La
réserve naturelle des terres australes françaises, a été créée en 2006. Le
gestionnaire de la réserve s’est fixé des objectifs pour conserver ce riche
patrimoine naturel français (Plan de gestion 2011-2015). Parmi ses
missions, faire cohabiter activités humaines et nature sensible.
Vue de l'île de la Possession à partir du transit vers le Mascarin. On aperçoit la vallée des branloires. |
Nous avons suivi les actions menées par les gestionnaires de
la réserve naturelle ici à Crozet. Pour en savoir plus, consultez le site
officiel des TAAF et cliquez sur « réserve naturelle », ou suivez le
lien : http://taaf.fr/-La-Reserve-Naturelle-Nationale-des-Terres-australes-francaises-
Tout
d’abord, il faut savoir que sur chaque district subantarctique, la réserve
naturelle est représentée par un ou plusieurs agents. A Crozet, Suzanne est là
pour mener à bien certaines actions. Voici un exposé de ses principales
missions.
Suzanne , Agent de réserve naturelle depuis novembre 2014. |
Gestion des espèces introduites :
Par
des actions de prévention, c’est la biosécurité.
En réalité, ça commence avant l’hivernage :
il est demandé à chaque personne se rendant dans les TAAF, lors du
conditionnement de ses bagages, de veiller à laver tout son matériel, tous ses
vêtements, d’aspirer chaque poche, de brosser les semelles de chaussures…
toutes les graines, toutes les larves, tous les insectes doivent
disparaitre ! C’est un peu contraignant à faire mais c’est indispensable.
Et ça continue sur le Marion Dufresne ou le
personnel de la réserve naturelle nous accueillent à tour de rôle, munis d’un
aspirateur et de brosses et tout est repassé au crible : habits, sacs,
chaussures, matériel de rando, etc.
On fini par embarquer dans l’hélico en marchant
sur un tapis un peu collant qui récupère les derniers résidus de graines ou
autres.
La biosécurité c’est aussi vérifier tous les
produits frais qui descendent du bateau, inspecter les fruits et légumes,
détruire les graines et insectes avant qu’ils ne prennent leurs aises sur
l’île !
Par
des actions curatives : c’est la destruction de plantes qui ont réussi à
franchir toutes ces barrières et se sont finalement acclimatées, faisant
parfois concurrence déloyale avec les plantes autochtones. Ceci se fait par brûlage
ou par arrachage.
Par une
recherche constante d’une meilleure connaissance du territoire, en particulier la
répartition des espèces introduites végétales mais aussi animales (le rat) dans
le but d’évaluer les possibilités d’éradication et les actions à mettre en
place.
Connaissance des habitats:
Il
s’agit de faire l’inventaire des espèces végétales présentes sur l’île, de
déterminer leurs aires de répartition, et de noter leur quantité relative. Cet
inventaire concerne aussi bien les espèces natives que les espèces introduites.
Les zones d’inventaires sont prioritairement les parties de l’île fréquentées par
l’homme : la base, les cabanes, les sentiers (ou transits) qui sont les
zones les plus impactées par les espèces introduites.
L’aménagement des transits:
Le
but est de limiter le piétinement d’une végétation fragile. Pour se faire, la réserve
naturelle a mis en place différentes actions : le balisage des sentiers
avec des piquets en bois rouge et blanc pour suivre le même chemin à chaque
fois et la pose de caillebotis qui limitent la dégradation des sentiers, en
particulier dans les secteurs très humides.
Les caillebotis délimitent et protègent le sentier près du lac sans nom...c'est son nom! |
En dehors des sentiers, dans le
cadre des missions scientifiques, le port de raquettes est obligatoire pour les
zones humides et fragiles, celles-ci répartissent le poids et limitent la
dégradation des habitats.
Enfin, Suzanne a aussi un rôle de
sensibilisation du personnel de la base, de conseil auprès du DISCRO (chef de district de Crozet) sur les
questions d’environnement, et de prise en charge des touristes lors des
rotations du Marion Dufresne ou des autres personnes extérieures lors du
passages d’autres bateaux.
Accueil des marins du Floréal lors d'une escale. Présentation de la réserve naturelle par Suzanne. |
Ce
reportage a vu le jour lors d’une « manipe » à BUS (Baie Américaine) où nous sommes
partis à 4 avec Suzanne. L’objectif principal de cette « manipe » était
de noter la répartition des espèces introduites et autochtones au lieu dit
« petit caporal » (cf carte ci-dessous).
Suzanne en a profité pour contrôler l’efficacité du brûlage de flouve odorante (Anthoxanthum odoratum) fait récemment dans la zone.
Au cours de cette manipe, nous avons fait la connaissance de différents habitats, et notamment du « fell-field » : il s’agit d’un habitat particulier qui se développe dans des zones caillouteuses, sur un sol minéral contenant peu d’eau. Il est constitué, en plus des mousses diverses, de quelques plantes autochtones qui ont attiré notre attention.
Suzanne en a profité pour contrôler l’efficacité du brûlage de flouve odorante (Anthoxanthum odoratum) fait récemment dans la zone.
Au cours de cette manipe, nous avons fait la connaissance de différents habitats, et notamment du « fell-field » : il s’agit d’un habitat particulier qui se développe dans des zones caillouteuses, sur un sol minéral contenant peu d’eau. Il est constitué, en plus des mousses diverses, de quelques plantes autochtones qui ont attiré notre attention.
Tout d’abord, l’Azorelle ou Azoralla selago. Elle est d’un beau vert et forme des coussins
compacts pour résister au froid et au dessèchement par le vent. Elle est de
croissance très lente et est particulièrement sensible à l’érosion et aux
agressions extérieures comme le piétinement. Nous devons toujours bien regarder
ou nous mettons les pieds et évitons de le poser sur un coussin d’Azorelle.
Azorelle ou Azoralla selago |
Le Gaillet antarctique ou Galium antarcticum qui fait de jolies petites fleurs blanches. Il s’agit d’unes espèce très répandue sur l’île.
L’Acaena ou Acaena
magellanica, plante vivace formant des fleurs en boule rouge et dont les
graines s’accrochent aux plumages des oiseaux pour la dissémination.
Il est
possible de concilier protection d’un territoire à forte valeur patrimoniale et
présence humaine. Les actions mises en place par la réserve naturelle et
l’adhésion de ses occupants à cette démarche nous le prouvent!
Acaena ou Acaena magellanica |
Reportage réalisé par Camille Dupaigne (Médecin-chef de l'Archipel de Crozet),
avec les informations avisées de Suzanne.
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