lundi 26 décembre 2016

Arrivée du câblier pour la station d'écoute HA04 (1/2)

Depuis quelques jours, un câblier américain, le CS Decisive, est à pied d’œuvre sur Crozet. Ce navire est particulièrement impressionnant : il donne l'impression de rester immobile, même dans nos eaux souvent tourmentées. A vrai, dire, il est conçu pour cela, puisque le déploiement de câbles demande de pouvoir travailler avec une stabilité maximale.

Le Tyco CS Decisive vu depuis la plage de la BdM - Photos : Marine BENOISTE

A son arrivée, le brouillard environnait toute l'ile - ce qui ne l'a pas empêché de débuter son travail. Vue depuis le Bollard, on distinguait à peine la plage de la Baie du Marin.

Les albatros, plus occupés par la recherche d'un partenaire et par leurs parades, ne semblaient pas bien perturbés, ni par le brouillard, ni par la présence de ce gros navire - Photo : Régis GLIERE

Le câblier, en position, se distinguait difficilement à l'entrée de la baie.


Mais comme souvent - toujours ? - à Crozet, le temps change vite. Rapidement, nous avons pu observer bien mieux les travaux en cours.

Le navire déroulant son câble progressivement

La manœuvre consiste à déployer lentement un câble selon un tracé défini très précisément à l'avance. Celui-ci est d'abord retenu par des bouées, qui sont enlevées lorsque le câble est bien positionné. De la sorte, il tombe alors au bon endroit sur le fond.

Des zodiacs sont utilisés pour positionner convenablement le câble, puis retirer les bouées en temps utile

Et en cours de journée, le ciel nous permettait finalement de prendre ces belles photos !
 
Vue depuis les shelters des scientifiques

Encore une superbe perspective sur l'Ile de l'Est !

Dans un prochain article, nous vous expliquerons un peu plus en détail les raisons de la présence de ce navire, et les enjeux de ce projet, qui mobilise une équipe dédiée pendant un mois. A l'heure où j'écris ces lignes, l'installation se déroule presque idéalement, ce qui n'était pas un mince challenge au vu des conditions météo de ces derniers jours.

En attendant, vous pouvez toujours vous reporter à l'article de mon prédecesseur que je signalais récemment : 

http://ilescrozet.blogspot.com/2016/03/crozet-un-archipel-lecoute-du-monde.html

Et avec un jour de retard, je ne peux conclure sans souhaiter à chacun des lecteurs de ce blog un joyeux Noël !

vendredi 23 décembre 2016

Photo de la semaine : les sapins de Noël de Crozet

Sur Crozet, aucun arbre ne peut pousser. Cela ne nous a pas empêché de décorer la VieCom comme il se doit en cette saison de Noël, même si pour nous, l'ambiance est plutôt au travail, avec la campagne d'été qui bat son plein et le chantier en Baie du Marin (article à venir).

Les sapins d'intérieurs sont plutôt classiques, des plus grands modèles...

Sapin côté bar - Photos : Régis GLIERE

Sapin de la salle à manger

 ... aux plus petits !

Sapin du CroNiBar
Mini-sapin de l'ordinateur

Mais cette année, la vraie star est le sapin d'extérieur de Crozet. Oui, vous avez bien lu, un arbre a miraculeusement poussé, entre la Résidence et l'Hôpital ! A ce jour, il a résisté à des vents de 130km/h, nous avons donc bon espoir qu'il survive quelques années.

 Le sapin star de la base Alfred Faure

Planté profondément dans le sol, et fabriqué sur place à partir matériaux récupérés, l'empreinte carbone de cet arbre est minimale. Espérons qu'il ne soit pas classé dans la catégorie des EEE (espèces exotiques envahissantes), car il finira sinon arraché ou brûlé par notre agent RN (Réserve Naturelle) !

On ne voit plus que lui dans la nuit Crozétienne !

Joyeux Noël à tous les lecteurs et lectrices du blog !

lundi 19 décembre 2016

OP4 (MàJ)

Ajout à l'article précédent :

Pour ceux des lecteurs du blog qui l'ignoreraient, vous avez aussi la possibilité de suivre le déroulement des OP à travers le regard des touristes présents sur le Marion Dufresne à cette adresse :

http://www.taaf.fr/Journal-de-bord-du-Marion-Dufresne-OP4-2016

A chaque rotation, celui-ci embarque en effet une douzaine de passagers payants, qui ont ainsi l'occasion de pouvoir découvrir les trois districts austraux - et avec un peu de chance les Éparses, si le navire passe par là au retour, comme ce sera justement le cas pour les heureux passagers de cette rotation (escale une journée à Tromelin après Amsterdam).

