vendredi 28 septembre 2012

"Manip Ornitho" à Pointe Basse

Partis de la Base Alfred Faure le 22 septembre, un groupe de cinq Crozétiens s'est aventuré vers Pointe Basse pour une petite semaine: Franck (ornitho et "chef de manip") , Sylvia (manchologue), Guillaume ( notre  responsable des approvisionnements), Yann (responsable de la production d'énergie, également en charge de la sécurité) et François (chef du district). Le but de l'opération était principalement de finaliser la pose de bague sur les poussins de grand albatros, tous les oiseaux de cette espèce nés sur l'île de la Possession devant être bagués pour permettre leur suivi. Le premier jour, le petit groupe a donc parcouru les 18 kilomètres qui séparent la base du refuge de Pointe Basse, en franchissant deux cols au passage (les genoux souffrent un peu dans les descentes!). En milieu d'après midi, arrivée à l'Arbec de Pointe Basse (classé ***NN selon la norme crozétienne):


En fin d'après midi, les opérations commencent sur les premiers nids d'albatros, pour se poursuivre le lendemain en profitant d'une météo clémente. En arrivant sur le nid, la première opération consiste à saisir l'animal, en commençant par le bec, puis en le maintenant au sol. Cela nécessite un mélange de détermination et de précision dans le geste, mais sans brutalité: les poussins en questions sont de beaux bébés de 12 à 13 kg, mais restent des animaux fragiles qu'il convient de ne pas trop stresser. Deux "catcheurs" se sont illustrés: Yann et Guillaume (sur la photo, Yann est à la manœuvre):



Il faut préciser que, pour manifester son mécontentement, l'albatros vomit sur son "agresseur" une bouillie nauséabonde à base de calmar à demi-digéré... d'où la tenue de pêcheur du catcheur. L'opération suivante est la pose par l'ornitho (Franck, en veste bleue) d'une bague à la patte. Simultanément, un autre "manipeur" prélève deux petites plumes sur le dos du poussin, pour examens d'ADN ultérieurs. Le "scribe" (ici Sylvia, veste rouge) note de son côté la correspondance entre le numéro du nid et celui de la bague, et assiste le preneur de plumes qui aurait souvent besoin d'une troisième main ! (le catcheur est ici Guillaume). 


Sur certains individus, un suivi complémentaire est effectué à l'occasion du baguage: mesures du tarse (sur la patte), de la longueur d'une partie de l'aile et mesures du bec, puis pesée de l'animal. Franck officie, le scribe note les mesures....et le catcheur peut se détendre un peu. L'observateur attentif notera: 
-les raquettes aux pieds des manipeurs (le sol gorgé d'eau est très mou et la végétation fragile par endroits)
-l'élastique autour du bec du poussin, pour prévenir toute réaction malvenue de l'animal...


Le travail de catcheur est particulièrement fatiguant, en raison de la position inconfortable, de l'exposition prolongée au froid, à l'eau et aux régurgitations des poussins... c'est pourquoi un petit moment de repos au sec et à l'abri du vent est le bienvenu ! Très vite, on apprend que les zones recouvertes de blechnum (fougère dont la variété locale penna-marina est rase et dure) sont en général plus sèches et stables que les autres, de plus cette plante est résistante au piétinement: c'est donc là qu'on s'installera !


Un dernière vue du "Champ des Albatros".... à cet endroit, les nids sont très rapprochés, mais parfois il faut progresser péniblement, avec les raquettes, sur 500 mètres pour y trouver quelques nids isolés!


Retour à la cabane ("arbec" dans la terminologie locale) pour une soirée conviviale au chaud et au sec! Le lendemain lundi 24, fin du travail sur les albatros de Pointe Basse et comptage des poussins de manchot royal depuis les sites de la "Mare aux Éléphants" et du "Jardin Japonais". Sur la photo ci-dessous: vue de la zone humide de la Grande Coulée (on distingue le chemin de caillebotis qui protège les mousses) depuis le chemin qui mène au col de la Mare aux Éléphants.



Lundi en soirée, les prévisions météo transmises par radio depuis la Base ne sont guère engageantes, on s'achemine vers une "journée off" en arbec...  Mardi matin, après le petit déjeuner (de gauche à droite: Guillaume, Franck, Sylvia)....



...on met le nez dehors. Effectivement, le vent du sud apporte la neige avec lui et ce n'est donc pas une journée à tenter un déplacement vers la "Baie Américaine" pour la suite du programme (l'objet bizarre sur le radier, en haut des marches, est une vertèbre de baleine):


 La journée est donc consacrée au repos, au séchage des affaires ainsi qu'à quelques activités récréatives...


Le mercredi matin, le vent est un peu tombé, mais la neige est toujours là. On prend la route du "col 500" qui doit nous mener vers la "Baie Américaine"....malgré le manque de visibilité, Franck guide avec assurance la petite troupe à travers la montagne.


Nous redescendons par la vallée de la Hébé, en marchant parfois le long de la sinueuse rivière, parfois dedans... avec au final une pénible remontée sur la crête de l'Alouette, d'où la vue sur la Hébé est superbe (photo). Franck repérera l'aileron d'un orque au large du Cap de l'Antarès...


Après la crête de l'Alouette, une courte marche nous mène au "Cairn aux oreilles de lapin", d'où on aperçoit enfin la "Baie Américaine", terme de notre marche de la journée.


