Caserne de Crozet
L’archipel de Crozet est à l’écart de tout système de secours classique. L’hôpital le plus proche de la base Alfred Faure se trouve à La Réunion, à plus de 3000 kilomètres.
En cas d’accident, dans l’hypothèse la plus favorable où un bateau se trouve sur zone, une évacuation sanitaire nécessite un délai minimum de six jours. Dans le cas le plus probable – absence de bateau sur place -, il faut alors compter le double soit une douzaine de jours.
En cas de sinistre ou d’incendie, il n’existe aucun autre moyen d’action que ceux prévus et organisés sur place. Les bases australes sont trop éloignées de tout centre de secours classiques pour faire partie de leur zone d’intervention, et ne peuvent bénéficier de l’appui de pompiers professionnels ou des moyens de luttes rapides, organisés depuis l’extérieur. Il en va de même en cas de catastrophe (séismes, tsunami, cyclone, pollution…).
Dans ces conditions, la prévention des risques et le respect de certaines mesures de sécurités deviennent indispensables.
PREVENTION
La prévention des risques se joue à plusieurs niveaux. Au plus haut échelon des TAAF, c’est le préfet administrateur supérieur, qui en est le premier responsable. Il est secondé dans ses attributions par un coordinateur sécurité au siège de la Réunion. Sur le terrain la prévention des risques est placée sous la responsabilité du Chef de district secondé par un chargé de prévention, responsable de la sécurité. Ce rôle est assuré par le chef centrale, également responsable de l’approvisionnement énergétique de la base.
L’application des principes de prévention donne lieu à une attention permanente et porte sur de nombreux points.
Sur la base, tous les bâtiments sont répertoriés et placés sous la surveillance d’un responsable de bâtiment. Celui-ci doit signaler tout disfonctionnement ou situation à risque dans le ou les bâtiments dont il a la charge. Au-delà de cette veille continue, tous les bâtiments sont l’objet de visites et de contrôles réguliers assurés en interne. Le contrôles des détecteurs incendie et des reports d’alarme est assuré par l’électricien, celui des extincteurs par le chef centrale… Les besoins de réparation éventuels sont placés sous la responsabilité du chef infrastructure.
Deux fois par an, une commission spéciale (Hygiène, Santé et Conditions de Travail), composée des principaux responsables de la prévention sur base, passe en revue chacun des bâtiments et vérifie l’existence et la pertinence des éléments de sécurité : plan d’évacuation, sortie de secours, détecteurs incendies, extincteurs, inventaires des produits dangereux et des fluides, équipements de protection individuels …Ce travail fait l’objet d’un compte rendu livré au siège. Il sert de base à tout projet d’amélioration des bâtiments.
Plan d'évacuation du bâtiment de vie Commune
L’utilisation des équipements de travail et des machines outils est soumise à des conditions particulières, identiques à celles requises en métropole. Les conducteurs d’engins (grue, manitou …) possèdent des habilitations spécifiques confirmées en début de séjours. Par ailleurs, des contrôle périodiques de conformité sont effectués en interne sur l’ensemble du matériel présent sur base : engins de levage, appareil à pression, installations diverses… Les résultats sont envoyés au siège pour vérification.
Certains travaux donnent lieux à des mesures particulières. Le travail sur toutes les installations électriques est réservé à l’électricien qui bénéficie d’une habilitation haute tension. Les travaux exceptionnels qui présentent un risque et les gros travaux conduits par du personnel d’entreprises extérieures sont encadrés par des plans de réalisation. Les premiers donnent lieu à la rédaction d’un Plan Général de Coordination (PGC) et les seconds à l’établissement d’un Plan de Prévention (PP).
Le dernier plan de prévention remonte à 2006 pour les travaux de consolidation du wharf. Cette année, aucune entreprise extérieure n’est missionnée pour travailler sur le l’île, il n’y a donc aucun plan de ce type en cours. En revanche nous avons eu à conduire plusieurs travaux exceptionnels comportant des risques : travaux sur toiture pour la réparation d’un extracteur d’air, travaux en hauteur pour le traitement de fissures et le démontage de collecteurs d’échappement suspendus, travaux hyperbares pour la percussion de bouteilles de CO2 en cours de désinstallation. Nous avons ainsi rédigé pas moins de 6 PGC en 6 mois. Chacun de ces PGC donnant lieu à la description des risques et à la prescription des consignes à respecter. Tous ces plans sont soumis au siège, avant réalisation des travaux, pour validation.
