Pour ceux des lecteurs du blog qui l'ignoreraient, vous avez aussi la possibilité de suivre le déroulement des OP à travers le regard des touristes présents sur le Marion Dufresne à cette adresse :
http://www.taaf.fr/Journal-de-bord-du-Marion-Dufresne-OP4-2016
A chaque rotation, celui-ci embarque en effet une douzaine de passagers payants, qui ont ainsi l'occasion de pouvoir découvrir les trois districts austraux - et avec un peu de chance les Éparses, si le navire passe par là au retour, comme ce sera justement le cas pour les heureux passagers de cette rotation (escale une journée à Tromelin après Amsterdam).
Ci-dessous, un extrait du site concernant le passage à Crozet (votre serviteur rougit encore de ces compliments...).
***
Jeudi 8 décembre
On est au mouillage depuis mercredi, 16h devant l’Île de la
Possession, partie principale de l’archipel de Crozet. T° de l’air
5,2°C, de l’eau 4,8°C. Notre skipper sauvé s’appelle Kito De Pavant. Une
vraie tête de skipper, barbu, échevelé, bronzé. Il discute volontiers
avec tout un chacun.
Première vision de Crozet : Blanc, sur fond blanc. Et de l’eau
bleu-noir autour. En trente minutes ça se lève devant nos yeux, mais
incomplètement. Le premier accueil est assuré par un couple de manchots,
au pied de la coque, qui ont l’air ravi d’avoir de la visite. Puis deux
ou trois autres puis encore. Les équipes de scientifiques, et
hivernants sont descendus par l’hélico dès hier fin d’après-midi quand
le plafond s’est un peu levé.
Ce matin, mer d’huile, ciel bleu avec deux nuages qui se battent en
duel. La valse de l’hélico commence très tôt avec priorité aux missions
du Marion Dufresne. Nous les passagers sommes emmenés dès 8h45, avec une
rotation toutes les 10 minutes. On atterrit sur la "Baie US" qui n’a
d’US que le nom. C’est en fait l’embouchure de la rivière Moby Dick, au
bout de la "vallée des branloires". Le sable est noir, et quasi
recouvert de manchots. Ils font genre manif "Nuit debout" le jour.
Beaucoup de bébés, marrons dans leur duvet. Les éléphants de mer sont
beaucoup moins émotifs, étalés par dizaines, comme des rochers mous et
gris. Souvent entassés les uns sur les autres. Ils laissent échapper des
grognements, et surtout de puissantes flatulences de toutes sortes, du
meilleur effet. L’odeur qu’ils dégagent (on le sait avant, mais ça
surprend quand même), n’est pas spécialement sexy. On découvre aussi les
"skuas", gros oiseaux bruns, peu craintifs, culottés, et même voleurs.
L’un de nous se fait voler sa pomme dans sa main ! Les "chionis" (k)
sont aussi très peu farouches, petites boules blanches de la taille d’un
gros pigeon. En fin de journée on découvre sur la plage un couple de
manchots papous, et plus loin dans un creux herbeux, une otarie, à la
sieste, toute seule. Dernière image, deux trous boueux (des "souilles")
proches de la plage, remplis chacun par un éléphant de mer complètement
tartiné de boue. On m’explique qu’ils ne peuvent sortir de leurs trous
qu’après une pluie qui les remplit d’eau. Ils ne devraient pas trop
attendre à Crozet.
A propos de météo, tous les habitués nous disent n’avoir jamais eu
une journée comme ça à Crozet : soleil du matin au soir. On rentre
presque secs, sauf ceux qui ont rempli leurs bottes en traversant la
rivière. On se séchera au bateau.
Marc
Vendredi 9 décembre
Crozet ? Pas Crozet ? Hélico ou pas ? On est suspendus aux caprices
du vent, du brouillard et de la pluie (la pluie, pas tellement une gêne
pour l’hélico). Et finalement ça se décide avec le concours des
météorologues. On part à 13h45, par vagues successives comme d’habitude.
De l’eau en bas, au-dessus, partout, du vent. Le transfert du bateau à
la base Alfred Faure dure une minute. Le pilote est vraiment un as,
impressionnant.
Sur la base on va surtout visiter des locaux. Mais dans les locaux il y a des humains (!!!!) qui travaillent (!!!!).Et on est super bien accueillis partout, à commencer par le DisCro (pour les non initiés, c’est le chef du District de Crozet, Dis-Cro). Il nous accueille avec l’écharpe tricolore comme si nous étions des ambassadeurs ! Jeune responsable de haut niveau, il a des pouvoirs étendus à la mesure de ses responsabilités. Il peut être OPJ, Officier d’Etat Civil, chef d’entreprise, psychologue… Il semble très à l’aise face à toutes les difficultés de sa fonction. Il nous reçoit dans son bureau (qu’il dit "mal rangé", il n’a pas vu le mien), et déroule avec humour et pédagogie le tableau quasi complet de la vie sur l’archipel. Nos remerciements sont sincères.
Nous serons ensuite reçus dans plusieurs labos où travaillent depuis
des mois de jeunes ou moins jeunes chercheurs, en botanique,
ornithologie, entomologie, biochimie, et j’en oublie. Chacun nous
explique avec des mots compréhensibles ce qu’il (elle) fait. Un mélange
de science, de passion, et de ténacité. Nous sortons de là ayant dépassé
toutes les durées prévues pour ces visites, heureux, et presque
étourdis .
Quelques minutes de crainte, toutefois, au moment de reprendre
l’hélico, car le vent pousse quelques rafales à 45-47 nœuds…soit presque
90km/h ! Le pilote ne s’en laisse pas compter. Et tout ira bien.
Marc
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