En débutant cet article, je me suis posé la question de savoir ce qui relevait du patrimoine, et ce qui pouvait être considéré comme vieilleries bonnes pour la casse... c'est en fait la même problématique que n'importe quelle ville: que conserver, que détruire?
L'histoire de Crozet est jeune, aussi des constructions datant d'une cinquantaine d'années (le début de l'implantation permanente sur l'île de la Possession) ont déjà une valeur patrimoniale.
En fait, on peut regrouper les traces du passé en trois périodes distinctes:
- celles de la période de l'exploitation des mammifères marins par des Américains (XIXème siècle);
- celles témoignant de la réaffirmation de la souveraineté française sur ces îles (jusque vers 1960)
- enfin celles liés à l'édification de la base permanente (à compter de 1963).
Si les îles de l'archipel ont bien été découvertes par Nicolas Thomas Marion Dufresne (son Second se nommant Julien Crozet) en 1772 , ce n'est qu'au XIXème siècle qu'elles commencent à présenter un intérêt commercial. La "Révolution industrielle" en Europe et aux États-Unis exige en effet de nombreuses matières premières, entrainant des bateaux à chasser baleines et autres mammifères marins dans l'Océan Austral. A Crozet, ce sont les éléphants de mer qui font les frais de cette chasse. Des équipages venus du Massachusetts (États Unis) effectuent des campagnes de chasse à Crozet pendant l'été austral. Parler de "chasse" est d'ailleurs un bien grand mot pour des animaux lents et sans défense, qui se laissent massacrer par milliers. Leur graisse est transformée en huile avant d'être stockée dans les citernes des bateaux.
De cette époque nous sont parvenus quelques photographies et quelques objets.
Le refuge de Baie Américaine en 2013: la même demi-sphère métallique reste bien visible mais les éléphants de mer sont revenus. |
Les deux autres chaudrons de Crozet ont été transportés sur la base Alfred Faure (photo juin 2013) |
A quelques centaines de mètres de la Baie Américaine se trouve la Baie du Hébé, autre haut lieu de la chasse aux éléphants de mer. Une photographie ancienne y représente un abri pour les "phoquiers", qui n'a pu être localisé que début 2013 (au départ de l'itinéraire menant à la Baie du Petit Caporal).
Enfin, pour en terminer avec cette époque, mentionnons l'existence d'un véritable "four phoquier" constitué de plusieurs dizaines de grosses pierres et d'un chaudron, à l'origine implanté dans un thalweg à quelques centaines de mètres au nord de la "Baie Américaine". Menacé par les éléments, il fut démonté et mis en caisse en 2006. Début 2013, les pierres ont été rapatriées sur la base Alfred Faure en attente d'une décision concernant la reconstruction du four à l'identique.
mars 2013: préparation du transport des pierres du four vers la base. |
Pendant la première moitié du XXème siècle, la souveraineté française sur l'archipel des îles Crozet a été réaffirmée de façon occasionnelle. De cette période subsistent deux bornes en béton, l'une en Baie Américaine, l'autre en Baie du Marin. La première, aux inscriptions aujourd'hui effacées par le temps, a été laissée en 1931 par l'aviso Antarès.
La seconde atteste du passage de l'aviso Bougainville en janvier 1939.
voir: http://www.philateliedestaaf.fr/HTML/Timbres/loupe/loupe-PO/PO351.htm
La borne située au dessus de la manchotière de la Baie du Marin (juin 2013) |
Après la seconde guerre mondiale, l'Australie et l'Afrique du Sud font
savoir aux puissances européennes que les îles australes doivent être
soit réellement occupées, soit cédées. Les îles Marion et du Prince
Edouard sont alors cédées à l'Afrique du Sud par le Royaume Uni. La
France, en revanche, envoie en 1949 l'aviso La Pérouse réaffirmer la souveraineté à Crozet, où une plaque de bronze est fixée, et à Kerguelen, où la première base va être créée.
Enfin, en 1961 et 1962, deux missions estivales préparent l'établissement d'une base permanente sur l'île de la Possession. La base initiale est installée l'année suivante en Baie du Marin, en plein dans la manchotière.
www.zapgillou.fr/fillod/
Il n'en subsiste que trois sur l'île de la Possession. D'abord l'ex "Vie Com", ex -BCR, ex-menuiserie, aujourd'hui en instance de démolition:
Cette "Fillod" ne doit un sursis qu'à la présence de fibrociment amianté dans ses flancs. A terme, elle devrait laisser la place à une déchetterie et à un local de stockage (photo juin 2013) |
En dehors de ces témoins de "plein air", divers objets et documents historiques sont conservés à la Résidence:
quelques uns des objets et outils anciens conservés à la Résidence |
Le prochain post de ce blog: bientôt, sur le thème de la "Mid-Winter" bien sûr !
(note: toutes photos couleur du discro)
1 commentaire:
Bonjour
Je vois une Fillod encore debout!!!!!! savez vous si elle a été finalement demontée? si c'est le cas savez vous ce que sont devenus les elements, car j'ai la meme mais en piteux etat. Je voudrais la restaurer? Merci de me renseigner a Zephd8220@hotmail.fr
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