Un autre domaine de précaution et non des moindres est la prévention des risques sanitaires. Au même titre que les conditions de vie, de travail et l’hygiène, celle-ci est placé sous le contrôle du médecin qui s’assure que les règles d’hygiène alimentaire sont correctement appliquées par l’équipe cuisine et les « petites marie » : personnel chargé du service de la table et de l’entretien des locaux. Le médecin veille à la réalisation du plan de nettoyage et notamment à la propreté permanente des lieux de transformation (cuisine, boulangerie) et de stockage des denrées alimentaires (réserve, chambres froides, réfrigérateurs). Il vérifie les conditions de conservation des aliments (contrôle de température, contrôle de dates de péremption, suivi des produits transformés).
L’eau consommée sur base est prélevée au niveau du barrage, dans une rivière située à l’ouest de la base. Elle est analysée de façon régulière par le laboratoire départemental des eaux et d’hygiène du milieu, situé à Saint Denis de la Réunion. Ces analyses sont toujours très satisfaisantes et nous évitent de consommer de l’eau en bouteille.
Pour les sorties hors base, les principales règles de prévention sont consignées dans une note de service interne, qui définit les différents périmètres de sécurité en vigueur (zones 1, 2 et 3) et les consignes à respecter pour chacun d’entre eux. Ces dernières portent sur le nombre minimum de personnes requises, les formalités d’organisation d’une sortie, les responsabilités du chef de manip, le matériel à prendre et les contacts radios à effectuer. La carte, le GPS et la trousse de secours sont de rigueur pour toutes les sorties en zone 2 et 3. Les contacts radio se font au départ et à l’arrivée de chacune des sorties et sur les points hauts de chaque transit. En cas d’absence de contact, ce document précise les conditions de préparation d’une intervention de secours.
Deux sites de l’île sont classés « montagne »: les falaises de Pointe Basse (qui comportent 7 voies de descentes sur corde) et la plage inaccessible des Moines (avec une voie de descente). L’équipement de ces voies avec des points d’encrage a pour vocation de permettre aux ornithologues d’effectuer le suivi de population des espèces recensées sur place. Pour les falaises de Pointes Basse, il s’agit des albatros fuligineux et pour le site des Moines, les otaries d’Amsterdam. Chaque année à la même période, les VCAT du programme 109 (Oiseaux et mammifères marins) se rendent sur ces lieux et descendent pour effectuer les comptages dans les meilleures conditions de sécurité possibles. En règle générale, la prise en charge et le suivi du matériel nécessaire à l’exécution des programmes sont assurés par l’IPEV, mais dans le cas présent, l’équipement des sites et le matériel utilisé pour les descentes et remontées sur corde est placé sous la responsabilité des TAAF. Ils font l’objet d’un contrôle régulier.
SECOURS
Toutes ces mesures sont suivies de près par le chargé de prévention et respectées par l’ensemble du personnel sur base. Pour autant, personne n’est à l’abri d’un accident et rien ne garantie non plus l’absence d’incendie.
Quoi qu’il arrive, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, l’équipe de la base ne peut compter que sur elle-même et doit être capable d’intervenir et de porter assistance aux éventuelles victimes. Cette capacité d’intervention ne s’improvise pas. Elle nécessite une formation et un entraînement continu.
Il existe deux grandes catégories de formation sur base, les formations médicales et les formations incendie.
Au niveau médical, l’ensemble du personnel bénéficie de la formation Prévention et secours civiques de niveau 1 (Ex AFPS) dés son arrivée sur Crozet. Cette formation se déroule sur cinq séances couvrant une dizaine d’heures au total. Elle passe en revue la protection de la victime, l’alerte, l’étouffement … et tout le programme des premiers secours. Le personnel bénéficie également de séances d’information régulières sur différents thèmes spécifiques à une mission australe : lutte contre l’hypothermie, syndrome mental de l’hivernage, préparation au retour…
Certains autres sujets comme le brancardage sont l’occasion de procéder à des exercices pratiques. Ce travail de formation et d’information est assuré par le médecin de la base.
