samedi 1 août 2009

Zoom sur la centrale éléctrique et la sécurité incendie de Crozet

René Guillaume & Olivier Clabaux marins d’état : 12 mois en mission sur l’ile de la Possession.

Tout d’abord, René tu es le chef de la centrale électrique de Crozet et aussi responsable de la sécurité, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Natif du Bono dans le Morbihan, je suis entré dans la marine aux apprentis mécaniciens de la flotte en septembre 1974 avant mes 16 ans. J’ai effectué plusieurs campagnes entre la Nouvelle Calédonie et la Polynésie Française avant de me porter candidat pour le poste de chef énergie sécurité sur le district de Crozet. La plus grande partie de ma carrière s’est accomplie à Brest à la Direction du Port, ma formation de mécanicien m’a permis de naviguer sur les remorqueurs et transports de rade mais aussi sur l’Ondée le dernier navire propulsé par une chaudière à charbon avec machine alternative de la marine nationale. Depuis 5 ans j’étais adjoint au chargé de prévention de la base navale de Brest

Quelle est ta fonction sur la base Alfred Faure ?

J’ai trois fonctions différentes :
La première et celle qui me prend le plus de temps, je suis responsable de la production d’électricité et de la gestion de la centrale en tant que chef centrale énergie, La deuxième comme chef sécurité, je m’occupe de la formation et de l’entrainement incendie de tout le personnel de la base et de l’entretien du matériel sécurité incendie. Et enfin chargé de prévention pour l’application des consignes d’hygiènes et de sécurité au travail et contrôleur du matériel de la base (appareils de levage, machines outils échafaudages…)

Combien êtes-vous au service énergie/sécurité

Nous sommes deux Olivier Clabaux, l’électricien et m
oi le mécanicien. Nous avons chacun notre partie à gérer mais nous devons être polyvalents et complémentaires car il nous est arrivé d’être seul pour gérer le poste en cas d’alarme incendie et surtout de panne du groupe électrogène, quand l’autre est en sortie de plusieurs jours en manip sur le terrain. Avec Olivier pas de souci, il m’aide à chaque visite des moteurs, il est patient et toujours disponible pour un coup de main.

Bonjour Olivier, tu es marin également, parle nous de ton travail avant d'arriver à Crozet

Originaire de Calais dans le Pas-de-Calais, je vis maintenant dans le Var avec ma petite famille. Electrotechnicien de formation, à 19 ans je me suis engagé dans la marine et sur mes 21 ans de carrière j’ai navigué un peu partout dans le monde sur des navires différents allant du porte avions au bâtiment de soutien de région. J’ai franchi plusieurs fois le cercle arctique ainsi que l’équateur et j’ai fait des escales dans beaucoup de pays, il me reste encore des tas d’endroits à découvrir, le monde est grand.

L’expérience acquise au long de ma carrière a permis de me porter volontaire pour une
mission d’un an sur ce bout de France au bout du monde où nous somme 23 hommes et femmes à hiverner.

Et côté technique ? - Présentation de la centrale "SDMO "


Depuis le mois de janvier 2008 la base est alimentée par une centrale SDMO avec 3 groupes électrogène HDI John Deere de 144 KW chacun.
L’entretien de la centrale comprend les visites moteurs mais aussi tout ce qui va avec tel que la gestion du matériel de rechange, des consommables, du gazole, de l’huile. Les visites moteurs ont lieu tou
tes les 500h ce qui fait 18 filtres à huile, 54 filtres à gazole, 700 litres d’huile….par an.


Notre défi journalier est d’alimenter la base en électricité 24h/24h, pour l’instant (touchons du bois) nous avons eu un seul black-out en février suite à une panne de pompe alimentaire gazole, car l’automate de la centrale devant relancer un groupe en secours sur incident ne fonctionne pas suite à un bug du logiciel de contrôle (problème connu du constr
ucteur et en cours de modification), heureusement cette coupure n’a duré que 30 minutes.

