Le Gorfou sauteur (Eudyptes filholi)
Critères d’identification –
Lui aussi membre des manchots à aigrettes, le Gorfou sauteur possède, comme son cousin le macaroni, des sortes de longs sourcils qui se poursuivent chez lui en touffes d’aigrettes. Bien moins clinquant que son cousin, les aigrettes du Gorfou sauteur sont beaucoup plus fines et moins fournies, légèrement plus longues, de couleur bien moins vives, d’un jaune blanchâtre passé, et ne se rejoignent pas en un mono-sourcil.
La taille est aussi un critère distinctif, car avec ses 50 à 60 cm de hauteur, le Gorfou sauteur est le plus petit des manchots présents à Crozet. Pour des critères plus approfondis, le bec du sauteur est aussi plus fin que celui du macaroni, même si ce critère à observer au loin est assez subtil il est vrai.
Cycle de vie –
Le cycle de vie du Gorfou sauteur est relativement similaire à celui du Gorfou macaroni. Le sauteur retourne à terre en colonie pour se reproduire tous les ans, vers le mois de novembre pour les gorfous de Crozet. Après la ponte aux alentours du mois de décembre, les parents se relaient pour la couvaison environ tous les 10 jours pendant un peu plus d’un mois, ce qui amène l’éclosion au courant du mois de janvier.
Comme chez le macaroni, la femelle dépose deux œufs dont le premier, plus petit, est quasi-systématiquement condamné à échouer. Seul le poussin issu du gros œuf survit en général, même si le premier œuf éclot.
Une fois le poussin sorti de l’œuf, il restera couvé par les parents, toujours à tour de rôle, pendant un peu moins d’un mois. Après ce laps de temps, les poussins de la colonie, devenus thermiquement indépendants des parents, se regroupent en plusieurs petites crèches au cours du mois de février. C’est entre mars et avril, âgés d’environ 70 jours, que les jeunes gorfous sauteurs quittent la crèche pour partir en mer après avoir abandonné le confortable duvet de poussin au profit du plumage d’adulte, indispensable pour affronter les eaux glacées de l’océan Austral.
Colonie –
Souvent en cohabitation avec des Gorfous macaronis, il niche sur des rives rocheuses voire des falaises, des endroits souvent impossible d’accès pour toute autre espèce non volante, même pour le Gorfou macaroni qui n’ose pas escalader des pentes aussi escarpées, ce trouillard. Au sein de colonies pouvant accueillir seulement moins d’une centaine de couples jusqu’à plusieurs milliers, les nids sont une simple dépression grattée dans le sol, tapissée d’herbes sèches, de pierres et d’os. Comme son cousin avec lequel il partage, vous l’avez lu, beaucoup de points communs, les nids sont espacés d’une distance raisonnable, optimisant sûrement l’espace en évitant des conflits permanents entre couples proches. Bien que parfois à l’intérieur des terres, les colonies sont la plupart du temps à proximité de la côte, au plus près de la mer d’où le Gorfou sauteur émerge une fois de retour de ses voyages en mer pour se nourrir.
Comportement –
À l’inverse des autres espèces de manchots comme le royal ou l’empereur qui glissent sur le ventre pour se déplacer, le fameux tobogganing, lui pratique le parkour à l’extrême en sautant de rochers en rochers pour accéder aux parois les plus raides et les plus hautes. Trait au final propre à tous les manchots, le Gorfou sauteur est aussi évidemment un excellent nageur/plongeur, bien que lui n’ait pas besoin de battre des records pour être apprécié de tous. Particulièrement variable selon les individus, la profondeur moyenne de plongée maximale est estimée à environ 70 mètres, pour une durée maximale inférieure à 10 minutes (mais la profondeur moyenne d’une plongée est estimée à environ 30 mètres pour une durée moyenne d’un peu plus d’une minute).
Alimentation –
Actif majoritairement la journée, il se nourrit principalement de poissons, krill, calmars et crustacés. Bien que pouvant parcourir plusieurs centaines de kilomètres à d’autres endroits, le Gorfou sauteur semble aller se nourrir, pour ce qui concerne les districts des TAAFs, dans un rayon de 10 km autour de ses colonies, capturant ses proies près des côtes, lors de courts voyages d’une durée de quelques heures à quelques jours .
Gauche : Gorfou Sauteur ; Droite : Gorfou Macaroni (aquarelle Alexandre Vong, ornitho 109) |
Rédacteur Alexandre Vong, ornithologue programme 109, guide de l'île de la Possession, aquarelliste, musicien, hivernant spiderman / Ipev
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