Au-delà de la formation générale des membres de la mission, le médecin est aussi chargé de former une équipe médicale d’au moins quatre personnes. Celle-ci a pour vocation de le seconder dans la mise en place des appareils médicaux et la réalisation de soins complexes. Elle peut également l’assister dans la conduite d’une intervention chirurgicale. La participation se fait sur la base du volontariat. L’équipe médicale de Crozet compte actuellement huit personnes, formées au rythme de deux séances par semaine à l’hôpital du district de Crozet. L’hôpital comprend une salle de consultation, un local radio, un cabinet dentaire, et un petit bloc chirurgical. Il est modestement doté mais tout fonctionne parfaitement. Avec le minimum, Fabien, le médecin de Crozet fait le maximum. Au cours des mois précédents, il a formé son équipe à la prise de tension artérielle, la prise du pouls, la ventilation au masque, l’habillage en casaque chirurgicale, la réalisation de radios…
Ces formations ont déjà montré toutes leur utilité. Au cours des deux derniers mois, l’équipe médicale est intervenue à deux reprises pour porter secours à des marins-pêcheurs blessés par hameçon à la main.
La première fois, le blessé est arrivé sur base pendant que le médecin était en manip à l’autre bout de l’île. Le temps d’organiser son retour - 6 heures de transit -, l’équipe médicale avait pris en charge les premiers soins, aidée a distante par le médecin à la radio. Une fois sur place, celui-ci a pris le relais et finalisé les soins. Arrivée avec une mauvaise blessure, le patient est reparti entièrement rétabli avec 14 points de suture à la main.
La seconde fois, le blessé est arrivé avec un hameçon de dix centimètre planté dans un doigt. La prise en charge par le médecin et l’équipe médicale a eu lieu aussitôt et le patient est ressorti moins de trois heures plus tard avec un beau pansement sur la main et son hameçon dans un sachet plastique …en guise de souvenir de son passage à Crozet !
L’équipe médicale a d’abord vocation à secourir les membres de la mission mais dans la pratique, elle est peu sollicitée pour cela. En revanche, les pêcheurs présents dans les zones économiques exclusives sont assez régulièrement victimes d’accident. La présence du médecin et d’une équipe médicale à Crozet leur est d’un grand secours car elle leur permet de bénéficier d’une assistance immédiate.
La lutte contre l’incendie constitue le second grand domaine de formation du personnel de la base. A plusieurs reprises, le feu s’est avéré particulièrement dévastateur pour les bases australes et antarctiques françaises. Avec les vents violents que nous connaissons, il peut se propager à très grande vitesse et rapidement coincer un ou plusieurs individus dans un bâtiment.
Pour parer à cette éventualité et maintenir une capacité permanente d’intervention, tout le personnel est formé à la lutte incendie et une équipe minimum, maintenue en permanence sur base. Une personne d’astreinte ne peut quitter la base sans trouver au préalable un remplaçant sécurité.
La base Alfred Faure dispose d’une caserne entièrement réhabilitée et parfaitement équipée. Chaque pompier dispose d’un équipement professionnel complet. Le branchement des manches à incendie se fait sur un collecteur approvisionné par une réserve spéciale de 15m3 d’eau. Ce collecteur, équipé de cinq bouches à incendie, fait le tour de la base et permet de secourir tous les bâtiments principaux. En secours, la base possède également un tracteur à poste avec une citerne mobile de 3 m3 pleine. Tous ces moyens sont parfaitement entretenus par le responsable prévention.
En cas d’incendie, la première consigne est d’alerter les secours, c'est-à-dire … l’ensemble du personnel de la base. Pour cela, il suffit de composer le 18. Ce numéro déclenche automatiquement la sirène et sonne le rassemblement général en caserne.
A partir de là commence l’organisation des secours. Chaque personne de la base connaît son rôle et les tâches qui lui incombent : le coordinateur recueille les informations sur le sinistre et oriente les actions de lutte ; le responsable de la caserne recense le personnel, contacte les zones non couverte par la sirène et signale toute absence anormale ; les pompiers s’habillent et se préparent à une reconnaissance du sinistre ; le soutien logistique met en place le matériel d’intervention (moto pompes, lance à incendie, citerne de secours…) ; le groupe d’attaque se prépare à la lutte incendie et l’équipe médicale se tient prête à répondre à tout besoin signalé par le coordinateur.
Maniement de la manche à incendie
Port de l'Appareil Respiratoire Isolant (ARI)
Ce résultat est le fruit d’un long travail de formation mené conjointement par Hervé, le responsable sécurité et Jean-Paul, l’électricien de la base. Tous deux sont issus de la Marine Nationale et parfaitement aguerris aux exercices de luttes incendie. Expérimentés, ils connaissent et maîtrisent les procédures et le matériel d’intervention.
La formation du personnel est continue et suit un programme précis. Les exercices prévus par ce programme sont diversifiés et de plus en plus aboutis. Le plus simple porte sur le déclenchement de l’alarme et les premières consignes à suivre pour éviter la propagation d’un incendie. D’autres exercices permettent d’apprendre à utiliser un extincteur, à progresser avec une lance incendie sous pression ou à évacuer un blessé…
Le plus complet simule un incendie assorti d’une recherche de victime. L’équipe de la centrale choisie un local et y déclenche un généfume, une personne désignée secrètement joue le rôle de la victime.
L’exercice consiste alors à identifier la personne manquante, localiser l’origine de l’incendie et déployer l’ensemble des moyens d’action pour rechercher la victime, lui porter secours et lutter contre l’incendie.
Ces exercices grandeur nature permettent aux équipes médicales et sécurité incendie de mettre en pratique leurs connaissances et d’utiliser l’ensemble des moyens matériels de secours disponibles sur base. Chaque fin d’exercice donne lieu à un débriefing ou le médecin et le chargé de prévention font le bilan de l’intervention.
La différence de résultat entre les exercices de début de mission, en septembre, et ceux du mois de janvier, est sans appel. Elle s’est d’ailleurs trouvée confirmée par les deux prises en charge de marins blessés.
Ces résultats confirment l’intérêt du programme de formation et nous rassurent également sur notre capacité de réaction. Ils n’enlèvent rien aux limites de notre capacité d’intervention mais ils nous permettent d’en prendre conscience et de les repousser un peu.
Au-delà des exercices, une équipe sécurité est également mobilisée à chaque Opération Portuaire (OP) lors des approvisionnements du Marion Dufresne. Composée de 4 à 6 personnes cette équipe est postée à la « Droping Zone » (DZ), là où l’hélicoptère descend les passagers et effectue toutes les opérations d’hélitreuillage. L’équipe DZ effectue les diverses manœuvres terrestres liées aux opérations de transbordement de l’hélicoptère. En cas d’accident ou de sinistre, elle utilise les moyens de lutte incendie et de secours pré-positionnés sur place.
Tout ce système de prévention, le respect de ces mesures de sécurités et l’apprentissage de ces moyens d’intervention sont le corollaire de la vie en milieu isolée. Ils font partie intégrante d’un séjour prolongé dans les Taaf. L’apprentissage et la quête d’autonomie suscitent par de nombreux aspect sbeaucoup d’enthousiasme et procurent une grande satisfaction. Ils présentent également des contraintes.
Certains manifestent parfois la volonté de s’en affranchir, d’autres au contraire s’y réfugient et ont tendance à les renforcer. Cinquante ans après les premières missions, les bases australes françaises se professionnalisent. Elles sont désormais bien organisées et de mieux en mieux équipées. Les mesures de préventions et de sécurités doivent suivre cette évolution. Pour autant ici aussi, il convient de veiller à ne pas pousser trop loin la tendance sécuritaire. Là comme ailleurs toute la difficulté réside à trouver le juste milieu.
En cas d’accident, dans l’hypothèse la plus favorable où un bateau se trouve sur zone, une évacuation sanitaire nécessite un délai minimum de six jours. Dans le cas le plus probable – absence de bateau sur place -, il faut alors compter le double soit une douzaine de jours.
En cas de sinistre ou d’incendie, il n’existe aucun autre moyen d’action que ceux prévus et organisés sur place. Les bases australes sont trop éloignées de tout centre de secours classiques pour faire partie de leur zone d’intervention, et ne peuvent bénéficier de l’appui de pompiers professionnels ou des moyens de luttes rapides, organisés depuis l’extérieur. Il en va de même en cas de catastrophe (séismes, tsunami, cyclone, pollution…).
Dans ces conditions, la prévention des risques et le respect de certaines mesures de sécurités deviennent indispensables.
PREVENTION
La prévention des risques se joue à plusieurs niveaux. Au plus haut échelon des TAAF, c’est le préfet administrateur supérieur, qui en est le premier responsable. Il est secondé dans ses attributions par un coordinateur sécurité au siège de la Réunion. Sur le terrain la prévention des risques est placée sous la responsabilité du Chef de district secondé par un chargé de prévention, responsable de la sécurité. Ce rôle est assuré par le chef centrale, également responsable de l’approvisionnement énergétique de la base.
Hervé : Chef centrale et Chef sécurité
L’application des principes de prévention donne lieu à une attention permanente et porte sur de nombreux points.
Sur la base, tous les bâtiments sont répertoriés et placés sous la surveillance d’un responsable de bâtiment. Celui-ci doit signaler tout disfonctionnement ou situation à risque dans le ou les bâtiments dont il a la charge. Au-delà de cette veille continue, tous les bâtiments sont l’objet de visites et de contrôles réguliers assurés en interne. Le contrôles des détecteurs incendie et des reports d’alarme est assuré par l’électricien, celui des extincteurs par le chef centrale… Les besoins de réparation éventuels sont placés sous la responsabilité du chef infrastructure.
Deux fois par an, une commission spéciale (Hygiène, Santé et Conditions de Travail), composée des principaux responsables de la prévention sur base, passe en revue chacun des bâtiments et vérifie l’existence et la pertinence des éléments de sécurité : plan d’évacuation, sortie de secours, détecteurs incendies, extincteurs, inventaires des produits dangereux et des fluides, équipements de protection individuels …Ce travail fait l’objet d’un compte rendu livré au siège. Il sert de base à tout projet d’amélioration des bâtiments.
Plan d'évacuation du bâtiment de vie Commune
Philippe : Chef garage
Jérôme : mécanicien et conducteur d'engins
Certains travaux donnent lieux à des mesures particulières. Le travail sur toutes les installations électriques est réservé à l’électricien qui bénéficie d’une habilitation haute tension. Les travaux exceptionnels qui présentent un risque et les gros travaux conduits par du personnel d’entreprises extérieures sont encadrés par des plans de réalisation. Les premiers donnent lieu à la rédaction d’un Plan Général de Coordination (PGC) et les seconds à l’établissement d’un Plan de Prévention (PP).
Le dernier plan de prévention remonte à 2006 pour les travaux de consolidation du wharf. Cette année, aucune entreprise extérieure n’est missionnée pour travailler sur le l’île, il n’y a donc aucun plan de ce type en cours. En revanche nous avons eu à conduire plusieurs travaux exceptionnels comportant des risques : travaux sur toiture pour la réparation d’un extracteur d’air, travaux en hauteur pour le traitement de fissures et le démontage de collecteurs d’échappement suspendus, travaux hyperbares pour la percussion de bouteilles de CO2 en cours de désinstallation. Nous avons ainsi rédigé pas moins de 6 PGC en 6 mois. Chacun de ces PGC donnant lieu à la description des risques et à la prescription des consignes à respecter. Tous ces plans sont soumis au siège, avant réalisation des travaux, pour validation.
Changement de l'extracteur d'air : vie commune
Changement de l'extracteur d'air
Enlèvement des moteurs de l'ancienne centrale
Un autre domaine de précaution et non des moindres est la prévention des risques sanitaires. Au même titre que les conditions de vie, de travail et l’hygiène, celle-ci est placé sous le contrôle du médecin qui s’assure que les règles d’hygiène alimentaire sont correctement appliquées par l’équipe cuisine et les « petites marie » : personnel chargé du service de la table et de l’entretien des locaux. Le médecin veille à la réalisation du plan de nettoyage et notamment à la propreté permanente des lieux de transformation (cuisine, boulangerie) et de stockage des denrées alimentaires (réserve, chambres froides, réfrigérateurs). Il vérifie les conditions de conservation des aliments (contrôle de température, contrôle de dates de péremption, suivi des produits transformés).
Approvisionnement chambre froide
Dépotage dans la réserve de vivres secs
Fabrice: Chef cuisine
Willy de "Petite marie"
L’eau consommée sur base est prélevée au niveau du barrage, dans une rivière située à l’ouest de la base. Elle est analysée de façon régulière par le laboratoire départemental des eaux et d’hygiène du milieu, situé à Saint Denis de la Réunion. Ces analyses sont toujours très satisfaisantes et nous évitent de consommer de l’eau en bouteille.
Pour les sorties hors base, les principales règles de prévention sont consignées dans une note de service interne, qui définit les différents périmètres de sécurité en vigueur (zones 1, 2 et 3) et les consignes à respecter pour chacun d’entre eux. Ces dernières portent sur le nombre minimum de personnes requises, les formalités d’organisation d’une sortie, les responsabilités du chef de manip, le matériel à prendre et les contacts radios à effectuer. La carte, le GPS et la trousse de secours sont de rigueur pour toutes les sorties en zone 2 et 3. Les contacts radio se font au départ et à l’arrivée de chacune des sorties et sur les points hauts de chaque transit. En cas d’absence de contact, ce document précise les conditions de préparation d’une intervention de secours.
Xavier au Contact Radio
sur le transit vers "Baie Américaine"
sur le transit vers "Baie Américaine"
Point GPS vers le "col des moines"
Contact radio au "col 500"
Deux sites de l’île sont classés « montagne »: les falaises de Pointe Basse (qui comportent 7 voies de descentes sur corde) et la plage inaccessible des Moines (avec une voie de descente). L’équipement de ces voies avec des points d’encrage a pour vocation de permettre aux ornithologues d’effectuer le suivi de population des espèces recensées sur place. Pour les falaises de Pointes Basse, il s’agit des albatros fuligineux et pour le site des Moines, les otaries d’Amsterdam. Chaque année à la même période, les VCAT du programme 109 (Oiseaux et mammifères marins) se rendent sur ces lieux et descendent pour effectuer les comptages dans les meilleures conditions de sécurité possibles. En règle générale, la prise en charge et le suivi du matériel nécessaire à l’exécution des programmes sont assurés par l’IPEV, mais dans le cas présent, l’équipement des sites et le matériel utilisé pour les descentes et remontées sur corde est placé sous la responsabilité des TAAF. Ils font l’objet d’un contrôle régulier.
Falaises de Pointe Basse
Falaises des moines et de "la plage inaccessible"
SECOURS
Toutes ces mesures sont suivies de près par le chargé de prévention et respectées par l’ensemble du personnel sur base. Pour autant, personne n’est à l’abri d’un accident et rien ne garantie non plus l’absence d’incendie.
Quoi qu’il arrive, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, l’équipe de la base ne peut compter que sur elle-même et doit être capable d’intervenir et de porter assistance aux éventuelles victimes. Cette capacité d’intervention ne s’improvise pas. Elle nécessite une formation et un entraînement continu.
Il existe deux grandes catégories de formation sur base, les formations médicales et les formations incendie.
Au niveau médical, l’ensemble du personnel bénéficie de la formation Prévention et secours civiques de niveau 1 (Ex AFPS) dés son arrivée sur Crozet. Cette formation se déroule sur cinq séances couvrant une dizaine d’heures au total. Elle passe en revue la protection de la victime, l’alerte, l’étouffement … et tout le programme des premiers secours. Le personnel bénéficie également de séances d’information régulières sur différents thèmes spécifiques à une mission australe : lutte contre l’hypothermie, syndrome mental de l’hivernage, préparation au retour…
Certains autres sujets comme le brancardage sont l’occasion de procéder à des exercices pratiques. Ce travail de formation et d’information est assuré par le médecin de la base.
Exercice brancardage : pose de la minerve
Exercice brancardage : le matelas coquille
Exercice brancadage : le maintien au chaud
Exercice brancardage : Le transport
Au-delà de la formation générale des membres de la mission, le médecin est aussi chargé de former une équipe médicale d’au moins quatre personnes. Celle-ci a pour vocation de le seconder dans la mise en place des appareils médicaux et la réalisation de soins complexes. Elle peut également l’assister dans la conduite d’une intervention chirurgicale. La participation se fait sur la base du volontariat. L’équipe médicale de Crozet compte actuellement huit personnes, formées au rythme de deux séances par semaine à l’hôpital du district de Crozet. L’hôpital comprend une salle de consultation, un local radio, un cabinet dentaire, et un petit bloc chirurgical. Il est modestement doté mais tout fonctionne parfaitement. Avec le minimum, Fabien, le médecin de Crozet fait le maximum. Au cours des mois précédents, il a formé son équipe à la prise de tension artérielle, la prise du pouls, la ventilation au masque, l’habillage en casaque chirurgicale, la réalisation de radios…
Assistance médicale
Prise en charge d'un marin blessé à la main
par Fabien : le médecin
Prise en charge d'un marin blessé à la main
par Fabien : le médecin
Assistance de Bruno et Hervé : équipe médicale
Jean Michel : équipe médicale
Ces formations ont déjà montré toutes leur utilité. Au cours des deux derniers mois, l’équipe médicale est intervenue à deux reprises pour porter secours à des marins-pêcheurs blessés par hameçon à la main.
La première fois, le blessé est arrivé sur base pendant que le médecin était en manip à l’autre bout de l’île. Le temps d’organiser son retour - 6 heures de transit -, l’équipe médicale avait pris en charge les premiers soins, aidée a distante par le médecin à la radio. Une fois sur place, celui-ci a pris le relais et finalisé les soins. Arrivée avec une mauvaise blessure, le patient est reparti entièrement rétabli avec 14 points de suture à la main.
La seconde fois, le blessé est arrivé avec un hameçon de dix centimètre planté dans un doigt. La prise en charge par le médecin et l’équipe médicale a eu lieu aussitôt et le patient est ressorti moins de trois heures plus tard avec un beau pansement sur la main et son hameçon dans un sachet plastique …en guise de souvenir de son passage à Crozet !
Assistance médicale d'un marin bléssé :
un hameçon de palangrier planté dans le doigt
un hameçon de palangrier planté dans le doigt
Assistance médicale
Fabien aux commandes et Hervé pour apprendre
Fabien aux commandes et Hervé pour apprendre
Le doigt libéré de son hameçon
L’équipe médicale a d’abord vocation à secourir les membres de la mission mais dans la pratique, elle est peu sollicitée pour cela. En revanche, les pêcheurs présents dans les zones économiques exclusives sont assez régulièrement victimes d’accident. La présence du médecin et d’une équipe médicale à Crozet leur est d’un grand secours car elle leur permet de bénéficier d’une assistance immédiate.
L'équipe médicale en action pour le pansement
.... et voila le résultat
Un beau pansement
et l'hameçon en cadeau
et l'hameçon en cadeau
Bravo à toute l'équipe médicale
La lutte contre l’incendie constitue le second grand domaine de formation du personnel de la base. A plusieurs reprises, le feu s’est avéré particulièrement dévastateur pour les bases australes et antarctiques françaises. Avec les vents violents que nous connaissons, il peut se propager à très grande vitesse et rapidement coincer un ou plusieurs individus dans un bâtiment.
Pour parer à cette éventualité et maintenir une capacité permanente d’intervention, tout le personnel est formé à la lutte incendie et une équipe minimum, maintenue en permanence sur base. Une personne d’astreinte ne peut quitter la base sans trouver au préalable un remplaçant sécurité.
La base Alfred Faure dispose d’une caserne entièrement réhabilitée et parfaitement équipée. Chaque pompier dispose d’un équipement professionnel complet. Le branchement des manches à incendie se fait sur un collecteur approvisionné par une réserve spéciale de 15m3 d’eau. Ce collecteur, équipé de cinq bouches à incendie, fait le tour de la base et permet de secourir tous les bâtiments principaux. En secours, la base possède également un tracteur à poste avec une citerne mobile de 3 m3 pleine. Tous ces moyens sont parfaitement entretenus par le responsable prévention.
Plan d'intervention incendie
Jean Paul : Electricien et formateur exercices incendie
Allumage de foyers de feu
... et utilisation des extincteurs
Mission réussie
En cas d’incendie, la première consigne est d’alerter les secours, c'est-à-dire … l’ensemble du personnel de la base. Pour cela, il suffit de composer le 18. Ce numéro déclenche automatiquement la sirène et sonne le rassemblement général en caserne.
