jeudi 31 décembre 2020

Orques : le retour

Hier, six orques ont de nouveau été observés en Baie du Marin ! Nous les avions aperçus à plusieurs reprises, notamment à OP3 le 13 novembre, lors du mouillage du Marion Dufresne… permettant à ses passagers d’admirer un spectacle superbe. Leur retour auprès de nos côtes laisse à penser qu’ils étaient partis explorer d’autres zones d’alimentation pour revenir enfin à Crozet.

 

© Arnaud Farre
 

Chaque année, en novembre-décembre, certains groupes d’orques de Crozet ont en effet pris l’habitude de venir patrouiller le long des côtes de La Possession pour chasser les jeunes éléphants de mer qui prennent la mer pour la première fois. Ils ont également d’autres comportements alimentaires dits de déprédation, prélevant les poissons (la légine en l’occurrence) directement sur les lignes des bateaux de pêche. Ils consomment, jusqu’à 220 kg par jour, un large éventail de proies allant du calmar au poisson jusqu’au grand cétacé.

Ces comportements alimentaires particuliers permettent de suivre les différents groupes depuis les bateaux de pêche et depuis les côtes de La Possession.

© Arnaud Farre

Depuis 1964, le Centre d’Etude Biologique de Chizé à mis en place un suivi à long terme de la population par photo-identification depuis les côtes, et depuis 2003 depuis les bateaux de pêche, en lien avec les TAAF. Pour attribuer l’agrément de pêche dans les ZEE (zones économiques exclusives), les TAAF exigent en effet la présence sur les bateaux d’un contrôleur des pêches, qui récolte notamment les données d’observation des grands cétacés et donc des orques.

© Arnaud Farre

Les femelles mesurent jusqu’à 8,5 m et les mâles jusqu’à 10 m. Les caractéristiques (forme, taille, marques distinctives) de la tache oculaire, de l’aileron et de la tache dorsale varient entre les individus et permet de les identifier.

La population d’orques de Crozet compte environ 85 individus répartis en 25 unités maternelles (entre 2 et 6 individus par unité, composée de la femelle matriarche et de ses descendants). Le suivi a permis d’établir un photo-catalogue d’identification et de déterminer la structure et la composition des groupes d’orques de Crozet.

Les femelles ont une espérance de vie de 90 ans et les mâles d’environ 50 ans. L’aileron des mâles commence à se développer vers l’âge de 10-12 ans pour prendre la forme caractéristique qui permet de le distinguer des femelles et des juvéniles. Après la naissance d’un jeune il faut donc attendre plusieurs années avant de pouvoir déterminer son sexe via les photos de son aileron dorsal.

© Arnaud Farre

© Arnaud Farre

Les données récoltées dans le cadre du suivi permettent d’étudier notamment la démographie de l’espèce, le comportement de la population et des groupes matriarcaux. Chez cette espèce longévive, les stratégies alimentaires font l’objet d’un apprentissage et d’une transmission. Ces comportements ont pu être observés au sein d’un groupe avec l’éducation des jeunes aux techniques de chasse d’éléphants de mer, voire entre groupes, un groupe pouvant en initier un autre à la déprédation sur les lignes de pêche.

© Arnaud Farre

© Arnaud Farre

© Arnaud Farre

Merci à Marine Delmas, ornithologue, pour la rédaction de cet article et à Arnaud Farre, Manchologue, pour les photos !