La base Alfred Faure accueille chaque année des scientifiques qui mènent des programmes de recherche, notamment sur le manchot royal. Aujourd'hui, Fabrice nous présente l'objet de ses travaux.
Le vieillissement est caractérisé par une perte progressive des fonctions de l’organisme et une plus grande susceptibilité au développement de pathologies comme le cancer, le diabète, les maladies cardiovasculaires et neurodégénératives. L’âge avançant, on observe généralement une moindre sensibilité à l’insuline et une concentration sanguine en glucose augmentée.
Le glucose est un substrat énergétique essentiel pour nos cellules, mais il est aussi capable de se lier spontanément à diverses autres molécules, dont les protéines : on parle de « glycation ». La glycation des protéines implique la réaction dite de Maillard, celle-là même qui intervient dans le brunissement des viandes dans nos poêles. Or certains produits de cette réaction sont nocifs pour nos cellules et ils s’accumulent avec l’âge, accélérant les processus du vieillissement (diabètes, neurodégénération).
Les oiseaux ont une durée de vie généralement supérieure à celle des mammifères de même masse, bien qu’ils aient les concentrations sanguines en glucose les plus élevées de tous les vertébrés. Une équipe de recherche Strasbourgeoise de l’IPHC, cherchant à mieux comprendre ce paradoxe, a déjà montré que l’hémoglobine du diamant mandarin, un petit passereau australien, résiste naturellement à la glycation. Cette résistance pourrait être due à des caractéristiques structurales particulières que l’équipe étudie grâce à des méthodes de spectrométrie de masse.
Pour aller plus loin dans la compréhension des mécanismes de protection des oiseaux vis-à-vis de la glycation des protéines, cette équipe s’intéresse aujourd’hui aux manchots royaux de l’Ile de la Possession (Archipel Crozet, Terres Australes et Antarctiques Françaises). La possibilité de suivre les manchots tout au long de leur cycle annuel dans le cadre des programmes de recherche de l’Institut polaire Paul Emile Victor permettra en effet de comprendre comment évoluent la concentration en glucose et l’abondance des glycations en lien avec les transitions Terre-Mer, ou plutôt Alimentation-Jeûne, qui s’imposent aux manchots lors de leur reproduction et de leur croissance. Les mécanismes cellulaires de protection contre les glycations seront aussi explorés.
En améliorant notre compréhension des pressions de sélection qui façonnent la résistance aux effets délétères des sucres, cette étude ouvrira la voie vers une meilleure connaissance des liens entre le métabolisme du glucose, la santé et le vieillissement.
Rédacteur : Fabrice Bertile
CNRS, Université de Strasbourg, Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien, Strasbourg
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