A partir de là commence l’organisation des secours. Chaque personne de la base connaît son rôle et les tâches qui lui incombent : le coordinateur recueille les informations sur le sinistre et oriente les actions de lutte ; le responsable de la caserne recense le personnel, contacte les zones non couverte par la sirène et signale toute absence anormale ; les pompiers s’habillent et se préparent à une reconnaissance du sinistre ; le soutien logistique met en place le matériel d’intervention (moto pompes, lance à incendie, citerne de secours…) ; le groupe d’attaque se prépare à la lutte incendie et l’équipe médicale se tient prête à répondre à tout besoin signalé par le coordinateur.
Plan de coordination des secours
Maniement de la manche à incendie
Port de l'Appareil Respiratoire Isolant (ARI)
Ce résultat est le fruit d’un long travail de formation mené conjointement par Hervé, le responsable sécurité et Jean-Paul, l’électricien de la base. Tous deux sont issus de la Marine Nationale et parfaitement aguerris aux exercices de luttes incendie. Expérimentés, ils connaissent et maîtrisent les procédures et le matériel d’intervention.
La formation du personnel est continue et suit un programme précis. Les exercices prévus par ce programme sont diversifiés et de plus en plus aboutis. Le plus simple porte sur le déclenchement de l’alarme et les premières consignes à suivre pour éviter la propagation d’un incendie. D’autres exercices permettent d’apprendre à utiliser un extincteur, à progresser avec une lance incendie sous pression ou à évacuer un blessé…
Le plus complet simule un incendie assorti d’une recherche de victime. L’équipe de la centrale choisie un local et y déclenche un généfume, une personne désignée secrètement joue le rôle de la victime.
L’exercice consiste alors à identifier la personne manquante, localiser l’origine de l’incendie et déployer l’ensemble des moyens d’action pour rechercher la victime, lui porter secours et lutter contre l’incendie.
Ces exercices grandeur nature permettent aux équipes médicales et sécurité incendie de mettre en pratique leurs connaissances et d’utiliser l’ensemble des moyens matériels de secours disponibles sur base. Chaque fin d’exercice donne lieu à un débriefing ou le médecin et le chargé de prévention font le bilan de l’intervention.
Hervé à la coordination de l'exercice
Préparation de l'équipe de reconnaissance
Mission de reconnaissance dans un local enfumé
Sortie de la victime
Évacuation à l'abri du sinistre
La différence de résultat entre les exercices de début de mission, en septembre, et ceux du mois de janvier, est sans appel. Elle s’est d’ailleurs trouvée confirmée par les deux prises en charge de marins blessés.
Ces résultats confirment l’intérêt du programme de formation et nous rassurent également sur notre capacité de réaction. Ils n’enlèvent rien aux limites de notre capacité d’intervention mais ils nous permettent d’en prendre conscience et de les repousser un peu.
Au-delà des exercices, une équipe sécurité est également mobilisée à chaque Opération Portuaire (OP) lors des approvisionnements du Marion Dufresne. Composée de 4 à 6 personnes cette équipe est postée à la « Droping Zone » (DZ), là où l’hélicoptère descend les passagers et effectue toutes les opérations d’hélitreuillage. L’équipe DZ effectue les diverses manœuvres terrestres liées aux opérations de transbordement de l’hélicoptère. En cas d’accident ou de sinistre, elle utilise les moyens de lutte incendie et de secours pré-positionnés sur place.
Hervé et Jean Paul :
l'équipe de pompier lourd en poste à la DZ
l'équipe de pompier lourd en poste à la DZ
Jean Baptiste : Equipe DZ
Signal de pose pour le pilote
Mission accomplie
Repos
Tout ce système de prévention, le respect de ces mesures de sécurités et l’apprentissage de ces moyens d’intervention sont le corollaire de la vie en milieu isolée. Ils font partie intégrante d’un séjour prolongé dans les Taaf. L’apprentissage et la quête d’autonomie suscitent par de nombreux aspect sbeaucoup d’enthousiasme et procurent une grande satisfaction. Ils présentent également des contraintes.
Certains manifestent parfois la volonté de s’en affranchir, d’autres au contraire s’y réfugient et ont tendance à les renforcer. Cinquante ans après les premières missions, les bases australes françaises se professionnalisent. Elles sont désormais bien organisées et de mieux en mieux équipées. Les mesures de préventions et de sécurités doivent suivre cette évolution. Pour autant ici aussi, il convient de veiller à ne pas pousser trop loin la tendance sécuritaire. Là comme ailleurs toute la difficulté réside à trouver le juste milieu.