Le MD depuis le Bollard - Photo : Alexandre SCHOULER

Ci-dessous, un extrait du site concernant le passage à Crozet (votre serviteur rougit encore de ces compliments...).

***

Jeudi 8 décembre


On est au mouillage depuis mercredi, 16h devant l’Île de la Possession, partie principale de l’archipel de Crozet. T° de l’air 5,2°C, de l’eau 4,8°C. Notre skipper sauvé s’appelle Kito De Pavant. Une vraie tête de skipper, barbu, échevelé, bronzé. Il discute volontiers avec tout un chacun.


Première vision de Crozet : Blanc, sur fond blanc. Et de l’eau bleu-noir autour. En trente minutes ça se lève devant nos yeux, mais incomplètement. Le premier accueil est assuré par un couple de manchots, au pied de la coque, qui ont l’air ravi d’avoir de la visite. Puis deux ou trois autres puis encore. Les équipes de scientifiques, et hivernants sont descendus par l’hélico dès hier fin d’après-midi quand le plafond s’est un peu levé.


Ce matin, mer d’huile, ciel bleu avec deux nuages qui se battent en duel. La valse de l’hélico commence très tôt avec priorité aux missions du Marion Dufresne. Nous les passagers sommes emmenés dès 8h45, avec une rotation toutes les 10 minutes. On atterrit sur la "Baie US" qui n’a d’US que le nom. C’est en fait l’embouchure de la rivière Moby Dick, au bout de la "vallée des branloires". Le sable est noir, et quasi recouvert de manchots. Ils font genre manif "Nuit debout" le jour. Beaucoup de bébés, marrons dans leur duvet. Les éléphants de mer sont beaucoup moins émotifs, étalés par dizaines, comme des rochers mous et gris. Souvent entassés les uns sur les autres. Ils laissent échapper des grognements, et surtout de puissantes flatulences de toutes sortes, du meilleur effet. L’odeur qu’ils dégagent (on le sait avant, mais ça surprend quand même), n’est pas spécialement sexy. On découvre aussi les "skuas", gros oiseaux bruns, peu craintifs, culottés, et même voleurs. L’un de nous se fait voler sa pomme dans sa main ! Les "chionis" (k) sont aussi très peu farouches, petites boules blanches de la taille d’un gros pigeon. En fin de journée on découvre sur la plage un couple de manchots papous, et plus loin dans un creux herbeux, une otarie, à la sieste, toute seule. Dernière image, deux trous boueux (des "souilles") proches de la plage, remplis chacun par un éléphant de mer complètement tartiné de boue. On m’explique qu’ils ne peuvent sortir de leurs trous qu’après une pluie qui les remplit d’eau. Ils ne devraient pas trop attendre à Crozet.


A propos de météo, tous les habitués nous disent n’avoir jamais eu une journée comme ça à Crozet : soleil du matin au soir. On rentre presque secs, sauf ceux qui ont rempli leurs bottes en traversant la rivière. On se séchera au bateau.

Marc

Vendredi 9 décembre


Crozet ? Pas Crozet ? Hélico ou pas ? On est suspendus aux caprices du vent, du brouillard et de la pluie (la pluie, pas tellement une gêne pour l’hélico). Et finalement ça se décide avec le concours des météorologues. On part à 13h45, par vagues successives comme d’habitude. De l’eau en bas, au-dessus, partout, du vent. Le transfert du bateau à la base Alfred Faure dure une minute. Le pilote est vraiment un as, impressionnant.

Sur la base on va surtout visiter des locaux. Mais dans les locaux il y a des humains (!!!!) qui travaillent (!!!!).Et on est super bien accueillis partout, à commencer par le DisCro (pour les non initiés, c’est le chef du District de Crozet, Dis-Cro). Il nous accueille avec l’écharpe tricolore comme si nous étions des ambassadeurs ! Jeune responsable de haut niveau, il a des pouvoirs étendus à la mesure de ses responsabilités. Il peut être OPJ, Officier d’Etat Civil, chef d’entreprise, psychologue… Il semble très à l’aise face à toutes les difficultés de sa fonction. Il nous reçoit dans son bureau (qu’il dit "mal rangé", il n’a pas vu le mien), et déroule avec humour et pédagogie le tableau quasi complet de la vie sur l’archipel. Nos remerciements sont sincères.


