Historique des cultures sur la base Alfred Faure:
Les premières traces de cultures à Crozet remontent à 1967 avec l’installation d’une première serre ainsi que d’un poulailler au niveau d’un bâtiment de stockage, mais c’est en 1972 qu’une serre digne de ce nom est construite, cette installation a été démontée en 1985.
Elle sera remplacée par une serre avec une structure en acier galvanisé (CELAIR).
Puis à la suite d’importants dégâts survenus au cours d’une tempête en 2001, cette serre est à son tour démontée. En juin 2002, une nouvelle serre en structure aluminium anodisé (SEPALUMIS) est construite sur le même emplacement. C’est la structure actuelle.
Pourquoi stopper les cultures sur les îles australes ?
Depuis plusieurs années, les scientifiques avec l'administration des Terres Australes et Antarctiques Françaises ont étudié le risque avéré que constituent les serres de Crozet et de Kerguelen pour le maintien de la biodiversité exceptionnelle de ces îles.
En effet, avec le classement des Iles Australes Françaises en Réserve Naturelle Décret 2006-1211 du 3 octobre 2006), l’Etat Français a reconnu leur valeur patrimoniale et le caractère unique des écosystèmes qu’elles abritent. Il établit en conséquence une réglementation qui vise à renforcer la protection de leur environnement, et en particulier celle de leur biodiversité.
Les serres, mises en place sur les bases pour la production de légumes frais, ont joué un rôle important dans la dégradation de cette biodiversité. Elles ont constitué une voie d’introduction privilégiée pour certaines espèces non subantarctiques en réunissant les conditions optimales d’une phase initiale de colonisation. Dans les serres en effet, les conditions de température peuvent autoriser le maintien et le déroulement du cycle de ces espèces généralement originaires de régions tempérées.
Elles sont donc une “ zone de survie et d’acclimatation ”, véritable sas d'entrée dans le subantarctique et étape préalable à une éventuelle extension au milieu naturel de certaines espèces pour lesquelles les températures extérieures sont proches des seuils de développement.
Quelques exemples :
- Les pucerons : La présence du puceron cosmopolite Myzus persicae dans les serres de Kerguelen en 2001. En 2008 cette espèce a été observée à l’extérieur des serres et, si son implantation est confirmée, sa biologie pourrait lui permettre une extension rapide sur l’archipel. Les pucerons peuvent être responsables de la transmission de maladies (virus) aux plantes locales.
- Les vers de terre : Dès 1982, un ver de terre originaire d’Europe (Dendrodrilus rubidus tenuis) était signalé dans les serres de Crozet, importé vraisemblablement avec du terreau de France. Aujourd’hui cette espèce envahissante est présente dans une grande partie de la Vallée du Marin et, après une introduction secondaire probablement accidentelle, elle s’étend très rapidement à la Baie Américaine et dans la Vallée des Branloires. En janvier 2004 une autre espèce non citée de Kerguelen (Allobophora chlorotica chlorotica) a été trouvée pour la première fois à proximité des serres. Dendrodrilus présente le même habitat et régime alimentaire que les vers de terre subantarctiques et entre donc en compétition avec ces espèces endémiques∗. Allobophora quant à lui vit plus profondément dans le sol et pourrait avoir un impact important sur les caractéristiques du sol lui-même, et donc sur la végétation locale.
- Plantes : Les sachets de graines importés sur les districts pour les cultures sous serre ne sont généralement pas exempts de graines de mauvaises herbes susceptibles de se développer dans les serres avant de coloniser l’extérieur. A titre d’exemple de telle plante, on peut citer le développement important dans la serre de Crozet dès le début des années 2000 de Stellariamedia. Cette stellaire a ensuite été transportée accidentellement à la Mare aux Eléphants où elle se développe aujourd’hui.
Enfin, les cultures sous serres peuvent s’accompagner du développement de maladies phytosanitaires qui, elles aussi, peuvent être transmise à la flore locale. Bien que l’origine du Champignon qui attaque depuis une période récente le Chou de Kerguelen ne soit pas exactement connue, il est vraisemblable qu’il se soit développé dans un premier temps sur les cultures de crucifères dans les serres.
Au départ, une décision incomprise par les hivernants !
