Partis de la Base Alfred Faure le 22 septembre, un groupe de cinq Crozétiens s'est aventuré vers Pointe Basse pour une petite semaine: Franck (ornitho et "chef de manip") , Sylvia (manchologue), Guillaume ( notre responsable des approvisionnements), Yann (responsable de la production d'énergie, également en charge de la sécurité) et François (chef du district). Le but de l'opération était principalement de finaliser la pose de bague sur les poussins de grand albatros, tous les oiseaux de cette espèce nés sur l'île de la Possession devant être bagués pour permettre leur suivi. Le premier jour, le petit groupe a donc parcouru les 18 kilomètres qui séparent la base du refuge de Pointe Basse, en franchissant deux cols au passage (les genoux souffrent un peu dans les descentes!). En milieu d'après midi, arrivée à l'Arbec de Pointe Basse (classé ***NN selon la norme crozétienne):
En fin d'après midi, les opérations commencent sur les premiers nids d'albatros, pour se poursuivre le lendemain en profitant d'une météo clémente. En arrivant sur le nid, la première opération consiste à saisir l'animal, en commençant par le bec, puis en le maintenant au sol. Cela nécessite un mélange de détermination et de précision dans le geste, mais sans brutalité: les poussins en questions sont de beaux bébés de 12 à 13 kg, mais restent des animaux fragiles qu'il convient de ne pas trop stresser. Deux "catcheurs" se sont illustrés: Yann et Guillaume (sur la photo, Yann est à la manœuvre):
Il faut préciser que, pour manifester son mécontentement, l'albatros vomit sur son "agresseur" une bouillie nauséabonde à base de calmar à demi-digéré... d'où la tenue de pêcheur du catcheur. L'opération suivante est la pose par l'ornitho (Franck, en veste bleue) d'une bague à la patte. Simultanément, un autre "manipeur" prélève deux petites plumes sur le dos du poussin, pour examens d'ADN ultérieurs. Le "scribe" (ici Sylvia, veste rouge) note de son côté la correspondance entre le numéro du nid et celui de la bague, et assiste le preneur de plumes qui aurait souvent besoin d'une troisième main ! (le catcheur est ici Guillaume).
Sur certains individus, un suivi complémentaire est effectué à l'occasion du baguage: mesures du tarse (sur la patte), de la longueur d'une partie de l'aile et mesures du bec, puis pesée de l'animal. Franck officie, le scribe note les mesures....et le catcheur peut se détendre un peu. L'observateur attentif notera:
-les raquettes aux pieds des manipeurs (le sol gorgé d'eau est très mou et la végétation fragile par endroits)
-l'élastique autour du bec du poussin, pour prévenir toute réaction malvenue de l'animal...
Le travail de catcheur est particulièrement fatiguant, en raison de la position inconfortable, de l'exposition prolongée au froid, à l'eau et aux régurgitations des poussins... c'est pourquoi un petit moment de repos au sec et à l'abri du vent est le bienvenu ! Très vite, on apprend que les zones recouvertes de blechnum (fougère dont la variété locale penna-marina est rase et dure) sont en général plus sèches et stables que les autres, de plus cette plante est résistante au piétinement: c'est donc là qu'on s'installera !
Un dernière vue du "Champ des Albatros".... à cet endroit, les nids sont très rapprochés, mais parfois il faut progresser péniblement, avec les raquettes, sur 500 mètres pour y trouver quelques nids isolés!
Retour à la cabane ("arbec" dans la terminologie locale) pour une soirée conviviale au chaud et au sec! Le lendemain lundi 24, fin du travail sur les albatros de Pointe Basse et comptage des poussins de manchot royal depuis les sites de la "Mare aux Éléphants" et du "Jardin Japonais". Sur la photo ci-dessous: vue de la zone humide de la Grande Coulée (on distingue le chemin de caillebotis qui protège les mousses) depuis le chemin qui mène au col de la Mare aux Éléphants.
Lundi en soirée, les prévisions météo transmises par radio depuis la Base ne sont guère engageantes, on s'achemine vers une "journée off" en arbec... Mardi matin, après le petit déjeuner (de gauche à droite: Guillaume, Franck, Sylvia)....
...on met le nez dehors. Effectivement, le vent du sud apporte la neige avec lui et ce n'est donc pas une journée à tenter un déplacement vers la "Baie Américaine" pour la suite du programme (l'objet bizarre sur le radier, en haut des marches, est une vertèbre de baleine):
Le mercredi matin, le vent est un peu tombé, mais la neige est toujours là. On prend la route du "col 500" qui doit nous mener vers la "Baie Américaine"....malgré le manque de visibilité, Franck guide avec assurance la petite troupe à travers la montagne.
Nous redescendons par la vallée de la Hébé, en marchant parfois le long de la sinueuse rivière, parfois dedans... avec au final une pénible remontée sur la crête de l'Alouette, d'où la vue sur la Hébé est superbe (photo). Franck repérera l'aileron d'un orque au large du Cap de l'Antarès...
Après la crête de l'Alouette, une courte marche nous mène au "Cairn aux oreilles de lapin", d'où on aperçoit enfin la "Baie Américaine", terme de notre marche de la journée.
La fin d'après midi est consacrée au baguage d'une dizaine de poussins d'albatros ayant leur nid à la Baie US. Sur la plage, les femelles d'éléphant de mer ont presque toutes mis bas (le nouveau-né pèse quand même une quarantaine de kilogrammes). Ces arrivées ne sont peut-être pas étrangères au retour des orques dans le secteur.....
Le confort plus spartiate de l'arbec local (classé ** NN) est néanmoins bien agréable à l'heure du dîner (de gauche à droite: Guillaume, Sylvia et François).
Bien d'autres "manips" scientifiques sont prévues dans les prochaines semaines, ce blog les relatera au gré des contributions de leurs participants!
François
Discro 50ème mission
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