lundi 12 février 2018

Escale du Nivôse à Port Alfred début février


Bienvenue à nos marins


Il y avait eu une violente tempête la veille avec une mer démontée et des vents de force 11, une façon pour Crozet d'accueillir avec les honneurs le Nivôse en campagne de surveillance dans les TAAF pour plusieurs semaines et de passage, en ce début février, dans la Zone Economique Exclusive (ZEE) du district. 

Cette frégate de surveillance est un élément essentiel de la souveraineté française dans la région. A côté du maintien de bases sur les archipels des Terres Australes Françaises, elle participe à l'affirmation de la présence française dans le sud de l'Océan Indien et assure, en outre, la sécurité des populations qui y séjournent, fût-ce de façon temporaire. Le Nivôse participe aussi très activement au contrôle des pêches, notamment celle de la légine. Ainsi quelques jours avant de rendre visite à la base Alfred Faure, le bâtiment naviguait à la limite des eaux internationales à l'ouest de l'archipel pour dissuader toute incursion de navires non autorisés dans les eaux poissonneuses du district. Sans la présence de la Marine Nationale et des bateaux de contrôle des pêches comme l'Osiris (voir notre article de décembre), la pression sur la ressource halieutique serait insupportable. Les enjeux en matière de préservation et en termes économiques sont donc considérables. Il en va de la survivance de la flottille de palangriers de la Réunion, qui fait vivre plusieurs centaines de personnes.

L'arrivée d'un bateau est aussi pour la base un des rares occasions de s'évader temporairement de son isolement et d'accueillir des visiteurs. Une escale est en effet et aussi un moment de respiration pour la mission : de nouvelles rencontres, des histoires à entendre, d'autres à raconter, un lien ténu avec le pays, etc. La présence d'un bateau au mouillage de Port Alfred est aussi une image rassurante : nous ne sommes pas tout seuls ici, et s'il y a un problème nous pourrons compter sur ces hommes et femmes avec qui croisent autour de nos confettis de terre pour nous venir en aide.


L'escale du Nivôse comme si vous y étiez ...


Pour d'évidentes questions de confidentialité, nous ne pouvons pas vous dévoiler toutes les facettes de l'escale, mais en voici une chronologie fidèle, quoiqu'un peu "condensée" : 

Les jours qui précédaient ...

  • Contact avec l’officier opérations : annonce de l’arrivée du Nivôse pour une durée de deux à trois jours en fonction de la météo.
  • Organisation de l’escale et des échanges de personnels entre la base et le bateau.
  • Rappel des règles de biosécurité et rejets de déchets dans la zone de protection maritime.       Nota : Consignes parfaitement respectées, avec une rigueur toute militaire à saluer ! 
Jour 1
  • Contact radio avec le Nivôse sur le canal VHF longue portée et pratiquement au même moment contact visuel par une de nos équipes scientifiques sur le terrain en dehors de la base.
  • Mouillage du Nivôse en Baie du Marin. Compte tenu de la houle et des conditions de marée, nous optons pour un débarquement par beachage
  • Equipe de Crozet parée, zone de beachage préparée (ie. installation des dispositifs de sécurité, pose de barrières mobiles pour la protection de la faune).
  • Rotations de débarquement avec deux zodiacs. Accueil par le Discro, consigne quant au dérangement de la faune, remise des passeports des personnels du Nivôse par le commissaire de bord, descendu à terre.
  • Prise en main des groupes de débarquants par un agent de la Réserve pour faire visiter la manchotière, le Bollard, les installations de la base. La gérance postale et la coop sont ouvertes.
  • Dans la soirée, rotations retour pour quelques personnes, les autres sont invitées à rester à terre pour dîner et passer la nuit sur la base.
Longue nuit. Mot d'ordre "ce qui se passe à Crozet reste à Crozet"

Jour 2
  • Au petit matin, l'équipe de plage de Crozet est parée, zone de beachage préparée (marée basse à nouveau). 
  • Début des rotations : le Nivôse récupère son personnel descendu la veille et débarque un nouveau groupe de visiteurs ; neuf personnes de la base sont invitées à passer la matinée et déjeuner à bord (ceux et celles en astreinte de sécurité ou avec des fonctions particulières lors des escales n'ont cette chance, cette fois-ci).
  • Allers-retours de plusieurs groupes. Au total près de quatre-vingt personnes pourront poser le pied à terre. Pendant la journée les groupes débarqués du Nivôse sont pris en charge et encadrés dans les mêmes conditions que la veille. Gérance postale et coop ouvertes. 
  • Le Discro fait visiter au Commandant les installations de la base ... au pas de course ! 
  • Dernières rotations retour vers le Nivôse.
  • Appel des effectifs. Derniers échanges radio avec le Nivôse.
  • Départ du Nivôse.

Merci à tout l'équipage du Nivôse et tout particulièrement à son Commandant Pierre Lucas pour cette escale, à n'en pas douter un chapitre inoubliable de la mission 55.

Voir aussi : un nouveau pavillon tricolore sur Crozet

Photos de Mélissa Anne et Pome Bernos.


Le Nivôse mouillant en Baie du Marin, face à Port Alfred, pour deux jours de visite en ce début février 2018. La passage de la frégate de surveillance est pour les membres de la base un moment privilégié et rare pour rencontrer les marins qui garantissent la sécurité de la Zone Economique Exclusive (ZEE) de Crozet. Ils nous offrent un pause bienvenue dans notre isolement au coeur des quarantième rugissants.
Les zodiac du bord vont bientôt être mis à l'eau. La marée est basse et les débarquements sur le wharf étant impossibles, il va falloir beacher (ie. les zodiac vont venir s'échouer sur la plage pour déposer leurs passagers). Caroline et Rébecca, manchologues locataires de Port Alfred, entament une danse captivante pour inciter les occupants des lieux à laisser un peu d'espacer pour les manoeuvre.
Mais quelle est cette secte très étrange ? Vincent et Douglas (eux aussi manchologues) s'y mettent aussi ...
La plage enfin dégagée, la noria des embarquements et des débarquements peut commencer. Près de quatre-vingt marins seront accueillis à terre (il y a du monde sur une frégate de surveillance de la classe du Nivôse) et neuf résidents de la base seront invités à séjourner un moment à bord.


Visite de la "tour de contrôle" de l'hélicoptère embarqué à bord du Nivôse (un panther), passage par les différents carrés du bord ainsi qu'à travers les zones techniques et de vie du bâtiment, en terminant pas la passerelle ... le Commandant de Frégate Pierre Lucas nous fait l'honneur de nous accueillir avec tout son équipage. Merci à tous de leur inoubliable accueil.

Quelques uns des heureux membres de la base qui ont bénéficié de ce moment privilégié à bord du Nivôse : Roald (agent de la Réserve Naturelle), Vincent (manchologie), Salami dit Kiki (plombier), Rébecca (manchologue), Pome (auteure en résidence à Crozet) et Christophe (Discro).
Il est déjà temps de débarquer pour nous et de rembarquer pour les marins descendus à terre. Le commandant nous accompagne pour une visite express de la base et de ses environs immédiats. 

Un petit coup de main très apprécié du Discro avant le départ de nos invités, l'interminable séance de tamponnage des passeports de tous les marins du bord, une trace de leur éphémère passage sur la plus belle des Australes. Merci Vincent, Pome, Mélissa et Roald.


1 commentaire:

Anonyme a dit…


milles mercis pour nous les familles des marins de pouvoir suivre à distance cette passionnante mission

Bravo à tous