Une des missions dévolues aux TAAF est d'assurer la gestion de la réserve naturelle nationale. Je laisse la main aux quatre agents qui assument cette charge sur le district depuis le 07 décembre 2011 (deux "Ornithologues" : Régis PERDRIAT et Armel DENIAU, et deux "Habitats" : Alexia GARNIER et Alizée FOUCHARD).
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Arrivée de Régis et Armel |
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Arrivée d'Alizée et d'Alexia |
« Imaginez que vous décidez
un jour de protéger un site naturel, conscient que les éléments qui le
composent ont une grande valeur. La faune, la flore et les paysages sont autant
de sujets d’étude qui attirent nombre de scientifiques depuis qu’une première
mission, il y a 60 ans, a posé les pieds sur les îles Crozet.
Mettre en place des objectifs de
protection, de conservation et de valorisation d’un tel site nécessite de bien
le connaître. Impossible de savoir par
exemple si telle ou telle espèce d’oiseau se porte bien sans effectuer son
recensement régulier, ou encore, comment connaitre les écosystèmes présents sur
l’île si des experts ne viennent pas prospecter les habitats. Afin de minimiser
leurs impacts et le dérangement des espèces, ils ne travaillent à chaque fois
que sur quelques individus. Chaque année, ils en apprennent plus. Ce travail
est d’autant plus intéressant et unique que les espèces végétales et animales
sont rares et souvent même endémiques des territoires subantarctiques
La structure qui est en charge de la protection du patrimoine naturel de
ces petits bouts de France que sont les îles Crozet, les îles Kerguelen, l’île
Amsterdam, et l’île Saint Paul est la Réserve Naturelle nationale des Terres
Australes Françaises. Les terres et une partie des eaux territoriales ont été
classées en réserve naturelle nationale par le décret ministériel du 3 octobre
2006. Cette Réserve représente à elle toute seule près de 80% de la superficie
de l’ensemble des Réserves Naturelles françaises.
Le classement de cette immense zone en Réserve Naturelle lui confère
l’un des plus hauts degrés de protection. Mais ce « titre » ne fait
pas tout et avant de mettre en œuvre des actions qui pourraient assurer la
pérennité de ce territoire sauvage, il est nécessaire de dresser un état des
lieux de la situation, d’inventorier, de dénombrer, et de comparer les anciens
recensements. Nous n’en sommes qu’au tout début et cela prendra sans doute encore
des années…
Comme Alexia et Alizée, Armel et moi avons été recrutés par la Réserve
Naturelle pour participer à cet état des lieux. Elles travaillent sur la flore
et les habitats, nous recensons les populations d’oiseaux. Plus
particulièrement certaines espèces de pétrels. Nous sommes tous les quatre
agents de la Réserve Naturelle des TAF le temps d’une campagne d’été.
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Régis |
Je m’appelle Régis Perdriat. J’ai pris un congé sans solde pour venir
en tant que VSC à Crozet. Ornithologue de cœur, je travaille habituellement pour
la Ligue pour la Protection des Oiseaux. L’été, je suis Garde technicien sur la
Réserve Naturelle des Sept Iles dans les Côtes d’Armor, l’hiver je suis
soigneur faune sauvage à la Station LPO de l’Ile Grande.
En 2007-2008, j’ai hiverné à Kerguelen en tant que VSC (volontaire
service civique) Ornithologue pour le CNRS de Chizé. Difficile de ne pas vouloir revenir dans les
TAAF une fois que vous y avez goûté !
Je suis accompagné d’Armel Deniau, quelqu’un que je connais bien
puisqu’avant d’être un collègue de travail (lui aussi est garde sur la RN des 7
îles et travaille à la LPO), c’est surtout un ami de longue date. Mes récits
sur Kerguelen et nos longues discussions sur les TAAF n’ont fait que renforcer son
envie de pouvoir un jour fouler ces territoires. Nous avons vite projeté d’y partir ensemble. C’est avec
un immense plaisir que nous faisons à nouveau équipe, à Crozet cette fois.
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Armel |
Notre mission est de recenser certaines populations d’oiseaux marins.
Inadaptés à la vie à terre, ils n’y viennent que pour s’y reproduire. Pour
éviter les prédateurs ils couvent leur unique œuf au fond d’un terrier. Ces
trous qu’ils creusent par leurs propres moyens comptent donc parmi les seuls
indices de leur présence. Nous sillonnons l’île de la Possession à la recherche
de ces terriers. Certains d’entre eux peuvent être inoccupés. Nous passons donc
à chaque entrée un court enregistrement de leur chant. Il est rare que
l’occupant reste silencieux à cette « repasse » qui s’apparente à un
congénère cherchant à lui voler son nid.
D’autres pétrels sont encore plus discrets et ne sont actifs qu’à la
nuit tombée. Il nous faut donc faire des points d’écoute pour détecter leur
présence lorsqu’ils paradent en vol.
Un travail de terrain qui nous aura permis de découvrir les quatre
coins de cette superbe île.
Les « deux filles » de l’équipe de la RN de cette
campagne d’été ont en charge le volet botanique.
