lundi 9 mars 2020

L'étude du vol des grands albatros


L’île de la Possession abrite une importante population de grands albatros, les oiseaux les plus grands du monde, avec une envergure d’ailes pouvant atteindre 3m50. Lors de leurs voyages alimentaires en mer, leur manière de planer en utilisant le vent (sans battre des ailes) leur permet de parcourir de longues distances tout en dépensant peu d’énergie. 

L’étude de cette optimisation du vol et de la sélection des zones de pêche est à l’honneur pour cette campagne d’été 2020. Le programme de recherche piloté par le Centre d’Etude Biologique de Chizé, en collaboration avec les universités de Tokyo et Liverpool, s’est intéressé aux caractéristiques du vol des grands albatros. Trois scientifiques (Timothée Poupart, Kentaro Sakamoto, Yusuke Goto) ont ainsi séjourné sur le district, et principalement à la cabane de Pointe Basse, là où se trouve la plus grande colonie de l’île appelée le Champ des Albatros.

Grand albatros mâle incubant son œuf
Leur travail a consisté à poser des petits capteurs sur le dos d’albatros, enregistrant leurs données de vol. Pour cela, le maître-mot est la patience ! Car pour couver l’œuf, le mâle et la femelle se relaient à tour de rôle sur le nid. Et c’est au moment de leurs relèves que les scientifiques doivent intervenir pour poser un capteur. Les relèves pouvant se passer à tout moment, il a fallu rester en observation continue durant de nombreuses journées, dans les conditions météorologiques crozétiennes, pour mener à bien la mission.

Colline donnant sur le Champ des albatros, poste d'observation
des scientifiques
Déploiement de matériel

Voici le trajet effectué par un albatros, renseigné par l’un de ces capteurs. Parti 23 jours consécutifs en mer, l’albatros a parcouru 16'306 km à une vitesse moyenne de 29 km/h. Ce mâle s’est d’abord rendu sur le plateau de Kerguelen, avant de continuer au Sud de Crozet dans les eaux antarctiques.

Trajet en mer d’un grand albatros de Crozet, nichant à Pointe Basse

Albatros en vol équipé d'une balise
Ces informations permettront par la suite de mieux connaître l’utilisation du vent par les albatros au cours de leurs voyages en mer, ainsi que l’orientation de leur recherche alimentaire dans l’immensité du paysage marin. L’éclosion prochaine des poussins va bientôt raccourcir la durée des trajets en mer, et les trois scientifiques arrivent bientôt au terme de leur travail de terrain. Ils repartiront fin mars, au prochain passage du Marion Dufresne, pour rapporter les balises dans leurs centres de recherche afin que les données recueillies soient analysées. Les albatros, eux, vont continuer de se relayer pour garder le poussin pendant les prochaines semaines, avant de le laisser seul sur le nid et de le nourrir jusque la fin de l’année.

Un couple de grands albatros au moment de la relève pour l'incubation de leur œuf

Photos de Y. Goto, K. Sakamoto, T. Poupart et A. Dupont
Merci aux scientifiques de ce programme pour leur aide dans 
la rédaction de cet article!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Toujours, très intéressant, merci à vous tous.
Benard de l'Aveyron