Nous serons ensuite reçus dans plusieurs labos où travaillent depuis des mois de jeunes ou moins jeunes chercheurs, en botanique, ornithologie, entomologie, biochimie, et j’en oublie. Chacun nous explique avec des mots compréhensibles ce qu’il (elle) fait. Un mélange de science, de passion, et de ténacité. Nous sortons de là ayant dépassé toutes les durées prévues pour ces visites, heureux, et presque étourdis .


Quelques minutes de crainte, toutefois, au moment de reprendre l’hélico, car le vent pousse quelques rafales à 45-47 nœuds…soit presque 90km/h ! Le pilote ne s’en laisse pas compter. Et tout ira bien.

Marc

mardi 13 décembre 2016

OP4 - 2016

La semaine dernière avait lieu l'OP4 - 2016 sur Crozet, entre le 7 et le 10 décembre.

Le MD vu depuis la Baie du Marin, avec en toile de fond la fabuleuse Ile de l'Est - Photo : Eric BACQUE

L'été est là, et cela se sent : nous avons bénéficié de trois jours de beau, voire grand beau temps, pour un seul jour de mauvais temps. Les touristes venus chercher la rigueur des Australes n'en revenaient pas. Le programme a donc pu être suivi sans difficulté, d'autant plus que le nombre de slings à passer n'était pas très élevé du fait de la proximité de la précédente OP.

L'OP4 a vu un certain nombre de VSC de la mission précédente nous quitter, tandis que certains campagnards d'été restés un mois repartaient déjà. Nous en avons donc profité pour réaliser notre deuxième photo de mission pendant celle-ci.

Les 45 hivernants et campagnards d'été présents entre OP3 et OP4

Mais cette escale marquait aussi l'arrivée de nouveaux personnels, notamment ceux du chantier de la station d'écoute HA-04, qui se déroulera pendant le mois de décembre. En attendant de vous en dire plus, vous pouvez déjà retrouver en suivant ce lien l'article que mon prédécesseur consacrait à ce sujet.

Outre les nouveaux arrivants, nous avons également accueilli un invité spécial, en la personne de Kito de PAVANT, skippeur de Bastide Otio, auquel le MD avait dû porter secours la veille en se détournant de son trajet vers Crozet. Par chance, le marin se trouvait à proximité de nos côtes.

La position de K. de PAVANT un peu avant que le MD doive lui porter assistance - Source : site du Vendée Globe

Depuis le Bollard, nous avons pu admirer une fois de plus ce magnifique bateau qu'est le MD pendant les opérations d'appareillage. Le temps splendide adoucissait un peu la tristesse de la séparation pour les VSC de la 53 restés ici pour un mois encore. Treize mois partagés ensemble forgent forcément des relations particulières.

Magnifique navire ! On distingue sur la passerelle les hivernants partant, avec lesquels nous pouvons communiquer par radio jusqu'à ce que le MD ne soit plus qu'un petit point à l'horizon - Photos : Alexandre SCHOULER

Bientôt, le Marion filait à vive allure vers Port-aux-Français, permettant à ses occupants d'admirer enfin la très désirée Ile de l'Est.



Pendant ce temps, la saison des amours bat son plein pour les albatros, revenus en masse ces derniers jours. Indifférents à notre présence sur le Bollard, ils paradent. Un spectacle toujours aussi captivant.


mardi 6 décembre 2016

Fête de la Sainte-Barbe

Dimanche dernier, nous fêtions sur le district la Sainte-Barbe. Barbe est en effet la patronne du Génie, corps auquel appartient notre responsable des infrastructures (appelé "Chef Infra" dans le langage TAAFien). C'était l'occasion pour le détachement de se retrouver en tenue de cérémonie pour un moment festif. Le temps était de plus au rendez-vous, comme le montre ce beau ciel bleu sous lequel chacun prend la pose.

