Par sa population en cette mi-novembre, Crozet a détrôné Kerguelen! Ce sont en effet 145 personnes qui résident sur la base Alfred Faure depuis le 17 novembre, et cela pour encore six à dix jours. L'histoire commence tôt le matin du 14 novembre: le Marion Dufresne vient de quitter le secteur de Pointe Basse, d'où l'hélicoptère était en mission de ravitaillement de l'arbec, et se dirige vers La Pérouse pour une mission identique, avant de rejoindre la Baie du Marin pour l'essentiel de l'opération logistique. C'est à ce moment qu'il racle les hauts fonds à hauteur de la pointe des Moines, à l'ouest de l'île. L'idée de ravitailler La Pérouse est alors abandonnée, et le M.D. se dirige directement vers la Baie du Marin, devant la base, pour commencer le débarquement des passagers et une évaluation des avaries subies en matinée.
Dès 14h00, une vingtaine de personnes (pour l'essentiel la relève des scientifiques de la mission 49, ainsi que le nouveau médecin) sont débarquées par hélicoptère. Ce sont ensuite des dizaines de caisses de vivres et de matériel qui arrivent sur la base. Jusqu'ici, rien d’extraordinaire dans le cadre d'une OP... Dans la soirée, les dommages du Marion Dufresne sont évalués comme ne lui permettant plus d'assurer le transport de passagers, la décision est prise de procéder progressivement au transfert des passagers et d'une partie de l'équipage sur Crozet.
Le 15, de nouveaux passagers rejoignent la base tandis que se poursuivent les "slings" de vivres, et notamment celles destinées aux districts de Kerguelen et Amsterdam, puisque le Marion Dufresne devra désormais prendre directement la route d'un chantier naval sud-africain.
Le 16, les derniers passagers du Marion arrivent sur base, rejoints par quelques hommes d'équipage du MD qui viennent renforcer l'équipe des cuisiniers. Photo prise le 17 à 13h30:
Enfin, le 17 dans l'après-midi ce sont vingt officiers et marins du MD qui débarquent à Crozet: le navire rentrera donc avec un équipage réduit.
Les pales de l'hélicoptère sont démontées pour lui permettre de rentrer dans un hangar avant l'arrivée de la tempête: le mécanicien y travaille, tandis que le pilote (pantalon orange) suit les opérations en compagnie de Philippe (chef garage de Crozet) et de Cécile (scientifique devant rejoindre Kerguelen). La manche à air montre un fort vent d'ouest !
En quelques jours, l'effectif sur base passe donc de 23 à 145... avec une population hétérogène, composée de scientifiques (jeunes et moins jeunes) rattachés à l'IPEV, d'agents de la Réserve Naturelle, de passagers payants venus découvrir les îles australes, de cadres et techniciens des TAAF, de contractuels réunionnais, de militaires, de membres de l'équipage du MD (français, malgaches, roumains) sans oublier le pilote et le mécanicien de l'hélicoptère.... Au delà de la fonction, il y a ceux qui devaient rentrer, ceux qui arrivent pour un an, les campagnards d'été des trois districts, ceux qui devaient passer deux ou trois jours à Crozet, ceux qui ne devaient pas y débarquer du tout ! Bref, un gros effort d'organisation a été fait pour en priorité loger et nourrir tout ce monde, et ensuite occuper au mieux les arrivant tout en les sensibilisant aux contraintes et aux règles de vie sur base.
Malgré une promiscuité qui ne changera pas ceux qui connaissent les soirées en "arbec", la vie à 145 s'organise au prix de quelques contraintes. Nous parvenons même à permettre, sinon favoriser, des sorties scientifiques et loisirs dans un périmètre proche de la base. Au moment où j'écris ces lignes, une tempête de force 10 à l'approche oblige tout le monde à rester sur base, mais dès mardi nous espérons pouvoir reprendre une activité normale: sorties à la Baie Américaine pour scientifiques et touristes, "manip ornitho" à Pointe Basse, ravitaillement par hélicoptère des arbecs.
Le câblier "Léon Thévenin" fait actuellement route pour Crozet et ramènera certains de nos "Robinsons" en Afrique du Sud, avec une arrivée au Cap prévue pour le 30 novembre. La base reviendra alors à un effectif d'environ 60 personnes, jusqu'au passage à Crozet de l'Osiris puis de la Curieuse, qui transféreront sur Kerguelen et Amsterdam ceux qui doivent s'y rendre. Mi décembre, la base Alfred Faure devrait donc redevenir "familiale" avec environ 35 personnes. Restera alors le souvenir d'une OP pas comme les autres....
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