Cette fermeture des serres est envisagée depuis des années, et à Crozet, de nombreux débats, discussions, explications ont permis de mieux comprendre cette démarche. Rien n’est facile, mais les connaissances évoluent et les personnes d’aujourd’hui sont plus impliquées dans le respect de l’environnement, le tri des déchets (tout est traité, conditionné et évacué), les économies d’énergies, les énergies renouvelables… L’impact humain sur « les îles habitées » doit être réduit au plus strict minimum.
Crozet 1er district à stopper les cultures sous serre.
C’est lors de l’OP3-2008, avec la visite du Préfet Administrateur Supérieur des TAAF que la décision a été prise. Cette décision, fait suite à une large concertation, elle est accompagnée par deux points importants. Le premier, la conservation et la transformation de la structure de l’ancienne serre par les hivernants eux-mêmes, en un lieu de vie et de loisirs. La deuxième, une plus grande collaboration avec les navires de surveillance, qui pourront déposer sur les districts, des fruits et légumes lors de leurs passages.
C’est lors de l’OP3-2008, avec la visite du Préfet Administrateur Supérieur des TAAF que la décision a été prise. Cette décision, fait suite à une large concertation, elle est accompagnée par deux points importants. Le premier, la conservation et la transformation de la structure de l’ancienne serre par les hivernants eux-mêmes, en un lieu de vie et de loisirs. La deuxième, une plus grande collaboration avec les navires de surveillance, qui pourront déposer sur les districts, des fruits et légumes lors de leurs passages.
Le Pommier de Crozet, seul arbre de l'archipel est conservé ! Juste un petite taille avant l'hiver austral
Fermeture de la Serre et ouverture d’un « jardin d’hier » - mais sans végétation ! Après un mois de travaux, mai a vu l’ouverture du jardin d’hiver (ex serre), lieu de repos convivial, avec en prime des séances de luminothérapie solaire, sur transat, une grande dose de lumière naturelle est toujours agréable pour le moral en période hivernale.
Cette espace d’environ de 80 m² permet aussi d’organiser des repas... L’ancienne terre utilisée pour les cultures, a été isolée de façon étanche par 2 films spéciaux et du sable de Crozet (lavé) a été mis en place dans la moitié droite. Sur l’autre moitié de la surface, un plancher réalisé avec des matériaux de récupération a été posé, des tables ont été réalisées par l’infrastructure avec le stock de bois de l’ancienne menuiserie et une table de ping-pong a rejoint la serre.. A noter que sans chauffage, lors des journées ensoleillées, la température peut atteindre entre 24 et 30°C entre midi et 15 heures. Les missions suivantes pourront décorer, améliorer le confort de cet espace qui sera apprécié par les générations de Crozétiens à venir, principalement lors des courtes journées d’hiver !
Anciens de Crozet, visiteurs - Régissez à cet article ! Merci
Anciens de Crozet, visiteurs - Régissez à cet article ! Merci
2 commentaires:
Bravo pour la fin des cultures. Je ne sais pas quel ampleur cela avait pris! Mais en 78/79 nous n'avions que des salades qui avaient bien du mal à pousser. Et puis des radis qui ne devenaient jamais radis mais dont nous faisions des salades avec les feuilles. Ca pique un peux mais quand on a manquer de légumes frais durant 6 mois on trouve cela délicieux.Les graines sous contrôle exclusif du Discro. La terre de Crozet ammendé avec le fumier des poules et du cochon.Pas de terreau importé. Les problèmes écologiques que nous avons eu à gérer étaient la confirmation qu'après la dernière campagne de chasse il n'y avait plus de moutons sur l'île et puis les rats. Je me souviens des piègeages de rats avec sourir...!quelques bonne partie de rigolade. Y en a-t-il encore? @+Christian
Merci pour ton message, cela fait toujours plaisir d'avoir des témoignages d'anciens hivernants, surtout pour les plus jeunes d’entre nous, qui ne peuvent imaginer les conditions de vie des anciennes missions. Pour ta question, en effet, l'île de la Possession ne c'est pas débrasée de ses rats qui sont probablement arrivés avec les premiers bateaux et autres caisses de matériel. La population sur base est "régulée" par notre électricien de la centrale Olivier, qui parfois doit faire face à des incidents électriques liés à l'appétit féroce de ces voisins aux dents aiguisées. A très bientôt sur ilescrozet.blogspot.com Patrick le DisCro de la 46
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