jeudi 12 mars 2020

Être cuisinier dans une base australe

Ludovic (à gauche) et Michel (à droite)
Après s’est intéressés au travail des agents de la Réserve Naturelle et à celui de l’équipe infra, c’est au tour de l’équipe cuisine de nous présenter comment s’exerce le métier de cuisinier sur une base des terres australes. 
Michel, chef cuisinier, et Ludovic, commis de cuisine, sont à Crozet pour une mission respectivement de 4 et 7 mois. Arrivés entre août et décembre derniers, ils repartiront avec la prochaine rotation du Marion Dufresne fin mars. Cette expérience à Crozet était pour tous deux une première dans les terres australes. 

Pouvez-vous présenter votre parcours et ce qui vous a amenés à venir travailler à Crozet ?
Ludovic : Alors que je cherchais du travail, j’ai entendu parler des TAAF dans un forum sur les métiers de la pêche. Cela m’a intéressé de venir découvrir les îles australes. Avant, je travaillais dans un restaurant de cuisine créole à Cilaos (La Réunion).
Michel : Cela fait trente ans que je suis cuisinier. J’ai eu un restaurant, été glacier, agriculteur. Au moment où j’étais en attente pour une formation pour devenir professeur en cuisine, j’ai répondu à une offre d’emploi des TAAF sans trop savoir de quoi il s’agissait. Quand on m’a présenté le poste, l’environnement dans lequel il s’exerce, je me suis dit que c’était une expérience de vie qui allait être très intéressante et un beau challenge personnel à relever.
Barbecue avec les hivernants

Quelles sont les spécificités du travail de cuisinier ici ?
Ludovic : La principale est de devoir travailler avec les produits disponibles. Juste après les ravitaillements effectués par le Marion Dufresne, nous avons des produits frais qui durent quelque temps mais ensuite, il faut s’organiser avec les conserves et le surgelé. Il faut aussi sortir de son domaine de spécialité ; par exemple, j’ai appris à faire du pain car ici, il n’y a pas de boulanger. On fabrique le repas du début à la fin.
Michel : Il faut satisfaire tout le monde sur le long terme. A la différence d’un restaurant, on nourrit en effet les hivernants deux fois par jour pendant plusieurs mois. Il faut donc arriver à savoir ce que les gens aiment et s’adapter, proposer de la variété… Il faut aussi faire attention à la gestion des stocks des produits de base (farine, sucre, etc.) car il n’y a aucun approvisionnement hors Marion Dufresne.
 
Ce que vous appréciez le plus ?
Michel : La cuisine de la base est située dans le bâtiment de vie commune, là où tout de monde passe et se retrouve. C’est donc un lieu central de la vie collective. La cuisine est spacieuse, très bien équipée et bénéficie d’une vue imprenable sur l’île de l’Est qui nous rappelle tous les jours la chance que nous avons de travailler dans un tel environnement. 

Un souvenir ou un défi professionnel particulier ?
Ludovic : pour chaque anniversaire d’hivernant, je fais le gâteau que la personne souhaite, peu importe la recette. Si je ne la connais pas, il faut alors que je fasse des recherches, des essais pour que ce soit bien réussi. C’est chaque fois un challenge !
Michel : Pour moi, cela a été la période d’arrivée qui a été très intense. En effet, arrivé le 15 décembre, il a fallu très rapidement prendre mes marques pour préparer ensuite les repas très attendus du 20 décembre (fête de l’abolition de l’esclavage célébrée à La Réunion et également sur les districts), de noël et du jour de l’an. Tout cela dans un laps de temps court, c’était beaucoup de pression pour mes premiers 15 jours ! 

 

Alors que vous allez vous-mêmes bientôt quitter Crozet, quels conseils donneriez-vous à un cuisinier qui envisage de postuler ?
Ludovic : Savoir s’adapter aux attentes des hivernants.
Michel : Être disponible et se préparer à devoir être polyvalent ! Et, comme le dit Ludovic, garder en tête que les cuisiniers sont au service des hivernants. C’est important pour la qualité de vie de chacun.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci de nous faire découvrir les intervenants ( l'infra ainsi que l'intendance) qui même si elles ne sont pas au devant de la scène elles contribuent à la réussite de tous.
Félicitations à vous tous.
Bernard de l'Aveyron.

Anonyme a dit…

Curieuse par rapport à la situation actuelle : je suppose que OP1 n'est pas maintenue ? Que se passe-t-il pour les personnes qui devaient partir ?

La mission 52 avait déjà fait huit mois sans OP mais dans leur cas c'était prévu!

En tout cas bon courage à vous tous, je sais d'expérience qu'il est compliqué de voir les événements de métropole se dérouler d'aussi loin.

DISCRO a dit…

Bonjour,
Merci pour votre message.
L'OP1 a été décalée de 15 jours mais a pu avoir lieu, en s'appuyant sur les recommandations des autorités de santé et des experts du CHU de La Réunion pour mettre en œuvre un protocole strict concernant les passagers et membres de l’équipage afin de garantir la sécurité du navire et des bases.
Les hivernants et campagnards d'été devant partir sont donc maintenant à bord du Marion Dufresne.

Manuele a dit…

A huge greeting to all the inhabitants of the island! Miss that wonderful place and people!

Cheers,

Manuele

DISCRO a dit…

Hello Manuele, Thanks for your message, I will pass on your greetings to the rest of the base!