à y apposer le tampon du bateau, celui du capîtaine et enfin celui de la mission de l'OSIRIS.
Ces plis sont la marque spéciale du passage du navire sur Crozet et l'évènement est suffisamment rare pourqu'ils soient prisés des philatélistes et autres collectionneurs passionnés.
Finalement le commandant du bateau n'étant pas descendu à terre ces plis seront signés de la main du commandant en second.

Accueil du gérant postal


Plis spéciaux Osiris


A 12H30 l'équipe du navire est accueillie dans la salle de vie commune (la"vie com") pour un apéritif et un repas de bienvenue. Ce moment partagé est une opportunité pour l'équipage de partager la vie de la mission et pour nous, l'occassion de mieux comprendre comment se déroulent les campagnes de contrôle de pêche.

Déjeuné en "vie com"


L'après midi la météo étant particulièrement favorable, l'équipage de l'Osiris à la possibilité de redescendre à la plage via le Bolard. Cette zone qui s'étend au dessous de la base en direction de la côte Est,est habité par les grands albatros et une colonie de manchots papou. Son accès est très règlementé. Sous l'égide de l'équipe scientifique. les membres de l'Osiris ont la chance de la découvrir et d'observer les poussins albatros de près de 7 mois encore sur leur nid. Régulièrement nourri par leurs parents, a ce stade, ils sont presque aussi gros que les adultes. Dans deux mois, ils partiront pour leur premier vol et ne reviendrons plus avant 5 à 10 ans. Observer ces poussins devenus gros comme des jarres et les voir avec leurs derniers duvets est un luxe dont chacun profite avec attention.

Descente accompagnée au Bolard


Poussin albatros


Poussin albatros


Manchots royaux à la plage de la baie du Marin


Toilette d'un manchot royal


Très rapidement la journée s'avance et toute l'équipe de l'OSIRIS se retrouve sur la plage prête à réembarquer. C'est le moment choisi pour transmettre au commandant et a tout l'équipage des souvenirs de leur passage à Crozet. La carte de l'ile, signée par tous les membres de la 47eme mission et du pain frais confectionné avec soin par notre chef cuisinier.

Remise des présents de la Mission 47


L'heure est maintenant au départ.


Paré au départ


Fin d'escale


Cette escale comme toutes les escales à Crozet aura été courte. Elle nous aura permis d'accueillir Antoine, un nouveau passager, de réceptionner 85 kg de produits frais envoyés par le siège des TAAF, et puis de partager le temps d'une journée la chance de séjourner ici.




LE CONTRÔLE DES PÊCHES DANS LES TAAF.

L'Osiris est un navire d'Etat. Sa mission principale est de lutter contre la pêche illégale dans le sud de l'océan indien et plus particulière dans les Zones Économiques Exclusives (ZEE) Françaises qui s'y trouvent. Pour réaliser cette mission, il sillonne la zone en moyenne 150 jours par an.


OSIRIS est le nom d'un dieu égyptien assassiné, dépouillé, puis réincarné sous une forme supérieure à son état originel. A l'image de ce dieu, l'OSIRIS est le nouveau nom donné à l'ex LINCE, un palangrier congélateur seychellois arraisonné pour action de pêche illégale en janvier 2003. Au terme d'une longue procédure juridique ce navire a été saisi puis est venu compléter le dispositif de surveillance des pêches mis en place par la France dans les Zones Économiques Exclusives ZEE des terres australes.


Celles-ci couvrent une superficie de 2,2 millions de km2, soit la deuxième zone maritime de France. Leur superficie, leur isolement (12000 Km de la métropole et 3000 km de la Réunion) et leur richesse en ressources halieutiques en font des sites très convoitées et difficilement contrôlables. La ressource la plus prisée de ces zones économiques est la légine australe, un poisson de grands fonds à chaire grasse très prisée au japon et aux Etats Unis. La lutte conduite depuis plus de 10 ans contre la pêche illicite non réglementée et non contrôlée (INN) dans les ZEE de Kerguelen et Crozet repose sur des moyens associant une double approche maritime et spaciale
.

L'OSIRIS est un des éléments de la composante maritime. Il navigue sous le contrôle opérationnel des affaires maritime et ses routes d'intervention lui sont délivrées directement par le Centre Régional Opérationnel de surveillance et de sauvetage de la Réunion (Le CROSSRU). Les autres éléments de la composante maritime sont placés sous le contrôle de la marine nationale. Pour la zone sud de l'océan indien, celle-ci possède deux frégates de surveillances équipées de moyens héliportés (le NIVOSE et le FLOREAL) et un patrouilleur austral (l'ALBATROS). Ces bâtiments militaires patrouillent environ 250 jours par an.

Au total l'ensemble des moyens maritimes cumulent 400 jours de mission par ans, théoriquement cela permet d'avoir au moins un bateau sur zone en permanence. En réalité le développement de la piraterie au large de la Somalie oblige la marine nationale à une redistribution de ses moyens au nord du canal du Mozambique. Ce positionnement s'effectue au détriment du contrôle des mers du sud.


La composante spatiale de lutte contre la pêche illicite repose sur un système de surveillance radar par satellite. Ce système permet de détecter tous les navires présents dans les ZEE de Kerguelen et de Crozet. Les navires autorisés à pécher déclarent leur position en permanence. Par déduction tous les autres navires de pêches identifiés sur zone sont illégaux. Quand leur position est identifiée elle est transmise aux bâtiments de contrôle afin qu'il puisse constater l'infraction et intervenir.


Cette zone maritime présente la particularité d'être également sillonné par des icebergs.
Pour faire le distinguo entre la présence de navire et celle d'iceberg, le CROSSRU possède des compétences très spécifiques d'interprétation d'image. Ces compétences ajoutées à des grilles d'analyse lui permettent d'évaluer assez précisément la probabilité d'identification d'un navire illégal.

De 1997 à 2005, vingt trois navire de pêche illicite ont été détectés, arraisonnés, puis déroutés vers la réunion pour être enfin confisqués sur décision de justice. Ces arraisonnements ont portés préjudice à ceux qui exploitent la légine sans autorisation. Depuis 2001, la baisse des identifications et interceptions témoigne d'une forte diminution du braconnage. Pour autant la pêche illicite n'est pas totalement éradiquée. Plusieurs navires sont régulièrement observés en pêche aux bords des Zones Économiques Exclusives françaises.