En cas d’incident plus grave sur la centrale énergie, le BCR (Bâtiment des Communications Radio) et l’hôpital ont chacun un groupe électrogène de secours fixe, nous avons également un groupe mobile de 60Kw qui permet d’alimenter individuellement les cinq tableaux basse tension de la base.

Groupe de secours


En dernier recours suivant la gravité de la panne (exemple feu dans le local transformateur HT…) tout le personnel sera logé dans le bâtiment
viecom ce qui nous permet de conserver l’essentiel : les cuisines, les frigos et de n’avoir qu’un seul bâtiment à chauffer et à éclairer.

Présentation de l'ancienne centrale de Crozet.



Actuellement avec Olivier nous avons commencé une partie du démantèlement de la vieille centrale. De marque Aman, elle avait également 3 groupes électrogènes mais des Poyaud de 170 KW. Datant de 1995, elle était devenue obsolète et coûteuse, nous gardons encore 2 groupes disponibles en attendant que les modules électronique de régulation et de commande de la nouvelle centrale soient opérationnels.



Sécurité et incendie - ici tous sapeurs-pompiers volontaires !



Ne pouvant compter que sur nous même en cas d’incendie une équipe sécurité est constituée avec tout le personnel de la base en deux groupes. Dans un groupe chaque personne à un rôle bien déterminé, nous trouvons un coordinateur, un responsable caserne, une équipe d’intervention, une équipe médicale et une équipe soutien.
Avec un groupe titulaire et un groupe de remplaçant en cas de sorties des personnels hors de la base.


Ce sont les marins qui s’occupent de la centrale et surtout de la sécurité car avec notre métier sur les bâtiments de guerre, ils sont les seuls militaires sur base à avoir une formation et un entrainement incendie complet (important à bord des navires)
.

Nous avons une caserne avec le matériel incendie et les tenues d’intervention comprenant les vêtements, casques, appareils respiratoires. Aussi pour avoir une équipe sécurité au point nous effectuons tout les mois différents types d’exercices sécurité.

L'électricité de la base.



L’électricien en charge de la production, la distribution, la maintenance des installations électro domestique il s’occupe aussi de la maintenance des centrales de détection incendie, l’entretien des batteries et des groupes de secours.
La base est une ville en miniature, elle produit sa propre électricité , un groupe seul fourni en permanence cette énergie sous 400V 50Hz que nous élevons dans un poste HT à 1500V pour ensuite l’acheminer vers les différents postes abaisseur TGBT des bâtiments de la base en 380V.


Conclusion de René:


Lorsqu’au bout de trois jours sur base, j’ai vu partir le Marion Dufresne, j’ai eu un grand moment de solitude et de doutes car les débuts à la centrale n’ont pas été faciles, la relève est extrêmement rapide , de plus j’ai du reculasser le groupe électrogène n° 1 qui était en panne avec 1700h de fonctionnement et le groupe électrogène n° 3 m’a fait la même panne deux mois après et il est resté indisponible pendant quatre mois le temps que nous recevions les pièces de rechange. Se retrouver chef énergie sécurité sur une base loin de tout soutien rapide est un défi car avec Olivier nous sommes tenus à un résultat permanent. Notre crainte c’est la panne grave qui pénalise toute la mission.

Conclusion d'Olivier:

Trois jours pour une relève complète du personnel technique de la base comme à chaque reléve, c’est court, on peut voir cela comme un défi même si l’on possède une bonne expérience professionnelle. Les premiers jours on se sent vraiment seul et puis on se plonge dans les documents techniques et les historiques pour apprendre au plus vite à connaitre le fonctionnement des matériels ensuite, on prend confiance et la mission commence à être intéressante. Il faut être autonome, réactif, ingénieux, bricoleur, débrouillard… personnellement c’est une expérience unique et très enrichissante, avec René, nous formons une bonne équipe car nous sommes complémentaires et on s’entend bien. Je garderais un excellent souvenir de cette mission.

Merci à vous deux et bon retour en métropole...


L’utilité de ce type de témoignage et de pouvoir informer nos lecteurs bien sur, mais également de renseigner les futurs marins hivernants qui souhaitent postuler dans les TAAF et vivrent une expérience unique.

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