vendredi 25 janvier 2013

A "La Pérouse" avec la Réserve Naturelle

Des trois refuges de l'île de la Possession, celui de La Pérouse est de loin le moins fréquenté. Il est situé à environ quatre heures de marche au sud de la base Alfred Faure. Deux agents de la Réserve Naturelle Nationale s'y s'ont rendu mi-janvier pour y rechercher une vingtaine de sites caractéristiques, pour une étude à long terme de la végétation. 
La première partie du déplacement est un peu fastidieuse, elle traverse le Plateau des Pétrels, une vaste zone caillouteuse parfois chaotique où ni la faune ni la flore ne brillent par leur abondance. De plus ce plateau est fréquemment dans le nuage, limitant la visibilité à une centaine de mètres. L'arrivée à la Crête du Styx (altitude: environ 700 mètres) marque  un changement de paysage: les vues sont plus lointaines et on distingue le prochain point caractéristique, le "Lac Perdu".


Après une descente assez raide, on remonte le cours d'un ruisseau pour arriver à sa source: le Lac Perdu (altitude 477 mètres), seule étendue d'eau douce sur l'île de la Possession, en dehors de quelques mares côtières. Selon les biologistes, il n'y a quasiment aucune faune aquatique dans ce lac, en dehors d'hypothétiques vers plats, les planaires. Par contre les skuas viennent se retrouver sur ses berges.


Une fois passé le lac, on s'engage dans une longue descente vers l'océan, dans une vallée étroite. Rapidement on y retrouve le soleil qui donne des couleurs moins ternes que sur les sommets très couverts.


En descendant, les cris d'un couple de skuas, oiseaux habituellement peu farouches envers l'homme, attirent l'attention: ils essayent d'éloigner les intrus de leurs deux poussins...




En arrivant près du rivage, sur la gauche se dresse une curieuse formation volcanique, surnommée le "Téton de l'Amazone".


De l'autre côté, une falaise d'orgues basaltiques érodés descend jusque sur la plage de galets.


Une descente sur la plage permet de rencontrer (et contourner) ses gardiens: des otaries aux grandes canines redoutées des scientifiques.... infection garantie en cas de morsure! Ces animaux n'hésitent pas à charger et se déplacent assez vite sur leur ailerons, contrairement aux éléphants de mer plus patauds. 


En poursuivant un peu plus loin, on passe sous l'arche (moins spectaculaire que celui de Kerguelen, mais encore intact)


Derrière l'arche, niche une petite colonie de gorfous macaroni, eux aussi avec des poussins à protéger.



Il est temps de rentrer vers le refuge, de construction récente (2010) puisque qu'une tempête a dispersé "façon puzzle" la cabane précédente... ce refuge, prévu pour trois ou quatre personnes, est à environ un kilomètre plus haut dans la vallée. Il dispose de l'eau courante à vingt mètres devant la porte. Il est agréable de faire la vaisselle ou sa toilette dans de l'eau à 3°C !


Il est solidement arrimé à un radier, dans l'espoir de le retrouver intact à la prochaine sortie... Dans les touques bleues, on trouve les stocks de vivres et les bouteilles de gaz. La cabane semble rudimentaire, mais c'est un plaisir que de s'y abriter pour la soirée! 


Le lendemain, le travail commence: il s'agit pour les deux agents de la réserve Naturelle de trouver une vingtaine de zones présentant certaines caractéristiques de couverture végétale (les "habitats"), et de décrire avec précision ce qu'on trouve dans un carré de 20 mètres de côté. Dans quelques années, ce carré (repéré par GPS) sera de nouveau étudié et les évolutions éventuelles analysées. Ci-dessous, on mesure un carré à l'aide d'un décamètre à proximité du "Lac Coeur", petite mare de forme caractéristique. L'habitat considéré est ici un tapis continu d'azorelles avec quelques touffes d'agrostis, sur un sol tourbeux saturé d'eau. Notez que les conditions météo ont changé depuis la veille !


Les agents de la RN recensent alors toutes les espèces présentes, leur abondance, leur taille ainsi que les caractéristiques du terrain. Ils marchent avec des raquettes pour éviter de détériorer la couverture végétale et de s'enfoncer dans le sol jusqu'aux genoux...


Mathieu, qui passera un an à Crozet...


Et Sébastien, en campagne d'été pour quatre mois, prend des notes sur un habitat de "blechnum", une fougère rase qui pousse sur les pentes et sur laquelle il est agréable de s'asseoir après des heures à arpenter le terrain sous la pluie.


Mathieu et Sébastien, accompagnés du "Discro", ont regagné la Base au terme de quatre jours sur le terrain.
Prochains messages du blog sur le passage du palangrier "Cap Horn", sur les travaux à la base et sur les petites criques cachées...

Aucun commentaire: