samedi 3 avril 2010

Risques de catastrophes

Approvisionnement gasoil à Crozet

La prévention des risques liés aux catastrophes fait également partie des consignes en vigueur sur le district. Les mesures prévues à ce niveau portent essentiellement sur trois points : alerte cyclonique, alerte tsunami et pollution.


Le risque de pollution peut provenir des installations du district mais également de l’extérieur. Le principal danger interne concerne l’approvisionnement et le stockage du gasoil. En effet, le district possède deux principaux lieux de stockage, l’un sur la plage (avec 6 cuves de 55 m3) et le second sur base (avec 3 cuves de 50m3 et 1 cuve de 5 m3). Afin de prévenir tout risque de fuite toutes ces installations sont sécurisées par des bacs de rétention. Les phases de ravitaillement et de transfert du gasoil depuis le Marion Dufresne vers ces sites sont des opérations très bien maîtrisées mais toujours sensibles, selon la météo en cours.


Installation de la manche a gasoil

du Marion Dufresne vers la plage


Port pétrolier de la Baie du Marin


Le risque d’une pollution aux hydrocarbures par un autre navire est plus rare. Les navires qui croisent dans la zone ne sont pas nombreux et ceux présents sont généralement respectueux des consignes en vigueur dans ce domaine. Pour autant, compte tenu de l’ensemble de ces menaces, le district possède un plan POLMAR, qui détaille les actions à conduire en cas de sinistre et recense les moyens d’actions disponibles sur base.


L’alerte tsunami est un risque potentiel. L’archipel est situé à 3000 km de tout autre continent mais il n’est pas a l’abri des répercutions d’un séisme sous marin plus au nord est de l’océan indien, où se situe la principale zone de risque. Le tsunami qui a touché le sud est asiatique le 25 décembre 2004 a couvert plus de 2200 km en trois heures. Ses répercussions ont été ressenties jusque sur les côtes d’Afrique de l’est, à plus de 6000 km de l’épicentre. A Crozet, la montée des eaux a été de plus d’un mètre. Dans la baie du marin où les fonds remontent brutalement, cette vague a eu des conséquences désastreuses sur la colonie de la grande manchotière, provoquant des pertes considérables parmi les œufs en cours de couvaison et les jeunes poussins.


Réaction des manchots à la montée des eaux

Tsunami décembre 2004


Montées des eaux en Baie du Marin

Tsunami décembre 2004


Pertes importantes d'œufs et de poussins

Tsunami décembre 2004


Prédation des shkuas sur les œufs abandonnés

Tsunami décembre 2004


Prédation des pétrels sur les poussins

Tsunami décembre 2004


Depuis cet évènement, un système de surveillance est en cours dans l’océan indien. Les TAAF sont intégrés à ce réseau d’alerte via le marégraphe et le sismographe de Crozet et ont mis en place un plan tsunami pour les districts austraux. Le 14 octobre dernier un exercice grandeur nature baptisé Iowave 09 (Indian Ocean wave exercice 2009) a été déclenché pour l’ensemble des pays riverains de l’Océan indien. Le district de Crozet y a été associé. A 01h28 GMT, le Centre National d’Alerte aux Tsunamis dans l’Océan Indien (CNATOI) basé au centre Météo France de la Réunion, informe les TAAF de l’existence d’un séisme de magnitude 9,2 au nord de Sumatra. Jean Luc Moskalik, l’adjoint au chef de district, de permanence sur base à ce moment, assure le déroulement de l’exercice et relais toutes les informations relatives au suivi du plan. 10H30 alerte niveau 3, 11H30 passage au niveau 4 : diffusion générale par la sirène, rassemblement du personnel sur base, mobilisation de l’équipe d’intervention, isolation des installations à la plage … 14H30 arrivée de la fausse vague, 15H15 fin de l’exercice !


Remise en service du Marégraphe par l'équipe logistique IPEV

Campagne d'été 2009 - 2010


Les données enregistrées par le sismographe tridimensionnel de Crozet sont en revanche bien réelles. Le séisme de magnitude 8,8 enregistrée le 27/02/2010 au Chili a été enregistré dans ses moindres détails à Crozet. Situé à l’ouest du continent américain et a plus de 9000 km de Crozet ce séisme s’est révélé sans conséquence pour les iles de l’océan austral et aucune alerte au tsunami n’a été déclenchée. Pour autant les données enregistrées ici ont bien confirmée l’ampleur et la localisation du phénomène. La localisation des séismes se fait par triangulation or l’océan australe compte peu de terres émergées, les données enregistrées sur Crozet sont donc précieuses pour affiner les mailles du réseau dans l’hémisphère sud. Celles ci sont collectées par l’Institut de Physique du Globe de Strasbourg et envoyées à la demande au Réseau National de Surveillance Sismiques (ReNaSS) puis si besoin à l’observatoire GEOSCOPE. La station sismologique de Crozet ; ouverte en 1986 compte parmi les 30 stations mondiales du réseau international de surveillance sismique GEOSCOPE.


Camille VIOT

VCAT en charge du programme sismologie


Relevés sismiques de Crozet

Seisme du 27/02/10 au chili


Sismographe tri-dimensionnel large bande

Est - Ouest et Z


Sismographe de courte période


L’alerte cyclonique semble la moins probable. Selon les informations du Centre Météo France des Cyclones tropicaux de la Réunion, les districts Austraux sont trop au sud pour se trouver au plus fort de la trajectoire d’un cyclone. La plupart des cyclones enregistrés dans l’océan indien (neuf en moyenne chaque saison) atteignent leur maximum d’intensité entre 15 et 20° Sud et s’estompent autour de 25° sud. Le principal risque pour les districts est d’être touché par la queue d’un cyclone. Ce fut le cas à Crozet le 13/02/07 avec l’enregistrement d’une dépression de 985 hPa en signe de passage de la fin du cyclone Dora.


Tracé du cyclone Dora

Février 2007


Pour ce risque, les districts disposent tous de Consignes d’Alerte Cyclonique classées selon trois niveaux d’alerte : vigilance cyclonique, alerte orange, et alerte rouge. C’est le siège des TAAF à la Réunion qui, après information auprès de Météo France, donne le stade d’alerte approprié. Le 19 février dernier - au cœur de la saison cyclonique - nous avons ainsi reçu une pré-alerte annonçant l’existence d’un cyclone tropical intense baptisé GELANE et situé à environ de 800 km au nord est de la Réunion. Ce cyclone se trouvait à la même longitude que Crozet (61° sud) et descendait plein sud mais il s’est finalement transformé en perturbation tropicale à l’est de l’île Maurice.


Au final ces risques de catastrophe restent faibles. Il convient de les avoir en tête, mais aucun d’entre eux n’est assez peignant pour retirer à Crozet son caractère profond de terre sauvage, isolé des affres du monde et sanctuaire de biodiversité.


Parade de Grand Albatros



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