(Alexia) Je suis employée à
l’année par la RN sur la partie
« Habitats, Flore et Invertébrés ». Ancienne VSC Ecobio en 2009 sur
Kerguelen, j’ai été embauchée il y a deux ans pour intégrer l’équipe de la
Réserve. Je passe la moitié de l’année en campagne d’été dans les districts
pour récolter des données. Cette année c’est à Crozet. Le reste de l’année je
suis en Bretagne pour analyser les données et
rédiger les protocoles des prochaines campagnes d’été. Je travaille en
collaboration avec les chercheurs du programme IPEV 136 Ecobio qui étudient
depuis de nombreuses années les impacts des changements climatiques et de
l’activité humaine sur la biodiversité des îles australes.
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Alexia |
J’apprécie chaque année de retourner dans ces terres lointaines pour
parcourir de vastes espaces encore relativement préservés de l’homme. Et puis,
il y a aussi toutes ces rencontres avec les hivernants, des voyageurs de tous
horizons…
(Alizée) Je suis embauchée par la RN en tant que VSC pour appuyer Alexia dans le travail de
collecte et de traitement des données « flore ». C’est mon premier
emploi après mes études en aménagement du territoire faites à l’Institut de
Géographie Alpine de Grenoble. J’apprécie le travail de terrain et je
m’intéresse particulièrement aux écosystèmes végétaux. Travailler dans les Taaf
est une découverte de chaque jour sur ce milieu si particulier dans lequel des
espèces végétales et animales ont su s’adapter. Un environnement de travail
atypique qui en fait une expérience professionnelle unique et valorisante. Je
suis venue pour une campagne d’été de 3 mois qui va finalement se prolonger en
hivernage… je repartirai en décembre 2012 ! Qui a dit « On sait quand
on entre dans les Taaf mais on ne sait jamais quand on en repart… !» ?
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Alizée |
Cette année sur Crozet, notre travail porte essentiellement sur le
recensement des espèces introduites et des habitats. Nous parcourons l’ensemble
de l’île pour connaître la répartition des habitats et des espèces autochtones
afin de mieux les préserver par la suite. Nous nous intéressons également à la
colonisation des espèces « venues d’ailleurs ». En effet, depuis la
découverte de ces terres lointaines, volontairement ou non, les hommes (explorateurs,
pêcheurs, scientifiques) ont introduit de nombreuses espèces végétales et
animales. Et malheureusement, ces espèces mettent en péril les écosystèmes si
particuliers et peu habitués à la compétition ou au piétinement. Les
changements climatiques à travers l’augmentation des températures facilitent
également l’adaptation des espèces introduites.
C’est pourquoi la Réserve a pour objectif de mettre en place des
mesures de biosécurité afin d’éviter l’introduction de nouvelles espèces. Mieux
vaut prévenir que guérir ! Malheureusement, cela ne suffit pas. Le mal est
déjà fait. Et nous avons donc passé beaucoup de temps cette année à recenser
toutes les espèces introduites de Crozet. Ce travail était principalement
localisé sur la base, le lieu de débarquement de la grande majorité des vivres
et du personnel. C’est également l’endroit le plus propice à l’installation de
nouvelles espèces qui sont protégées du vent et du froid des 40ème
rugissants par les nombreuses infractuosités des bâtiments.
Actuellement, nous avons recensé environ 70 espèces végétales
introduites, sans
compter celles qui nous ont certainement échappées. Cela fait beaucoup quand on
compare aux 24 espèces autochtones.
Pour certaines espèces telles que le pissenlit, il est probablement
déjà trop tard. Nous l’observons sur une grande partie de l’île et dans
quelques années il aura colonisé la totalité de l’île de la Possession.
Nous pouvons cependant agir sur certaines espèces qui ne sont pour
l’instant que très peu répandues aux alentours de la base. Lors de nos
prospections sur le terrain, dès que nous observons un pied nous l’arrachons.
Tous les 4 nous avons également une mission de sensibilisation à
apporter au quotidien dans notre
district. Tant auprès des « habitants » de la base Alfred Faure, des
touristes que de toutes personnes s’intéressant aux terres australes
françaises. L’île de la Possession est
classée en réserve naturelle ce qui implique de suivre quelques règles pour la
préservation des écosystèmes et la tranquillité des animaux : rester sur
les transits définis, mettre des raquettes quant le milieu y oblige… Les autres îles qui composent l’archipel de
Crozet sont, quant à elles, classées en zones de protections intégrales les
accès y sont interdits sauf autorisation très spéciales pour des études
ciblées.
N’hésitez pas à passer nous voir au bureau de la RN et si vous n’avez
pas l’opportunité de débarquer sur cette magnifique île de la Possession, ce
blog est un parfait intermédiaire pour vous faire découvrir la réserve et
échanger sur nos connaissances et notre vie au quotidien sur le base Alfred
Faure… »
Merci la RN... Au-delà de votre passionnant travail de "terrain", vous vous êtes tous parfaitement intégrés à la mission, contribuant à la belle dynamique générale.
On vous voit partir avec beaucoup de regrets !
Mais il nous reste Alizée pour l'hivernage. Cela nous promet quelques articles intéressants.