mardi 3 mars 2015

La réserve naturelle des terres australes françaises à CROZET

La réserve naturelle des terres australes françaises, a été créée en 2006. Le gestionnaire de la réserve s’est fixé des objectifs pour conserver ce riche patrimoine naturel français (Plan de gestion 2011-2015). Parmi ses missions, faire cohabiter activités humaines et nature sensible.
Vue de l'île de la Possession à partir du transit vers le Mascarin. On aperçoit la vallée des branloires.
Nous avons suivi les actions menées par les gestionnaires de la réserve naturelle ici à Crozet. Pour en savoir plus, consultez le site officiel des TAAF et cliquez sur « réserve naturelle », ou suivez le lien : http://taaf.fr/-La-Reserve-Naturelle-Nationale-des-Terres-australes-francaises-
 
Tout d’abord, il faut savoir que sur chaque district subantarctique, la réserve naturelle est représentée par un ou plusieurs agents. A Crozet, Suzanne est là pour mener à bien certaines actions. Voici un exposé de ses principales missions.
Suzanne , Agent de réserve naturelle depuis novembre 2014.
Gestion des espèces introduites :
Par des actions de prévention, c’est la biosécurité.
En réalité, ça commence avant l’hivernage : il est demandé à chaque personne se rendant dans les TAAF, lors du conditionnement de ses bagages, de veiller à laver tout son matériel, tous ses vêtements, d’aspirer chaque poche, de brosser les semelles de chaussures… toutes les graines, toutes les larves, tous les insectes doivent disparaitre ! C’est un peu contraignant à faire mais c’est indispensable.
Séance de bio-sécurité sur les effets personnels à bord du Marion Dufresne.
Et ça continue sur le Marion Dufresne ou le personnel de la réserve naturelle nous accueillent à tour de rôle, munis d’un aspirateur et de brosses et tout est repassé au crible : habits, sacs, chaussures, matériel de rando, etc.
On fini par embarquer dans l’hélico en marchant sur un tapis un peu collant qui récupère les derniers résidus de graines ou autres.
La biosécurité c’est aussi vérifier tous les produits frais qui descendent du bateau, inspecter les fruits et légumes, détruire les graines et insectes avant qu’ils ne prennent leurs aises sur l’île ! 
Par des actions curatives : c’est la destruction de plantes qui ont réussi à franchir toutes ces barrières et se sont finalement acclimatées, faisant parfois concurrence déloyale avec les plantes autochtones. Ceci se fait par brûlage ou par arrachage.
Brûlage de plantes invasives au bord de la rivière Moby Dick.
Par une recherche constante d’une meilleure connaissance du territoire, en particulier la répartition des espèces introduites végétales mais aussi animales (le rat) dans le but d’évaluer les possibilités d’éradication et les actions à mettre en place.
Connaissance des habitats:
Il s’agit de faire l’inventaire des espèces végétales présentes sur l’île, de déterminer leurs aires de répartition, et de noter leur quantité relative. Cet inventaire concerne aussi bien les espèces natives que les espèces introduites. Les zones d’inventaires sont prioritairement les parties de l’île fréquentées par l’homme : la base, les cabanes, les sentiers (ou transits) qui sont les zones les plus impactées par les espèces introduites.
Vallée du "Petit Caporal"
L’aménagement des transits:
Le but est de limiter le piétinement d’une végétation fragile. Pour se faire, la réserve naturelle a mis en place différentes actions : le balisage des sentiers avec des piquets en bois rouge et blanc pour suivre le même chemin à chaque fois et la pose de caillebotis qui limitent la dégradation des sentiers, en particulier dans les secteurs très humides.
Les caillebotis délimitent et protègent le sentier près du lac sans nom...c'est son nom!
En dehors des sentiers, dans le cadre des missions scientifiques, le port de raquettes est obligatoire pour les zones humides et fragiles, celles-ci répartissent le poids et limitent la dégradation des habitats.
Enfin, Suzanne a aussi un rôle de sensibilisation du personnel de la base, de conseil auprès du DISCRO (chef de district de Crozet) sur les questions d’environnement, et de prise en charge des touristes lors des rotations du Marion Dufresne ou des autres personnes extérieures lors du passages d’autres bateaux.

Accueil des marins du Floréal lors d'une escale. Présentation de la réserve naturelle par Suzanne.
Ce reportage a vu le jour lors d’une « manipe » à BUS (Baie Américaine) où nous sommes partis à 4 avec Suzanne. L’objectif principal de cette « manipe » était de noter la répartition des espèces introduites et autochtones au lieu dit « petit caporal » (cf carte ci-dessous). 


Suzanne en a profité pour contrôler l’efficacité du brûlage de flouve odorante (Anthoxanthum odoratum) fait récemment dans la zone.
Au cours de cette manipe, nous avons fait la connaissance de différents habitats, et notamment du « fell-field » : il s’agit d’un habitat particulier qui se développe dans des zones caillouteuses, sur un sol minéral contenant peu d’eau. Il est constitué, en plus des mousses diverses, de quelques plantes autochtones qui ont attiré notre attention.

Fell-fiel et monts enneigés
Tout d’abord, l’Azorelle ou Azoralla selago. Elle est d’un beau vert et forme des coussins compacts pour résister au froid et au dessèchement par le vent. Elle est de croissance très lente et est particulièrement sensible à l’érosion et aux agressions extérieures comme le piétinement. Nous devons toujours bien regarder ou nous mettons les pieds et évitons de le poser sur un coussin d’Azorelle. 
Azorelle ou Azoralla selago

Le Gaillet antarctique ou Galium antarcticum qui fait de jolies petites fleurs blanches. Il s’agit d’unes espèce très répandue sur l’île.
Gaillet antarctique ou Galium antarcticum
L’Acaena ou Acaena magellanica, plante vivace formant des fleurs en boule rouge et dont les graines s’accrochent aux plumages des oiseaux pour la dissémination.
Acaena ou Acaena magellanica
Il est possible de concilier protection d’un territoire à forte valeur patrimoniale et présence humaine. Les actions mises en place par la réserve naturelle et l’adhésion de ses occupants à cette démarche nous le prouvent!
Reportage réalisé par Camille Dupaigne (Médecin-chef de l'Archipel de Crozet), 
avec les informations avisées de Suzanne.

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