jeudi 19 octobre 2017

La Baie Américaine et ses éléphants de mer

Mois d'octobre à BUS, Île de la Possession

A la rencontre des éléphants de mer


 Voilà déjà près d'un mois que les éléphants de mer sont revenus sur nos côtes de l'Île de la Possession. Les bonbons se sont multipliés et sont progressivement en train de perdre leur pelage noir pour désormais une livrée grise. Alors que les petits gagnent peu à peu leur autonomie, les harems se constituent. Les femelles commencent à être sollicitées par de jeunes mâles entreprenants mais les pachas veillent. Dans quelques semaines la (toute relative) tranquillité des plages disparaîtra. Elles se transformeront en arènes où de rudes luttes sanglantes se dérouleront pour la conquête de ces dames.

Nous vous invitons à la rencontre des éléphants de mer de la Baie Américaine. Coincée entre le Cap Chivaud et le Cap de l'Antarès, la Baie Américaine, dite aussi Baie US et BUS, est un des lieux préférés des hivernants de Crozet. Elle est située à l'ouest de l'île et facile d'accès depuis la base Alfred Faure avec seulement deux heures et demi de marche pour s'y rendre. C'est surtout un endroit de toute beauté au bout de la Vallée des Branloires et à l'embouchure de notre grand "fleuve" crozétien, la Moby Dick. De nombreuses colonies d'oiseaux et de mammifères marins s'y donnent rendez-vous en ce début de printemps austral.

Nous y étions également cette semaine, sur le chemin de retour d'une "Manip" technique dans le nord de l'Île. Nous avons pu profiter d'un arrêt réparateur à la fameuse "cabane de BUS", plantée sur la grève à quelques mètres seulement de nos hôtes phocidés. Quelques photos pour vous faire ressentir la magie des lieux ...
 

La cabane de BUS, posée sur la plage de la Baie Américaine, à l'embouchure de la Moby Dick. En arrière plan, le Morne Rouge, témoignage d'un des derniers épisode volcanique de l'archipel de Crozet. 
Trois ou quatre harems comptabilisant au total plus de 300 femelles occupent la plage de sable gris de BUS. Les groupes comptent de nombreux bonbons en ce mois d'octobre.
Les naissances se succèdent jour et nuit. Ce nourrisson n'a que quelques heures mais pèse déjà une quarantaine de kilos.

A peine né, le bonbon se lance à la recherche du lait maternel. Il va téter pendant un petit mois avant de devenir autonome. Le lait de l'éléphant de mer est un des plus nourrissant du règne animal
Le sevrage approche et ce jeune bonbon perd peu à peu sa fourrure noire pour un pelage gris perle. Une toison épaisse n'est plus nécessaire : après trois semaines d'allaitement notre bonbon est devenu bien rond et grassouillet. Il pèse déjà près d'un bon quintal.
Nourrisson joufflu et bien portant. Très vite le bonbon part explorer le monde et démontre une grande curiosité. Attentif au moindre mouvement rien de ce qui se passe autour de lui ne lui échappe.
Ca ne traîne pas... à peine la femelle a -t-elle mis au monde son petit, la voilà de nouveau sollicitée par un mâle dominateur et en tantinet possessif. A BUS les harems comptent environ soixante à soixante-dix femelles pour un pacha.

A la périphérie d'un harem, un jeune mêle semble faire la sieste. Ne vous y fiez pas. Il est parfaitement attentif à son environnement. Qu'une femelle s'éloigne un peu du centre de la colonie ou que le pacha soit hors de vue et il tentera sa chance avec la belle ...

Mais le pacha connait toute les fourberies des autres prétendants et veille au grain. Il se redresse périodiquement pour observer les alentours et éructe puissamment pour signaler aux importuns sa présence.
Si d'aventure les cris rauques n'y suffisaient pas, le pacha se redresse et d'un oeil menaçant exprime sa colère de façon encore plus véhémente : dernier avertissement avant de se lances à la poursuite de son adversaire. La course est courte mais, compte tenu du poids de l'animal, rapide et surtout très impressionnante. L'animal est vraiment massif, les gros mâles font de quatre à six mètres de long et pèsent jusqu'à trois tonnes et demi.
Le pacha aura été (encore un fois) le plus fort. Il n'aura pas même dû poursuivre le prétendant au trône, ses râles auront suffit pour faire fuir ce jeune mâle, penaud.
Toutes ces scènes se passent sous les yeux mi accablés mi scandalisés des manchots royaux. Il existe effectivement une colonie de manchots royaux à Bus. Ces deux individus doivent traverser un harem pour rejoindre leur colonie, au risque de se faire écraser au beau milieu d'une lutte entre deux mâles éléphants.
La colonie de manchots royaux de la Baie Américaine est très peu dense et ne donnera très probablement aucun résultat en termes de reproduction cette année (rien à voir avec la surpopulation de la Baie du Marin, du Jardin Japonais ou de la Petite Manchotière). Elle a élu domicile au bord de la Moby Dick, à deux cent mètre environ de l'embouchure de la rivière. En cette saison les manchots royaux muent et les individus sont particulièrement fragiles.
Sur le toit de l'arbec rouge qui jouxte la cabane de BUS, le chionis (petit bec en fourreau) domine la plage. Finalement c'est peut-être lui le maître des lieux.
Nous pourrions y rester des jours entiers à contempler la nature. Il nous faut pourtant rentrer sur la base, laissant derrière nous la cabane de BUS et son arbec rouge. Des images plein la tête, Bruno se lance d'un pas décidé sur le transit du retour ...



1 commentaire:

Anonyme a dit…

Très jolies ces photos !

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