samedi 15 décembre 2012

Sur le chemin du Bollard

Retour au calme à Crozet... C'est l'occasion de vous présenter un itinéraire peu emprunté car situé dans une zone protégée, le chemin du Bollard. Il serpente sur environ un kilomètre au départ de la base Alfred Faure, vers les falaises situées à l'Est. Sur sa partie supérieure, il traverse des étendues de fougère rase (Blechnum penna marina) et est largement recouvert de caillebotis destinés à protéger la végétation.

En arrière-plan, la Manchotière de la Baie du Marin, fort occupée en cette période où les manchots royaux couvent leur œuf unique.
Dès ce premier tronçon, le visiteur pénètre dans le domaine des grands albatros. Plusieurs dizaines d'individus y ont établi leur nid, le secteur étant relativement abrité des vents dominants venus du sud-ouest. Chaque nid est répertorié et chaque individu bagué et suivi au long de sa vie.

Adulte sur son nid.
Grand albatros juvénile, reconnaissable à son plumage sombre.

Les nids les plus proches sont à moins de dix mètres du chemin, il faut éviter de s'en approcher...
 Le chemin se rapproche alors du bord de la falaise. Sur le côté gauche, on peut observer une vaste zone rocheuse plate au pied de la falaise, où de nombreux manchots viennent se reposer avant de repartir pêcher.

Les strates de lave et de scories sont bien visibles sur la tranche de la falaise.

Une petite crique où les dépôts ferrugineux contrastent avec le turquoise de l'eau et le vert tendre de la végétation littorale...

Algues laminaires Durvillae antarctica,  pouvant atteindre plusieurs dizaines de mètres de long.
Une graminée endémique (Poa cooki) perdue au milieu d'une vaste plaque de Crassula moschata, plante rampante à feuille charnue se développant de préférence en zone littorale
Autre zone rocheuse abritée des vagues, mais de surface plus irrégulière: seuls quelques animaux isolés y trouvent refuge. L'endroit est également un bon emplacement pour observer les évolutions des orques.

Trois espèces se côtoient ici: un jeune éléphant de mer, un manchot papou et un goéland dominicain....

Un sterne de Kerguelen se pose... c'est un des plus petits oiseaux présent à Crozet.
Le chemin se fait plus ténu, remonte et s'éloigne un peu de la falaise... on y trouve des spécimens de trois plantes typiques des îles australes: le choux des Kerguelen, l'acaena (une rosacée) et l'azorelle qui s'étale en coussins.
Le chou des Kerguelen, parfois attaqué par les rats introduits au XIXème siècle et qui subsistent aujourd'hui encore à Crozet.
Acaena magellanica, qui régresse à Kerguelen sous l'effet de la sécheresse et des espèces végétales invasives (pissenlit notamment) mais se maintient bien à Crozet
Azorella selago, la seule plante à Crozet que l'on trouve depuis le littoral jusqu'à plus de 600 mètres d'altitude. La texture très dense des coussins d'azorelle lui permet de supporter les vents les plus violents. La plante est par contre sensible aux chocs et ne supporte pas le piétinement. Elle pousse très lentement mais peut coloniser presque tous les terrains. 
Les alignements permettant aux navires de se positionner pour un mouillage en sécurité dans la Baie du Marin, de jour comme de nuit.
Le secteur des alignements est avant tout une zone survolée en permanence par les albatros fuligineux qui nichent dans la falaise en contrebas, à l'abri des prédateurs.  

Un peu en surplomb, un couple de skuas. Ces prédateurs sont grands amateurs d’œufs laissés sans surveillance quelques instants! Très peu farouches à Crozet, ils se laissent approcher à moins d'un mètre, quand ce ne sont pas eux qui prennent l'initiative de venir plus près encore !
La base n'est qu'à quelques centaines de mètres. On notera la présence de plaques de neige sur les reliefs, à moins d'une semaine de l'été austral.

Cette courte promenade (moins d'une heure pour la marche et les prises de vues) montre que le secteur du Bollard concentre à lui seul beaucoup d'espèces animales et végétales endémiques de Crozet. Selon les jours, on peut aussi y observer orques ou otaries. Sa situation, proche du rivage et abrité des vents dominants, en fait un endroit privilégié mais fragile qu'il convient de protéger en limitant sa fréquentation par les hommes.

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