Le détachement au grand complet - Photos : Gilles ROMEDER

La température dans l'ancienne serre, aujourd'hui reconvertie pour ce genre d'évènement, était de 34° ! Preuve s'il le fallait encore que, malgré plus de 300 jours de pluie par an, Crozet peut aussi avoir des airs méditerranéens qui n'ont rien à envier à Amsterdam.

Marine, Air, Terre : tous réunis par leur engagement au service des TAAF

Et en milieu de matinée, un invité surprise pointait le bout de son nez...

Fluffly, nouvelle mascotte de la 54 ! Retrouvez son blog en ce suivant ce lien

Pour marquer le coup, les cuisiniers avaient une fois de plus mis les petits plats dans les grands. Un repas fort apprécié, à l'image de cette belle journée d'avant OP.

La salle à manger de la Vie Com
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Légende de Sainte-Barbe

Sainte Barbe aurait vécu au milieu du IIIe siècle après Jésus Christ en Bithynie (pan nord-ouest de l'Anatolie) sous le règne de l’empereur Maximien. Son père, Dioscore, aurait été un riche édile païen d'origine phénicienne. Un jour, son père décida de marier Sainte Barbe à un homme de son choix; elle refusa et décida de se consacrer au Christ. Pour la punir, son père l’enferma dans une tour à deux fenêtres, mais un prêtre chrétien, déguisé en médecin, s’introduisit dans la tour et la baptisa.

Au retour d’un voyage de son père, Barbe lui apprit qu’elle avait percé une troisième fenêtre dans le mur de la tour pour représenter la Sainte Trinité et qu’elle était chrétienne. Furieux, le père mit le feu à la tour. Barbe réussit à s’enfuir, mais un berger découvrit sa cachette et avertit son père. Ce dernier la traîna devant le gouverneur romain de la province, qui la condamna au supplice. Comme la jeune fille refusait d’abjurer sa foi, le gouverneur ordonna au père de trancher lui-même la tête de sa fille. Elle fut d'abord torturée : on lui brûla certaines parties du corps et on lui arracha les seins, mais elle refusa toujours d'abjurer sa foi. Dioscore la décapita mais fut aussitôt châtié par le Ciel. Il mourut frappé par la foudre.

Quand les chrétiens vinrent demander le corps de la jeune martyre, ne voulant pas utiliser son prénom perse et ne pouvant pas se dévoiler en utilisant son prénom de baptême chrétien, ils ne purent en parler que comme « la jeune femme barbare », d'où le nom de sainte Barbara qui lui fut donné.

samedi 3 décembre 2016

Photo de la semaine : Pic du Mascarin

Dimanche dernier, dans le cadre des "passations", une manip du programme 136 (subantéco) avait lieu au sommet du Mascarin, point le plus haut de l'Ile de la Possession. C'est l'occasion de vous faire partager des magnifiques photos prises par un hivernant de la 53 depuis ce lieu, lors d'une journée exceptionnelle en début d'année.

Vue de l'Ile de l'Est depuis le sommet du Mascarin - photos : Julien TOMMASINO (mars 2016)

Ces passations consistent en un tuilage entre VSC sortants (mission 53) et VSC arrivés à OP3 (mission 54), qui leur permet de réaliser ensemble un certain nombre de manip' et de parcourir l'Ile et ses principaux sites de recherche.
 
Deux vues du Lac Perdu : ci-contre depuis le Mascarin
Autre vue, en cours de route. Au fond à gauche, le Cap Galliéni.Sur la droite, le Pic de Mascarin

Depuis le sommet du Pic, l'observateur jouit de panoramas exceptionnels, car le trajet suit une crête (l'arrête des Djinns) qui permet de bénéficier d'une vue à 360°.

On pouvait même ce jour là apercevoir l'Ile aux Cochons, distante de plus de 90 km (plein ouest)


La vallée des Branloires, avec tout au fond BUS

Sur deux de ces photos figurent les principaux toponymes, ce qui permettra à ceux qui ne connaissent pas encore l'Ile de mieux situer les différents lieux dont ils entendent parler dans les divers billets de ce blog.

 
Vue sur la vallée des Géants, plein ouest. On distingue la cabane de La Pérouse, minuscule ! Le col 600 est quant à lui un point de passage obligé pour se rendre à Pointe-Basse

Cette photo panoramique (plein est) s'est classée dans les 3 premières lors du concours de la meilleure photo organisé cette année entre les districts (cliquer dessus pour l’agrandir)