A chaque venue du Marion Dufresne, une quantité importante
de produits frais (fruits, légumes, tubercules, etc.) est livrée sur chacun des
districts dont l’île de la Possession. Afin d’éviter l’introduction de
nouvelles espèces venues de contrées lointaines, depuis 2010, un contrôle de ces
produits frais est systématiquement réalisé.
Pourquoi réaliser
ce contrôle ?
Une étude publiée en 2007 par le programme de recherche
« Aliens in Antarctica » a mis en évidence le transport de nombreuses espèces exotiques (graines, débris végétaux, invertébrés, bactéries,
etc.) via le fret, l’équipement des personnels ainsi que les vivres frais débarquant sur les districts. Et le résultat est sans appel : des
centaines de graines d’espèces différentes et des dizaines d’espèces
d’invertébrés sont livrées en même temps que les produits frais. Ces espèces
exotiques, une fois introduites sur les îles australes, ont des conséquences
environnementales dommageables pour les milieux et les espèces natives, présentes
sur les îles australes françaises bien avant la venue de l’homme.
Comment le
contrôle se passe concrètement ?
Ce sont les agents de la Réserve naturelle (Naïs et Pierre)
et l’hivernante scientifique de l'Institut polaire français Paul-Emile Victor affectée au programme 136 (Mathilde), qui
ont la charge du protocole. Le lendemain du départ du Marion Dufresne, le
dimanche 25 août, le temps d’une matinée, tous les volontaires se sont réunis à
côté des frigos contenant les fruits et légumes réceptionnés quelques jours auparavant
et d’origines diverses. Par équipe, un contrôle minutieux de chaque produit
livré a été réalisé afin de détecter les potentiels invertébrés, graines et
autres débris végétaux. Ceux-ci seront envoyés en métropole afin d’être
identifiés. Également, les produits abîmés sont mis de côté pour être
rapidement utilisés en cuisine ; rien ne se perd sur Crozet, surtout pas
les produits frais !
Et cette fois encore, la chasse a été bonne :
- de nombreuses graines et débris végétaux (racines, feuilles, etc.)
- un puceron
- un moucheron
- des araignées
- des larves
- des fourmis
- et même … un escargot vivant ! Avec plusieurs milliers de kilomètres au compteur, c’est très certainement l’un des plus grands migrateurs de l’histoire des escargots !
2 commentaires:
Merci pour cet article très intéressant. On imagine la difficulté d'empêcher toute forme de vie (bactéries, aniamux, véétaux, champignons) portée par et dans les objets (nourriture ou autre) importés, portée dans et sur les personnes qui arrivent dans les TAAF. Les objets et bagages sont-ils irradiés aux rayons X pour éliminer toute forme de vie, comme certains matériels utilisés en biologie/médecine ?
Nous ne disposons pas de ce matériel. Toutefois les bagages de toutes personnes débarquant sur l'île sont systématiquement "biosécurisés", autrement dit ils sont nettoyés et aspirés afin d'éliminer les potentielles invertébrés, graines et autres débris végétaux. De plus, une solution bactéricide et fongicide est appliquée à certains matériels sensibles.
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