La fin d'après midi est consacrée au baguage d'une dizaine de poussins d'albatros ayant leur nid à la Baie US. Sur la plage, les femelles d'éléphant de mer ont presque toutes mis bas (le nouveau-né pèse quand même une quarantaine de kilogrammes). Ces arrivées ne sont peut-être pas étrangères au retour des orques dans le secteur.....



Le confort plus spartiate de l'arbec local (classé ** NN) est néanmoins bien agréable à l'heure du dîner (de gauche à droite: Guillaume, Sylvia et François).



Le jeudi 27 septembre, en matinée baguage des quatre derniers albatros et transit retour vers la Base dans l'après midi. Douche chaude pour les manipeurs et lavage en machine pour le reste... après une bonne cinquantaine de kilomètres au total.
Bien d'autres "manips" scientifiques sont prévues dans les prochaines semaines, ce blog les relatera au gré des contributions de leurs participants!

François
Discro 50ème mission


vendredi 21 septembre 2012

Le chantier de la Baie du Marin

L'équipe "Infra" travaille depuis trois semaines, dès que la météo le permet, à la mise en place d'une palissade de bois le long de la piste vers "La Plage", du côté Antavia. Malgré l'eau qui remplit les trous sitôt creusés, le chantier avance... Sur la photo, on peut voir la zone qui sera regagnée par les manchots, entre l'ancienne clôture en béton et grillage (à droite) et la nouvelle palissade à gauche. Une zone de retournement pour les véhicule a été prévue. La réfection de la piste interviendra à la fin de travaux, après le retrait des blocs de béton constituant l'actuelle limite de la manchotière. Le chantier progresse en coordination avec les scientifiques et la Réserve Naturelle, pour minimiser le stress apporté aux animaux.



jeudi 20 septembre 2012

RETOUR SUR L'OP 2-2012

Moment fort pour les partants comme pour les arrivants, la relève s'est déroulée du 30 août au 1er septembre. Signalons d'abord une arrivée du Marion Dufresne devant la Baie du Marin... sous le soleil matinal. C'est par cette vision trompeuse que la relève a pu découvrir l'île de la Possession...


Le débarquement a donc pu se faire sans délai par hélicoptère... premiers pas en "terre australe" pour les militaires (sauf pour l'un d'entre eux qui a déjà séjourné à Kerguelen):



 La chaleur de l'accueil des scientifiques de l'IPEV contraste avec l'austérité du décor !


Un "interdistrict" de marque: M. le Préfet Pascal BOLOT, administrateur supérieur des T.A.A.F., dont c'est la première visite dans les districts austraux. Il est accompagné de Cédric MARTEAU, directeur de la Réserve Naturelle Nationale (parka verte).


Un invité heureux de retrouver Crozet: François PEIGNIER, représentant itinérant de l'AMAPOF (Amicale des Missions Australes et Polaires Françaises) au cours de cette rotation du Marion Dufresne, a séjourné à Crozet en 1973. Son témoignage a notamment mis en perspective les évolutions dans la préservation des milieux naturels entre les "temps héroïques" des débuts et la situation actuelle. Gardons aussi à l'esprit que les "anciens"disposaient d'un confort très rudimentaire...


Les 30 et 31 août ont surtout été consacrés aux passations de consignes entre l'équipe descendante et l'équipe montante, chacun dans son domaine respectif.
Dans la soirée du 31 août est intervenue la relève officielle du chef de Mission 49, Pierre Miollan, par celui de la mission 50, François Zablot. La cérémonie, présidée par M. le Préfet  Bolot, a été suivie par un concert des "Bernik Head". Les chanteurs ont interprété des titres qui, de "I shot the sheriff" à "Juste une illusion", pouvaient justement donner lieu à diverses... interprétations !
Le 1er septembre, la météo crozétienne normale étant de retour, le départ des interdistricts puis de la mission 49 a du s'effectuer en zodiac, la pluie diluant les larmes des uns et des autres...  Le coup de sirène du Marion, auquel la base a fait écho, a véritablement été le point de départ de la nouvelle mission.
Bonjour à tous,
après quelques semaines pour se mettre dans les traces de la mission 49, la mission 50 est aujourd'hui pleinement "opérationnelle" en cette fin d'hiver austral. En attendant le prochain passage du Marion vers la mi-novembre, nous sommes 23 sur la base. Un chantier prioritaire: le réaménagement de la Baie du Marin, dans le double but de laisser plus de place aux manchots et de réduire les nuisances visuelles  liées aux installations. Les blocs de béton qui bordent la piste laisseront la place à une palissade en bois, côté "Antavia". Et tout ça avant que les manchots viennent pondre... d'où l'urgence. En parallèle aux chantiers, les "manips" se poursuivent, permettant aux nouveaux venus de commencer à connaitre les zones plus éloignées de l'île de la Possession tout en se sensibilisant au travail des scientifiques. Ainsi, la première manip de la 50ème aura été au profit de la Réserve Naturelle, pour un mission de balisage de transit entre la Base et le col 390 (photo). J'écris ces lignes le jour où le Marion-Dufresne regagne La Réunion, aussi je me joins à la toute la mission 50 pour souhaiter bon retour dans leurs foyers aux hivernants de Crozet, Kerguelen et Amsterdam.

François ZABLOT
Discro 50ème mission